Les femmes ont toutes un sein plus gros que l’autre et ça ne se remarque pas toujours au travers des vêtements ou de la lingerie. Mais Rebecca, elle, a un syndrome rare qui accentue cette différence de taille et qui se lit dans son décolleté. Elle a une poitrine dépareillée et elle refuse de recourir à la chirurgie pour “équilibrer” le tout. Elle trouve de l’harmonie dans cette particularité esthétique.
Le résultat d’une malformation thoracique
Elle a un sein qui peine à exister sous les coutures de sa lingerie et un autre qui remplit toute la coque de son soutien-gorge. Ses seins à géométrie variable sont tellement différents qu’ils semblent appartenir à deux corps bien distincts. Entre les deux il y a bien un écart de trois ou quatre bonnets. Pourtant, cette poitrine qui a grossi en décalé et qui nécessite des écrins sur-mesure a un visage unique : celui de Rebecca alias @beccabutcherx. À première vue, on pourrait croire que la jeune Rebecca a subi une mastectomie précoce mais en réalité elle est atteinte du syndrome de Pologne. Cette maladie rare, héritée dès la naissance, s’est faite plutôt discrète jusqu’à la puberté.
À 13 ans, âge où les formes commencent à se déployer sur la silhouette, Rebecca était spectatrice de ces changements. Tandis que son sein gauche était presque arrivé au terme de sa croissance, son sein droit, lui, était resté à plat. Au début, elle pensait que c’était un effet classique puis elle s’est posée des questions sur son apparence. Elle a traversé un véritable no man’s land médical, se sentant chaque jour un peu plus “anormal”. Les médecins lui disaient qu’il fallait être patiente, que le sein droit allait pousser un moment ou un autre. Pourtant, elle a passé la moitié de ses jeunes années à espérer dans le vide. Ce sein n’était pas capricieux ou retardataire, il était juste soumis à une malformation.
Rebecca a fait son diagnostic toute seule, en tapant quelques mots clés sur Google et elle s’est reconnue dans le syndrome de Pologne. Il touche une personne sur 10 000 et implique un sous-développement des muscles de la cage thoracique. Ce qui explique l’allure disproportionnée de sa poitrine.
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Une poitrine asymétrique sous le feu des critiques
La jeune britannique de 25 ans a dû apprendre à vivre avec cette particularité physique et accepter cette poitrine divergente dans un monde où les seins ne font pas de vague. Bien loin de se replier dans la honte et de taire sa singularité, elle est devenue à la fois un sujet d’étude pour la science et un modèle d’inspiration pour les internautes. Sur la toile, elle fait tomber les vêtements au nom de la diversité corporelle. Elle expose à son public virtuel ce qu’elle a longtemps maudit devant la glace.
Si elle reçoit quotidiennement des messages encourageants et reconnaissants, elle est aussi sujette à des paroles douloureuses. Sa poitrine atypique, nourrit les fantasmes des prédateurs anonymes et attise le venin des vipères 2.0. Ses détracteurs lui reprochent de laisser sa poitrine dans “cet état”. Ils lui conseillent, avec une fausse bienveillance, de la corriger sous le bistouri ou de la “réparer” comme si elle était défaillante. Mais pas de quoi entacher la confiance de Rebecca, incarnation vivante de la positivité.
Rebecca, qui milite pour une beauté plus libre et moins codifiée, n’a pas l’intention de retoucher sa poitrine avec des implants ou du botox. Ce ne serait pas de l’amélioration mais de la défiguration. Ça reviendrait à dénaturer cette poitrine, qu’elle a mis tant de temps à voir avec les yeux de l’amour.
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Accepter sa poitrine au lieu de la “corriger”
À l’ère des corps plastifiés et des seins enrobés de silicone, laisser une poitrine asymétrique intacte est presque inadmissible. À en croire les standards, il faudrait que Rebecca entame une réduction mammaire ou porte des implants pour rattraper les dégâts physiques. Or, la principale concernée n’a pas l’impression d’avoir été amputée d’un sein ou d’être privée de sa “féminité”.
En revanche, elle ne sentirait plus tout à fait elle-même si son sein droit ressemblait à son sein gauche au millimètre près. Il lui manque peut-être un sein mais au moins Rebecca a tous ses neurones, pas comme ses détracteurs, qui ont perdu le sens du mot empathie. Il n y a pas de modèles types ou de silhouettes de référence, chaque corps est beau à sa façon.
Rebecca sensibilise au syndrome de Pologne sur la toile et retourne sa différence à son avantage avec de poétiques parures. Elle a peut-être une poitrine asymétrique mais au moins elle n’a pas d’égal esthétique. Et à une époque où la chirurgie créée des clones, c’est précieux.
