Du 13 au 24 mai 2025, le Festival de Cannes fait à nouveau rêver la planète entière. Sur la Croisette, les flashs ne se braquent pas seulement sur les films en compétition : les regards se tournent aussi vers les duos glamour qui s’affichent main dans la main.
Quand le tapis rouge devient un miroir de nos espoirs
Couples fusionnels, inattendus, ou récemment officialisés, ils déclenchent admiration, commentaires, fantasmes. Mais pourquoi ces amours exposés nous captivent-ils autant ? Selon le psychanalyste Christian Richomme via le magazine Psychologies, ce n’est pas tant les stars elles-mêmes qui nous fascinent… que ce qu’elles symbolisent en nous.
Observer un couple célèbre, ce n’est pas seulement admirer deux personnes connues. C’est plonger dans une mise en scène collective de l’amour tel qu’on aimerait encore y croire. « Ce que nous désirons vraiment en regardant deux stars se séduire, c’est de croire, même un instant, que l’amour existe encore », explique Christian Richomme. Le couple public devient alors une image rassurante, une projection idéalisée de ce que nous espérons tous : un amour fort, assumé, qui résiste aux tempêtes.
À travers eux, c’est un peu comme si nous vivions, par procuration, un conte de fées moderne. Cette mise en scène fonctionne car elle répond à un besoin universel : celui d’être aimé, de façon visible, stable et valorisée. Sur les marches de Cannes, les couples ne sont plus de simples duos amoureux. Ils incarnent un idéal auquel nous voulons croire, surtout dans un monde où l’amour semble parfois incertain, fragile, éphémère.
Une projection de nos blessures affectives
Cette fascination ne traduit pas que l’espoir. Elle révèle aussi nos manques, nos insécurités, parfois nos douleurs. Le psychanalyste va plus loin : « Une personne avec un attachement insécure trouvera dans ces couples un modèle rassurant, une structure affective idéale ». En psychanalyse, l’idéalisation est un mécanisme de défense : en sublimant l’autre, on tente de combler ses propres failles. Le couple célèbre devient alors l’objet parfait de cette idéalisation. Belle, célèbre, amoureuse, cette figure renvoie à ce que l’on croit ne jamais pouvoir atteindre. Et pourtant, on y projette intensément nos désirs.
Cette mécanique est double : l’espoir d’un amour parfait, et la frustration de ne pas le vivre soi-même. Ce contraste crée une tension qui alimente notre obsession. « Ils sont le miroir de nos rêves et de nos limites », souligne le psychanalyste Christian Richomme. Ce que l’on envie, parfois, nous culpabilise. Ce que l’on voit se briser – comme une séparation de stars très médiatisée – nous réconforte presque : preuve que la perfection n’existe pas.
Le Festival de Cannes, théâtre de l’illusion amoureuse
Le décor glamour du Festival de Cannes ne fait qu’amplifier cette dynamique. Pour le psychanalyste, l’événement est en effet bien plus qu’un festival de cinéma : « C’est une scène où l’on observe, admire, envie, critique. Ce ne sont pas seulement les films qui y sont projetés, mais aussi nos propres désirs, nos blessures, et nos fantasmes ». Cannes devient une immense vitrine, où chaque apparition est scrutée, chaque absence interprétée, chaque geste décortiqué.
Tout ce qui est visible est-il forcément vrai ? Certains couples seraient davantage stratégiques qu’amoureux. Le psychanalyste Christian Richomme évoque une réalité dérangeante : « Certains couples sont calculés, créés pour la photo plus que pour l’émotion ». Pourtant, nous voulons y croire. Même lorsque c’est faux, même lorsque c’est joué. Car dans cette illusion amoureuse, persiste toujours une part d’espoir.
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Une quête d’amour à travers les autres
À bien y regarder, notre obsession pour les couples de stars n’est pas une curiosité futile. Elle parle de nous. De notre besoin de croire encore en l’amour, même mis en scène. Elle traduit une quête intime, parfois inconsciente, de réparation. Un espoir silencieux. « Ce n’est pas la célébrité qui nous fascine. C’est le rêve amoureux que nous projetons sur elle », conclut le spécialiste.
Ainsi, lorsque nous scrutons les gestes tendres sur tapis rouge, ce n’est donc pas tant eux que nous regardons, mais nous-mêmes. Nos élans, nos manques, nos idéaux. Et si cette projection peut parfois nous égarer, elle nous rappelle aussi que nous ne cessons jamais de chercher l’amour – pas celui des projecteurs, mais le nôtre, authentique, intime, profond.