Vous aimez le noir autant que Mercredi Addams ? Vous pourriez souffrir d’un trouble méconnu

Le noir est votre teinte de prédilection ? Les couleurs, qu’elles soient criardes ou pastel, vous mettent mal à l’aise ? Elles ne vous irritent pas seulement la vue, elles vous font paniquer et transpirer. Ce n’est pas juste une question de goût ou un simple penchant gothique. Comme Mercredi Addams, vous êtes peut-être en proie à une phobie sous-estimée et rarement prise au sérieux : la chromophobie.

La chromophobie, qu’est-ce que c’est ?

Dans la série à succès « Mercredi », l’héroïne aux nattes sombres et aux looks d’enterrement a un dégoût presque pathologique des couleurs. Sa cohabitation avec Enid, qui explore toute la palette chromatique dans une seule tenue et qui s’apparente à un bonbon humain, témoigne d’un vrai mal-être. Et cette aversion des couleurs n’est pas seulement un « genre ».

L’aînée des Addams, qui voit la vie en noir et qui conjugue cette esthétique lugubre de sa déco à son dressing, est intolérante aux couleurs au sens médical du terme. Dans la saison 2, le corps de Mercredi se couvre de plaques rouges après avoir englouti une glace arc-en-ciel. Même si cette scène relève de la fiction, la chromophobie, elle, est bien réelle.

Les personnes qui en souffrent ont une peur bleue des couleurs. Une écharpe rouge, une voiture orange, des jeux d’enfants multicolores ou encore une façade bleue. Ces éléments visuels, qui échappent à la sobriété du blanc et du noir, suffisent à les faire basculer dans un état de terreur.

La chromophobie est bien plus profonde et viscérale qu’une simple insensibilité esthétique. Les personnes concernées ne sont pas juste des fans absolus du noir, des rabat-joie de la mode ou des métalleux dans l’âme. Certaines teintes déteignent négativement sur leur corps et leur mental, provoquant des réactions impressionnantes.

Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?

La frontière entre une préférence pour les teintes neutres et une véritable phobie est parfois mince. Certains signes peuvent toutefois mettre sur la voie. Les psychologues décrivent la chromophobie comme une réaction disproportionnée à la couleur, allant jusqu’à perturber le quotidien. Ainsi, une personne chromophobe peut :

  • ressentir une forte anxiété en entrant dans un lieu coloré,
  • refuser de porter certains vêtements ou de décorer son intérieur autrement qu’en noir et blanc,
  • éviter certains aliments à cause de leur couleur,
  • ou encore, avoir du mal à se concentrer dans un environnement trop visuel.

Cette peur peut parfois s’étendre à une ou deux couleurs précises seulement : le rouge, souvent associé au danger, ou le jaune, jugé trop stimulant. Finalement il n’y a pas un seul portrait du chromophobe, mais bien plusieurs. Et même si le monde extérieur perd doucement ses couleurs et pâlit à vue d’œil, la chromophobie reste particulièrement difficile à vivre. La moindre sortie peut se transformer en crise. À la vue d’un extincteur, d’un panneau de signalisation ou même de la plus insignifiante des affiches, les déclencheurs sont partout dans l’espace public.

D’où vient cette peur panique des couleurs ?

Cette phobie, souvent minimisée et parfois même rabaissée en « lubie », ne sort pas de nulle part. En général, comme beaucoup d’autres, elle trouve son origine dans le passé. Elle provient d’un traumatisme : accident, image choquante, perte. Ainsi un enfant qui s’est fait percuter par une voiture verte peut développer une hantise pathologique de cette teinte. Tout comme un autre peut avoir la phobie du bleu parce qu’il lui rappelle le papier peint d’une chambre où il a été violenté. Dans d’autres cas, elle s’enracine dans l’éducation : grandir dans un environnement où la sobriété est valorisée, où l’excès de couleur est perçu comme vulgaire ou perturbant, peut influencer notre rapport aux teintes.

Sur un plan plus symbolique, le noir agit souvent comme une teinte refuge : il absorbe tout, protège du regard, donne un sentiment de contrôle. À l’inverse, les couleurs vives peuvent représenter l’imprévisible, la surexposition, l’émotion brute. La chromophobie peut donc traduire un besoin inconscient de se protéger du chaos émotionnel, ou une difficulté à accepter la spontanéité et la légèreté.

Une phobie qui peut se soigner

Bonne nouvelle : la chromophobie n’est pas une fatalité. Même si elle est plus difficile à admettre que la phobie des araignées, elle est « réversible ». Comme beaucoup de phobies spécifiques, elle peut être apaisée grâce à une thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui aide à désensibiliser progressivement la peur. Le but n’est pas d’imposer la couleur, mais d’apprendre à la tolérer sans angoisse.

Certains thérapeutes utilisent la visualisation, d’autres introduisent petit à petit des nuances douces, un pastel, un vert d’eau, un rose poudré, avant d’aller vers des tons plus affirmés. Les approches artistiques, comme l’art-thérapie, peuvent aussi être bénéfiques : peindre, colorier ou observer des œuvres aide à renouer avec la couleur dans un cadre sécurisant.

Il faut le dire : aimer le noir ne signifie pas forcément être chromophobe. Le noir est aussi une teinte d’élégance, de profondeur et d’introspection. Il apaise, structure, rassure. En revanche, si ce rejet des couleurs s’accompagne de malaise, d’évitement ou d’anxiété, alors il vaut la peine d’en parler. La peur, même la plus insolite, a toujours un message à transmettre : celui d’une émotion enfouie qui cherche à être comprise.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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