Cancer : voici pourquoi faire une fête de rémission peut être libérateur

Le mois d’octobre rose touche bientôt à sa fin mais la lutte, elle, dure toute l’année. Alors que certaines femmes entament tout juste ce lourd parcours de soin, d’autres reprennent doucement le contrôle de leur corps et connaissent enfin la délivrance. Célébrer sa rémission comme on le fait avec un anniversaire est loin d’être purement récréatif, c’est symbolique. Cette fête, encore trop peu popularisée, signe une renaissance, une nouvelle ère.

Une fête pour dire “j’y suis arrivée”

Après des mois voire des années de traitements, de doutes, de fatigue et de peur, la rémission n’est pas seulement une étape médicale notée sur un papier. C’est un terme que toutes les malades espèrent entendre un jour et lorsque les médecins le prononcent, les principales concernées peinent à réaliser que c’est vraiment fini. Elles n’ont plus à s’inquiéter pour leur survie, ni à craindre que chaque jour soit le dernier. La veille elles anticipaient presque leurs obsèques et le lendemain elles se retrouvent à suspendre des ballons de baudruche roses dans leur salon et des banderoles floquées “tu as réussi”. La rémission, c’est une victoire personnelle, le calme après une violente tempête.

Organiser une fête de rémission, ce n’est donc pas seulement un prétexte pour rattraper des années de bonheur perdues sur des lits austères, accrochées à des cathéters. C’est aussi une façon de marquer une transition, poser un point final symbolique à la maladie, et surtout, se féliciter d’avoir tenu. Bien souvent, les rescapées du cancer minimisent le parcours accompli et les efforts déployés pour vaincre la maladie. Elles se sentent simplement “chanceuses” d’être encore là, saines et sauves. Prendre part à cette fête de rémission c’est se dire merci à soi, faire un pacte de paix avec son corps et ouvrir un nouveau chapitre, plus heureux.

Lorsque les traitements s’arrêtent, les anciennes malades ressentent un passage à vide, un moment de flottement où elles peinent à retrouver leur place. Cette fête de rémission signe un retour à la vie et leur procure toute la tendresse dont elles ont besoin à cet instant précis. Qu’elle s’articule autour d’une nappe blanche sertie de paillettes ou qu’elle se tienne sur une couverture au milieu de la verdure, ce n’est pas tant la forme qui compte mais le fond.

@marlycrochet I am bald so this is obviously pitbull themed #cancerfighter #cancersurvivor #remission ♬ Hey Baby (Drop It to the Floor) (feat. T-Pain) – Pitbull

Le pouvoir libérateur du rituel

Les psychologues parlent souvent de rituels de passage, ces moments qui permettent d’ancrer un changement et d’apaiser les émotions. Une fête de rémission, c’est exactement cela : un rituel de guérison. En célébrant publiquement ce nouveau chapitre, on se réapproprie son histoire. On ne subit plus le cancer, on devient celle ou celui qui l’a traversé. Il ne s’agit pas de nier la douleur ou la peur, mais de leur redonner une place juste, en choisissant consciemment de se tourner vers l’avenir.

Ce moment partagé agit comme une catharsis collective : il permet d’extérioriser des mois d’émotions contenues, de gratitude et de soulagement, mais aussi de peur refoulée. Beaucoup décrivent une sensation de légèreté après cette fête, comme si le poids invisible du mot “cancer” s’allégeait enfin.

Une façon de réinvestir son corps et son image

Quand on parle de cancer, on pense aux aller-retours angoissants à l’hôpital, à la perte de cheveux, aux traitements épuisants mais on imagine moins des cotillons multicolores, des confettis et des petits fours. Pourtant, cette fête de rémission permet de prendre conscience de tout le chemin parcouru et de revenir au premier plan.

En général, pendant la maladie, on est comme coupé du monde extérieur. Plus rien autour de nous ne semble exister. Notre quotidien ressemble à une saison de Grey’s Anatomy, en bien moins distrayant. Les hommes en blouse blanche deviennent quasiment des membres de notre famille et on connaît presque mieux l’hôpital que notre propre maison. Du diagnostic aux traitements, on est catalogués comme la “personne malade”. Le reste de notre identité ne compte plus et on finit par ne plus savoir qui nous sommes.

Une fête de rémission, c’est aussi reprendre le contrôle de son reflet, en portant des couleurs qu’on s’interdisait, en dansant jusqu’à l’aube ou en se maquillant différemment.  Ce ne sont pas des gestes futiles : ils traduisent un retour à la liberté, une reconquête du corps comme espace de joie et non de douleur.

Bien sûr, la rémission n’efface pas les inquiétudes. La peur de la rechute fait souvent partie du quotidien. Mais en choisissant de fêter la vie, on choisit aussi de dire au cancer : tu as fait partie de mon histoire, mais tu ne la définis plus. Porter une écharpe « F**ck cancer » et manger des chouquettes en forme de ruban rose peut s’avérer plus salvateur qu’on ne le croit.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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