Une étude américaine le confirme : l’alimentation des jeunes filles jouerait un rôle dans le moment où elles auront leurs premières règles. Certains aliments pourraient accélérer cette étape de développement, avec des conséquences sur leur santé à long terme.
Une étude de référence sur plus de 6 000 jeunes filles
Publiée en mai 2025 dans la revue scientifique Human Reproduction, une étude a été menée sur un échantillon de 6 992 jeunes filles âgées de 9 à 14 ans, suivies entre 1996 et 2001. Toutes étaient issues de la cohorte « Growing Up Today Study » (GUTS), qui suit depuis des années les enfants d’infirmiers aux États-Unis afin d’étudier les liens entre mode de vie, santé et développement.
Les chercheurs ont analysé les habitudes alimentaires déclarées par les participantes avant l’apparition de leurs premières règles (ménarche), puis ont observé à quel moment cette étape de la puberté survenait. Le but : évaluer si certains types d’alimentation pouvaient influencer l’âge de la puberté.
Deux types d’alimentation, deux trajectoires
Les scientifiques ont utilisé deux indicateurs pour classifier l’alimentation des participantes :
- L’Alternative Healthy Eating Index (AHEI), qui valorise une alimentation riche en légumes, fruits, céréales complètes, légumineuses, noix et poissons, avec peu de viandes rouges ou transformées, peu de sucre et de graisses saturées.
- L’Empirical Dietary Inflammatory Pattern (EDIP), qui mesure le potentiel inflammatoire d’un régime : beaucoup de viandes transformées, de boissons sucrées, de céréales raffinées, peu de fibres et de micronutriments.
Résultat : les filles avec un régime alimentaire anti-inflammatoire et équilibré (AHEI élevé) étaient 8 % moins susceptibles d’avoir leurs règles dans le mois suivant, tandis que celles dont l’alimentation était pro-inflammatoire (EDIP élevé) étaient 15 % plus susceptibles de les avoir plus tôt.
Ces effets se sont maintenus même en tenant compte de l’indice de masse corporelle (IMC) et de la taille des jeunes filles. Cela signifie que ce n’est pas seulement le poids ou la corpulence qui joue, mais bien la qualité des aliments consommés.
Pourquoi est-ce important ?
Avoir ses premières règles plus tôt n’est pas anodin. Comme le rappelle l’ESHRE, « la ménarche précoce est associée à une probabilité plus élevée de développer certaines pathologies à l’âge adulte », notamment :
- Des maladies cardiovasculaires ;
- Le diabète de type 2 ;
- Une obésité persistante à l’âge adulte ;
- Un risque accru de cancer du sein ;
- Une vulnérabilité psychologique accrue à l’adolescence.
Une puberté avancée peut également entraîner un décalage entre développement physique et maturité émotionnelle, ce qui rend l’accompagnement parental essentiel. La pression sociale et les attentes genrées peuvent être plus difficiles à gérer chez les jeunes filles qui paraissent plus âgées qu’elles ne le sont en réalité.
Mieux manger pour grandir sereinement
Cette étude ne cherche pas à culpabiliser les parents, mais à offrir des pistes concrètes pour favoriser une croissance équilibrée. Les recommandations sont simples et bien connues, mais leur effet sur la puberté est encore peu relayé.
✔ Favoriser les aliments dits protecteurs : légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes, huiles végétales riches en oméga-3 (colza, lin), produits peu transformés.
✘ Réduire les aliments ultra-transformés : sodas, snacks salés, produits frits, viandes transformées (charcuteries), sucres ajoutés.
✔ Impliquer les enfants dans la cuisine : leur apprendre à choisir, préparer et goûter des aliments variés peut renforcer l’adhésion à ces habitudes.
✘ Éviter les régimes restrictifs : une alimentation équilibrée n’est pas une alimentation « sans », mais une alimentation « avec du bon ». Le plaisir doit rester central.
Un levier éducatif (et de santé publique)
Les résultats de cette étude soulignent combien l’éducation alimentaire dès l’enfance est cruciale. Dans un monde où les aliments ultra-transformés sont omniprésents, les familles doivent composer avec des contraintes économiques, logistiques et sociales. Toutefois, chaque petit geste compte.
Sensibiliser à ces enjeux dès le plus jeune âge, sans anxiété ni pression, c’est aussi préparer les jeunes filles à comprendre leur corps, à s’écouter et à faire des choix éclairés. Ce n’est pas un hasard si les chercheurs insistent sur l’importance d’un accompagnement parental bienveillant.
@nadyaokamoto I do this for the next gen of girlies about to get their first period… just like maya!! @Heather George #augusttarget ♬ Monkeys Spinning Monkeys – Kevin MacLeod & Kevin The Monkey
L’alimentation influence ainsi bien plus que la courbe de croissance : elle peut aussi jouer un rôle dans le timing de la puberté. En aidant les enfants à développer des habitudes alimentaires dites saines, on ne fait pas que protéger leur santé future – on leur permet aussi de traverser les étapes de leur développement en toute sérénité. Une raison de plus de revenir à l’essentiel : cuisiner, manger ensemble, varier les saveurs… et cultiver la patience du corps.