Le stylo, c’est ce fidèle compagnon de réunion, souvent dégainé sans réfléchir, posé là comme une extension de votre main. Vous pensiez qu’il ne servait qu’à écrire ? Détrompez-vous. Ce petit objet discret en dit long – très long – sur ce qu’il se passe dans votre tête pendant ces heures (parfois interminables) de slides, de tours de table et de brainstorming.
Gribouiller : l’arme secrète des esprits concentrés
Vous avez déjà honteusement retiré un post-it gribouillé en pensant que cela vous faisait passer pour une personne peu attentive ? Oubliez cette culpabilité. Selon une étude britannique menée par la psychologue Jackie Andrade, les personnes qui gribouillent pendant qu’elles écoutent retiennent 29 % d’informations de plus que celles qui ne le font pas.
Gribouiller, ce n’est donc pas fuir la réunion. C’est au contraire s’ancrer dedans. Ce geste apparemment anodin permet au cerveau de rester juste assez occupé pour ne pas décrocher complètement. Vous écoutez, vous traitez, vous gribouillez : c’est un trio gagnant. Plutôt que de laisser votre esprit s’échapper vers la liste de courses ou votre prochain week-end, vous offrez à votre cerveau un petit divertissement de fond qui l’aide à rester dans la pièce.
Cliquer, tourner, tapoter : le ballet des doigts intelligents
Ah, ce fameux clic-clic-clic du stylo qui peut rendre vos collègues fous. Et pourtant… Ces gestes répétitifs que vous faites parfois sans y penser sont des manifestations d’une activité cérébrale intense. En neurosciences, on parle de stimulation sensorimotrice : ce sont des mouvements simples, souvent rythmés, qui aident le cerveau à garder le cap dans des moments de surcharge mentale.
Une étude parue dans Frontiers in Psychology montre que ces gestes peuvent favoriser la concentration, notamment lorsqu’il y a trop d’informations à traiter. Vous êtes stressée, sursollicitée ou sur le point de décrocher ? Votre cerveau le sait et agit. Il vous pousse à cliquer sur ce fichu stylo pour éviter de sombrer dans la léthargie cognitive.
Stylo en main, idées en pagaille
Derrière chaque gribouillage abstrait, il y a peut-être un éclair de génie. Manipuler un stylo, griffonner dans la marge, faire des spirales hypnotiques sur votre cahier… tout cela stimule la pensée divergente, celle qui ouvre la voie à la créativité. C’est la pensée des artistes, des inventeurs, des personnes qui sortent du cadre – même (et surtout) dans une salle de réunion pleine de powerpoints.
Selon un article publié dans Thinking Skills and Creativity, certaines personnes trouvent plus facilement des idées originales lorsqu’elles griffonnent ou jouent avec un objet. C’est comme si le geste manuel libérait de l’espace mental, réduisait l’auto-censure, et ouvrait la porte aux associations d’idées les plus inattendues. En clair : votre stylo pourrait bien être votre muse.
Une lecture silencieuse de vos émotions
Observer ce que vous faites avec votre stylo, c’est un peu comme écouter ce que votre cœur murmure. Un geste nerveux et agité ? Peut-être du stress. Une manipulation fluide, presque dansante ? Vous êtes concentrée, sereine. Ces micro-gestes sont étudiés dans le domaine de la communication non verbale, car ils trahissent des états émotionnels que vous ne verbalisez pas toujours.
Une étude publiée dans Social Neuroscience indique que les mouvements des mains, y compris la manipulation d’objets, peuvent refléter l’état affectif du moment. Cela ne veut pas dire qu’il faut interpréter chaque clic comme un cri intérieur, mais plutôt apprendre à lire ces signes comme autant de petits messages que votre corps vous envoie.
Devez-vous cacher votre stylo ? Absolument pas.
Non, il n’est pas nécessaire de culpabiliser ou de cacher votre stylo sous prétexte que vous le manipulez pendant les réunions. Ces gestes sont naturels, souvent inconscients, et ils participent au bon fonctionnement de votre cerveau. Toutefois, s’ils deviennent trop bruyants ou trop fréquents, ils peuvent gêner les autres.
La clé, c’est la conscience. Être attentive à vos gestes, c’est déjà en reprendre le contrôle. Vous pouvez aussi explorer d’autres techniques pour rester centrée : la respiration lente, la prise de notes visuelle, ou même l’usage d’un objet moins sonore qu’un stylo à clic. De grâce, ne reniez pas votre instinct de gribouilleur – il fait probablement de vous une personne attentive, intuitive et créative.
En fin de compte, ce petit objet en plastique ou en métal révèle des choses insoupçonnées. Il est le prolongement silencieux de votre cerveau en activité. Alors, la prochaine fois que vous tenez un stylo en réunion, regardez-le avec bienveillance.