Les femmes sont bien placées pour le savoir : les soutiens-gorge à armatures sont l’ennemi du confort, mais ils ont le mérite de soutenir la poitrine. Cependant, depuis plusieurs années, ces pièces de lingerie dotées de baleines métalliques attisent la méfiance. Est-ce un mythe ou une réalité ? En ce mois d’Octobre Rose, les spécialistes passent les soutien-gorges à armatures au scanner et rétablissent quelques vérités au passage.
Le soutien-gorge à armatures, à l’origine du cancer ?
Il est présent dans presque tous les tiroirs et se dessine sous les habits. Il maintient les seins en place et amortit les secousses lors des virées dynamiques. Le soutien-gorge à armatures rend service à de nombreuses poitrines et ne fait qu’un avec le buste de ces mesdames. Pourtant, cela fait maintenant quelques années qu’une rumeur circule sur ce tissu intime. Il pourrait mettre en péril la santé de vos seins. Le cancer du sein touche 60 000 femmes par an et la maladie a des origines multiples, de la prise d’hormones à la génétique en passant par l’hygiène de vie.
Si le soutien-gorges à armatures ne figure pas en évidence dans les facteurs de risques avérés, selon des bruits de couloir, il pourrait être un déclencheur de la maladie. Ce jeu du bouche à oreille a commencé à la suite de l’ouvrage « choc » « Dressed to kill », publié en 1995 par le docteur Sydney Singer. Dans son livre, qui n’a jamais eu l’aval des experts et qui relève de la conviction personnelle, il soutient que les femmes qui ne portent pas de soutien-gorge ont « 1 chance sur 168 » de développer un cancer du sein contre « 3 à 4 chances » pour celles qui portent un soutien-gorge non-stop. Selon lui, le soutien-gorge à armatures empêcherait la circulation lymphatique et donc par ricochet freinerait l’évacuation des « toxines ».
Les femmes qui y sont fidèles le savent mieux que personne : les bouts métalliques cloisonnés dans les coutures sont parfois dérangeants. En témoignent les traces laissées dans la peau après une journée d’utilisation. Le dégrafer est presque une libération, mais doivent-elles pour autant jeter le soutien-gorge à armatures sur le bûcher ? Il n’est peut-être pas si criminel qu’il en a l’air.
Ce que les spécialistes de santé en pensent
Mesdames, soyez rassurée, votre soutien-gorge préféré n’est pas en train de vivre ses dernières heures sur votre peau. Les marques de lingerie ont tenté de vous convertir aux pièces sans couture, ni « entraves », vous persuadant que c’était mieux pour votre bien-être. Elles se sont servies d’une angoisse commune pour vous faire acheter des nouveautés et vous inciter à revoir vos essentiels underwear. Ce marketing de la peur a cessé en 2014. Lorsqu’une étude a contredit cette théorie propagée par le docteur Singer.
Dans cette étude, réalisée dans les règles de l’art, les chercheurs ont comparé 1 044 femmes ménopausées atteintes d’un cancer invasif du sein à 469 femmes en bonne santé. Et le résultat est édifiant : ils n’ont constaté aucune différence de risque, quel que soit le type de soutien-gorge porté, la taille du bonnet, la présence d’armatures, la durée quotidienne de port ou l’âge auquel les participantes ont commencé à en porter.
« Armature ou pas armature, il n’y a aucun impact démontré en matière de risque, ou de majoration du risque de cancer du sein », confirme à son tour le docteur Lifrange dans les colonnes de RTBF. Le soutien-gorge à armatures, pièce adorée des poitrines dites généreuses, n’a pas encore dit son dernier mot. Il remonte doucement dans les estimes.
Un soutien-gorge capable de détecter le cancer en création
Si cette pièce de lingerie était si « dangereuse » pour la poitrine, les chercheurs ne seraient pas sur le point de créer un soutien-gorge intelligent voué à déceler le cancer du sein. Ce soutien-gorge d’avenir ne contient pas des baleines en ferraille, mais des capteurs qui analysent les données mammaires en direct avec autant de précision qu’une mammographie. Et bonne nouvelle, les premiers essais cliniques ont été très concluants.
Que vous soyez une adepte du « no-bra » comme 7 % des femmes ou que vous restiez fidèle à votre soutien-gorge à armatures, il n y a pas de « mauvaises pratiques », ni de contre-indications. Le seul critère qui compte c’est votre ressenti à vous. Vos seins ne sont-ils pas trop à l’étroit ? Votre soutien-gorge est-il vraiment en osmose avec vos mensurations ? Voilà les questions qu’il faut vraiment se poser pour choyer cette zone, souvent source d’inquiétudes.
Pas question de raccrocher votre soutien-gorges à armatures s’il profite à votre décolleté. Certes, cette pièce de lingerie est souvent signe d’oppression mais elle ne vous veut pas de mal. Et si le coeur (ou le corps) vous en dit, vous pouvez faire une pause pour que votre poitrine respire.