Post-partum : seulement 22 % des mères le vivent bien

Profonde tristesse, anxiété, crise de larmes, fatigue extrême, insomnie, perte d’appétit après un accouchement… sont des signes de dépression post-partum. Taboue en France, elle est souvent méconnue des nouveaux parents. Le constat est pourtant simple : seulement 22 % des mères disent avoir vécu, ou vivre sereinement leur post-partum. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par l’institut de sondage OpinionWay*. On fait le point sur cette dépression qui touche aussi bien les femmes que les hommes.

Dépression post-partum : 30 % des mères et 18 % des pères sont touché.e.s

L’institut OpinionWay a publié le 23 septembre 2021 pour Qare, un site de téléconsultation, un sondage* mettant en avant un sujet tabou : la dépression post-partum. Résultat ? Elle est bien plus fréquente qu’on ne le pense et touche aussi bien les femmes que les hommes. Souvent dédramatisée et minimisé, cet épisode dépressif peut pourtant grandement gâcher le quotidien de la mère et du père dans la première année qui ensuit la naissance.

D’ailleurs, le stress de la grossesse arrive parfois bien avant l’accouchement. Pour certaines femmes c’est dès la conception de l’enfant. Réussir à tomber enceinte, les rendez-vous réguliers chez le/la sage-femme, vérifier que tout va bien une fois la grossesse en place… au sein même du couple le stress peut-être omniprésent. Être sur le qui-vive à la moindre petite alerte, peut être source d’angoisse. Parmi les futurs mamans, 37 % souffrent ainsi de dépression prénatale. Et cela peut dériver sur une possible dépression post-patrum (post = après/partum = mise bas).

Problème : la dépression post-partum n’est pas souvent détectée. Elle est même confondue avec le « baby blues », qui est la retombée des hormones mettant les émotions en pagaille (saute d’humeur, anxiété, crise de larmes incontrôlables, fatigue extreme etc.). Contrairement au post-partum il ne dure que 2 à 5 jours en moyenne. Si le « baby blues » perdure, il est possible que la mère/le père sombre dans une dépression post-partum.

Pas de « mauvais père » mais des pères souffrants de dépression post-partum également

Habitué.e.s aux discours « c’est normal d’être chamboulé.e après un accouchement », bien souvent, les femmes souffrant de dépression post-partum ne s’inquiètent pas et donc ne consultent pas de professionnel.le de santé.

Sur 302 femmes devenues mères interrogées dans ce sondage de l’institut OpinionWay, 30 % seraient bel et bien en dépression après leur accouchement. Cependant, les femmes de moins de 30 ans sont davantage touchées avec 40 % et 35 % pour celles qui accouchent pour la première fois. Très rare sont celles qui vivent le post-partum sereinement, seulement 22 % des femmes interrogées.

Il y a donc tout un travail de prévention et d’écoute à améliorer dans le système de santé. Ça ne concerne pas que les femmes d’ailleurs, les hommes aussi sont touchés par la dépression post-partum. L’arrivée de l’enfant vient aussi chambouler le quotidien du père.

Santé mentale : des stéréotypes de genre encore fortement ancrés

« Cette vieille idée selon laquelle les hommes doivent avoir les épaules solides, qu’il n’est pas autorisé à craquer, tandis que les femmes seraient « plus fragiles » n’a malheureusement pas encore totalement disparu. Les stéréotypes de genre sont encore très fortement ancrés quand il s’agit de santé mentale, en particulier la dépression » –  Fany Jacq, psychiatre et directrice santé mentale chez Qare

On entend souvent que les pères sont absents, peu présents dans le quotidien du bébé et de la mère après l’accouchement. Pour cause, eux-aussi peuvent souffrir de dépression post-partum. Cela n’excuse pas tout, certes, mais leur mal-être peut être d’autant plus intériorisé. L’absence, le désinvestissement sont des symptômes de dépression.

« Ce phénomène est souvent inconscient, car on ne met pas de mots dessus. En revanche, quand on leur explique que leur désinvestissement est en fait un symptôme de la dépression post-partum, et non un synonyme de ‘mauvais père’, on les déculpabilise », justifie en ce sens Fanny Jacq.

OpinionWay recense 18 % des pères qui ont mal vécus l’arrivée de leur enfant. Encore une fois ce n’est pas un manque d’amour ou d’envie. Sur les 124 pères sondés 42 % ne se sentent pas concernés par la dépression post-partum et selon eux « seules les mamans sont concernées ». Ils vont donc inconsciemment ou consciemment plonger dans la culpabilité. Le tabou persiste autour de leurs maux, et ce même en 2021. Résultat : les pères en parlent encore moins à des professionnel.le.s de santé et 14 % d’entre eux ressentent de la honte.

#monpostpartum brise le tabou et le silence d’une dépression fréquente chez les nouveaux parents

On remonte un an en arrière, le #monpostpartum chamboulait le débat politique et scientifique. 70 % des mères regrettent alors que les professionnel.le.s de santé ne soient pas assez formés sur la dépression après accouchement. Pour plus de 60 % des sondé.e.s, le tabou sur la dépression post-partum n’est ainsi pas encore levé.

Autrement dit, l’accompagnement médical après accouchement est moindre. Pères, comme mères, se sentent délaissé.e.s et ressentent un véritable manque d’écoute, de soutien, de reconnaissance. Ce sondage de l’institut OpinionWay pour Qare met particulièrement ça en exergue. 85 % des femmes espèrent un changement dans la prise en considération des émotions après accouchement et 71 % du coté des papas.

Malheureusement, il y a une dé-dramatisation de l’état psychologique des nouveaux parents. Par honte, 35 % des mères et 46 % des pères n’osent pas en parler. Seulement 5 % des femmes disent avoir reçu un diagnostic de dépression post-partum. Pas de questionnement. La fatigue extreme, les crises de larmes etc. après accouchement c’est forcément le « baby blues »…

Or une dépression post-partum peut durer un an. Lorsque ça perdure, 17 % des femmes et mères de familles décident finalement de consulter leur sage-femme pour en parler, 1 % se tourne vers leur gynécologue et 10 % vont voir un.e psychologue.

À quand une prise de conscience collective ?

Rappelons qu’il n’y a pas de mal à se faire aider. Ce n’est pas un signe de faiblesse. Néanmoins, discuter, parler avec un.e professionnel.le de santé est un réflexe encore loin d’être adopté par tous les nouveaux parents en cas de symptômes, car la dépression post-partum reste encore très taboue en France… À quand une prise de conscience collective ? Et une réelle considération des émotions de chacun.e ?

Lors des Assises de la santé mentale, le 28 septembre dernier à Paris, le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet a déclaré « qu’un entretien systématique autour de la 5e semaine après l’accouchement sera instauré début 2022 pour repérer les dépressions post-partum. Pour les femmes à risque, il sera suivi d’un second entretien autour de la 12e semaine ». 100 000 femmes par an souffriraient de la dépression du post-partum.

 

*Sondage réalisé du 12 au 26 août 2021 par OpinionWay sur un échantillon de 302 mamans d’enfants âgés de moins de 2 ans et 124 papas représentatifs de la population française.

Emma Mournetas
Emma Mournetas
Je suis dans une dynamique constante d'apprentissage, j'aime les challenges, j'aime être sur le terrain, mon ambition est de devenir reporter de Guerre. Ce qui m'attire dans le journalisme c'est les rencontres humaines, les témoignages et la vérité.
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