En Corée du Sud, où la minceur est presque un symbole national, une mannequin fait souffler un vent de liberté sur les standards de beauté. Kim Eun-ji, connue sous le pseudonyme Ssunbiki, casse les codes en s’imposant comme l’un des visages les plus influents du mouvement body positive. Précisons que lorsqu’on parle de « grande taille » là-bas, il faut remettre les choses en perspective : en France, où près de la moitié des femmes portent une taille 44 et plus, son gabarit serait perçu comme « standard », mais en Corée, sa démarche est une petite révolution.
Une pionnière du body positivity en Corée
Tout commence en 2021, lorsque Kim Eun-ji remporte le « Natural Size Model Contest », un concours de mannequins célébrant la diversité des corps. Cet événement marque un tournant dans sa carrière : elle devient la première mannequin taille 66 (équivalent du 38-40 européen) à apparaître en couverture du magazine Maxim Korea. Un exploit dans un pays où les stars de la mode oscillent souvent entre les tailles 32 et 34, et où la minceur est non seulement idéalisée, mais aussi socialement valorisée.
Loin des clichés, Ssunbiki revendique le droit d’exister dans son corps tel qu’il est. Elle se montre dans des tenues élégantes ou plus audacieuses, avec cette assurance tranquille. Là où d’autres auraient tenté de se fondre dans le moule, elle a choisi de le briser. Une démarche qui résonne dans un pays où les régimes, les chirurgies esthétiques et les filtres numériques sont devenus la norme du quotidien.
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Une plateforme pour la diversité
Ssunbiki, c’est aussi une voix engagée sur les réseaux sociaux. Sur son compte Instagram, @ssunbiki, suivi par des centaines de milliers d’abonnés, elle partage des photos où se mêlent glamour et confiance. Pas de filtre de « perfection » : juste une femme bien dans sa peau, fière de ses formes et décidée à montrer qu’elles méritent d’être célébrées.
Son influence dépasse le cadre de la mode : elle s’adresse à une génération de jeunes Coréennes qui grandissent dans une société obsédée par la silhouette. Par ses publications, Ssunbiki ouvre un espace de dialogue où toutes les morphologies trouvent leur place. Elle montre qu’il est possible d’être élégante et rayonnante, sans correspondre aux standards souvent inaccessibles dictés par l’industrie. Elle invite ses abonnés à cesser de se comparer et à redéfinir ce que signifie « être belle » en Corée.
Un impact socioculturel
En Corée du Sud, où les normes sociales pèsent lourdement sur les individus, elle représente un souffle de liberté. Son combat contribue à faire bouger les lignes d’une société où la réussite passe souvent par l’apparence. En refusant de se plier aux diktats, Ssunbiki invite à repenser les critères de beauté, mais aussi ceux du succès, de la féminité et même du bien-être. Son parcours inspire autant les femmes que les hommes à s’affranchir du regard des autres.
De plus en plus de marques coréennes commencent d’ailleurs à suivre le mouvement, en incluant des mannequins aux morphologies variées dans leurs campagnes. On assiste là à une évolution culturelle majeure : la beauté ne se mesure plus en centimètres de tour de taille.
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Une beauté qui redéfinit les codes
Ce que Ssunbiki incarne, c’est une réconciliation entre soi et son image. Elle prouve qu’on peut briller sans se conformer, qu’un corps peut être fort, glamour, joyeux, sans entrer dans une case. En Corée, cette approche est encore perçue comme « radicale », mais elle fait des émules. Les hashtags autour du body positivity se multiplient, et des voix comme celle de Ssunbiki montrent que le changement est possible. Dans un pays où la pression sociale atteint parfois des sommets, cette résistance est une forme de courage.
En définitive, Kim Eun-ji n’est pas seulement une mannequin : elle est une pionnière culturelle. Son parcours prouve qu’il est possible d’exister autrement, d’être admirée pour sa personnalité autant que pour son apparence. Elle ouvre la voie à une nouvelle génération de modèles – au sens propre comme au figuré – qui veulent montrer la beauté dans toute sa diversité. Et si son message trouve autant d’écho au-delà des frontières coréennes, c’est parce qu’il touche à l’universel : le droit de se sentir bien dans son corps, sans condition.