Souffrez-vous de « Zoom dysmorphie », ce mal-être vicieux ?

Depuis le début de la pandémie, les appels en visioconférence se sont normalisés et s’inscrivent désormais dans notre petite routine. Le télétravail aussi s’est doucement glissé dans notre vie, accompagné de ses avantages et de ses inconvénients. Adieu liens sociaux avec le monde extérieur, bienvenue dans le cercle infernal de l’isolement. Ces « Zoom » à répétition n’ont rien de bon pour le moral. Un nouveau mal-être 2.0 est d’ailleurs né de ces appels virtuels constants. On appelle ça la « Zoom dysmorphie ». En voyant son reflet dans le retour caméra, l’estime de soi tombe au plus bas. Explications.

Dénigrer son propre reflet

Le réveil sonne à 9h, les yeux plissés, les cheveux en bataille, on se dirige vers la salle de bain pour s’apprêter un minimum. Notre routine beauté a bien changé : un coup de rouge à lèvres un peu maladroit pour égayer ce visage encore endormi et un brin d’anti-cerne pour cacher les stigmates de cette nuit agitée. Une chemise en guise de haut histoire de faire plus « pro », et un bas de pyjama pour optimiser le confort pendant cette rude journée… Un accoutrement minimaliste et peu habituel qui rythme pourtant le bal incessant des discussions en visio.

À chaque fois, le scénario se répète : on s’installe devant notre écran et le stress commence à prendre le dessus lorsque la caméra s’active. Confronté·e à notre reflet virtuel, on ne cesse de s’analyser et de s’auto-critiquer. « Ma peau est vraiment moche en ce moment », « Je suis horrible, je ne peux pas m’afficher devant mes collègues »… ces phrases illustrent parfaitement la « Zoom dysmorphie ».

On a toujours cette impression que la caméra fait ressortir à outrance les pires facettes de notre physique. Ce mal-être intérieur bien ancré dans notre époque tourmentée aurait pris racine sur les réseaux sociaux. « De nos jours, nous sommes exposé·e·s à des images ‘perfectionnées’ de manière beaucoup plus répandue en raison de la façon dont les gens utilisent la technologie au quotidien”, explique ainsi Hilary Weingarden, docteure spécialiste de la dysmorphie corporelle, dans une interview pour Vogue US.

La dysmorphie, un trouble plus répandu qu’on ne le croit

Selon plusieurs études anglo-saxonnes, la dysmorphie corporelle toucherait 1,7 à 2,4 % de la population, soit plus que l’anorexie. Lorsqu’on se regarde dans le miroir, on amplifie ses complexes. Ce qui définit ce trouble psychiatrique, c’est le caractère obsédant du défaut physique.

On se focalise uniquement sur une partie de son corps que l’on trouve « laide ». Évidemment, à partir de cet instant, la confiance en soi est en berne. L’experte Hilary Weingarden affirme que cela peut avoir de lourdes conséquences sur le moral :

“C’est particulièrement vrai lorsque vous vous regardez de près, et que vous analysez un détail pendant un long moment, plutôt que de regarder votre réflexion de manière plus globale. Cette partie du corps qui vous préoccupe peut commencer à vous sembler très démesurée.”

Si vous commencez, par exemple, à dire « je dois avoir de l’acné sévère » alors que vous n’avez que trois petits points boursouflés sur le visage, on peut dire que ce trouble a frappé à votre porte.

La souffrance importante qui en résulte altère aussi la vie en société (vie amoureuse, amicale, familiale, professionnelle). Des comportements parfois extrêmes voient le jour et se décuplent au fil des semaines. Pour surveiller et corriger ces défauts « invisibles » ou « exagérés », on s’enlise dans des pratiques « anormales ». Recours excessifs à la chirurgie, prise de photos de cette zone pour observer son évolution, régime consécutif… La dysmorphie est un gouffre psychologique. Et avec l’arrivée des écrans dans notre cocon intime, ce trouble prend une forme plus vicieuse et perverse. La « Zoom dysmorphie » serait ainsi encore plus dévastatrice.

Comment se débarrasser de ces pensées négatives ?

Pour mettre un terme à la « Zoom dysmorphie », il existe plusieurs astuces. La thérapeute cognitivo-comportementale Alyssa « Lia » Mancao évoque à MindBodyGreen une parade simple, mais efficace. Il s’agirait de mettre un post-it sur l’endroit où apparaît notre visage à l’écran. « Si vous voulez vraiment vous mettre au défi, vous pouvez laisser votre caméra allumée, mais vous entraîner à établir un contact visuel avec les autres personnes qui participent au Zoom », préconise-t-elle ensuite.

Il faut aussi se débarrasser de cette pression sociale qui plane et oser dire non à la requête intrusive « Allez, allume ta caméra ! ». Si vous n’avez pas d’obligations, après tout pourquoi se forcer ? Cependant, cette technique a ses limites et peut sembler suspecte sur le long terme.

Il faut aussi essayer de se confronter à ses plus grandes craintes pour les vaincre. Pour contrer ces pensées négatives, on peut aussi écrire ce qui nous pèse sur la conscience dans un carnet. Ou encore tenter de s’auto-complimenter, troquer les critiques nocives contre des phrases positives. Valorisez vos réussites, prenez en note les compliments que l’on vous fait ou tout simplement, regardez-vous avec un œil optimiste.

Instagram brise les standards beauté

En ces temps moroses, il est essentiel de voir la vie en rose et de ne pas broyer du noir. Difficile de s’accepter avec ces diktats sur la beauté qui collent encore à la société. En attendant, prenez une bonne bouffée de bienveillance en sillonnant Instagram. De nombreuses femmes comme Cassandra Naud, Sofia Grahn ou encore Céleste Barber ont décidé de dire bye-bye à la stigmatisation. Et ça, on ne peut qu’applaudir !

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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