Entre médaille olympique et désir d’enfant, elle témoigne

Clarisse Agbegnenou poursuit sa carrière de judoka avec une intensité rare. Huit mois après sa médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris 2024, elle s’apprête à disputer les championnats d’Europe, tout en envisageant une nouvelle pause pour accueillir un second enfant. Un témoignage inspirant sur l’équilibre entre performance et vie personnelle.

L’intensité du tatami, la force du mental

Le 3 août 2024 reste gravé dans les mémoires des fans de judo. Ce jour-là, la France affronte le Japon en finale de l’épreuve olympique par équipes mixtes. Après un retournement spectaculaire signé Joan-Benjamin Gaba, c’est à Clarisse Agbegnenou de monter sur le tapis pour maintenir l’espoir tricolore. Face à elle, la Japonaise Miku Takaichi, rivale historique. Un combat d’anthologie, étouffant de tension, qui s’étire pendant 7 minutes. Pas de place pour l’erreur : tout se joue dans la tête. Et c’est Clarisse qui, une fois de plus, sort victorieuse.

La suite est connue : les Bleus l’emportent et terminent en beauté une olympiade sous haute pression. Pour Clarisse Agbegnenou, cette victoire collective n’est qu’un chapitre de plus dans une carrière exceptionnelle, marquée par un palmarès étourdissant. Mais aussi par une trajectoire personnelle singulière, où la maternité occupe une place centrale.

Athéna, moteur et point d’équilibre

En juin 2022, Clarisse Agbegnenou devient maman d’une petite fille, Athéna. Un bouleversement total dans sa vie de femme comme d’athlète. « Si je ne fais pas un enfant à ce moment-là, le judo m’apparaît fade », confie-t-elle a Libération. L’envie de donner la vie redonne du sens à sa pratique. Et loin d’amoindrir sa motivation, cette nouvelle maternité nourrit une énergie inédite. « Je suis davantage motivée aujourd’hui qu’il y a 3 ans et demi », affirme-t-elle.

Son sixième titre mondial, décroché à Doha en mai 2023, 10 mois après son accouchement, en témoigne. Une performance que Clarisse Agbegnenou place tout en haut de ses réussites. Vient ensuite son septième sacre au Grand Chelem de Paris en février 2024, acquis au prix de combats intenses et d’une ténacité sans faille.

Une athlète qui a appris à lâcher prise

La maternité n’a pas seulement transformé son emploi du temps, elle a modifié en profondeur sa manière d’être sur le tatami. Clarisse explique avoir « développé une force mentale nouvelle pour faire face à la fatigue, à l’organisation quotidienne et aux nuits entrecoupées ». Elle dit aussi avoir appris à faire preuve de calme, à gérer les désaccords, y compris avec sa propre fédération. En un mot : elle a grandi.

Et même si la médaille d’or lui échappe à Paris, elle préfère aujourd’hui relativiser. Avec 3 participations olympiques à son actif, Clarisse Agbegnenou arbore désormais une collection complète de médailles : argent à Rio, or à Tokyo, bronze à Paris. Une forme d’accomplissement, malgré les attentes et la déception passagère.

En route vers Los Angeles, avec une parenthèse en tête

La suite ? C’est à la fois la compétition, avec un rendez-vous européen à Podgorica, mais aussi la perspective d’une pause. Clarisse Agbegnenou souhaite avoir un deuxième enfant. Elle n’en fait pas mystère, même si cette volonté vient bousculer les plans de la fédération.

D’autres jeunes judokates, comme Manon Deketer ou Melkia Auchecorne, émergent sur la scène. Clarisse prend le soin d’en parler directement avec leurs entraîneurs, pour éviter toute tension inutile. Avec Melkia Auchecorne, le dialogue est franc, empreint de respect mutuel. Elles se passent symboliquement le flambeau d’un championnat à l’autre, dans un esprit d’émulation.

Une voix pour toutes les mères du sport

Clarisse Agbegnenou n’est pas seule dans ce combat pour concilier haut niveau et parentalité. Lors des JO de Paris, 6 autres judokates mères de famille étaient également engagées, certaines avec deux enfants, d’autres dans des situations personnelles complexes. Clarisse s’affiche fièrement en mère allaitante, jusqu’en janvier 2025, montrant pleinement cette double identité. Elle milite ainsi, par l’exemple, pour une meilleure reconnaissance des mères dans le sport.

Une nouvelle dynamique à inventer

À Podgorica, Clarisse Agbegnenou disputera son premier grand rendez-vous sans Ludovic Delacotte, son entraîneur historique. Désormais épaulée par Gianni Locarini, un technicien aux méthodes innovantes, elle « espère imposer cette collaboration, malgré les réticences institutionnelles ». Elle veut du sur-mesure, comme Teddy Riner avant elle, pour continuer à performer en toute liberté.

Les États-Unis, de leur côté, ont bien saisi l’inspiration que peut représenter Clarisse Agbegnenou. Dès mai 2025, elle y multipliera les masterclasses et les conférences. Une manière de transmettre, de préparer l’avenir, tout en laissant mûrir son projet personnel. Si tout s’aligne, Clarisse Agbegnenou espère revenir à la compétition à l’automne 2026. Juste à temps pour viser, à 35 ans, un dernier exploit à Los Angeles 2028.

Maïssane Fraiji
Maïssane Fraiji
Passionnée par l'écriture et toujours à l'affût des nouvelles tendances, j'adore explorer l'univers de la mode, du bien-être et des histoires qui résonnent avec les femmes d'aujourd'hui. Curieuse de nature, j'aime surtout partager mes découvertes et échanger autour de tout ce qui m'inspire.
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