Et si perdre une dent n’était plus une fatalité ? Les chercheurs s’approchent de la prouesse de faire repousser des dents naturelles chez l’adulte, annonçant peut-être la fin des implants et dentiers.
Un vieux rêve de dentiste
La perte de dents est une réalité pour des millions de personnes, causant inconfort et complications de santé. Jusqu’ici, prothèses et implants étaient les seules solutions, même si elles restent imparfaites : absence de sensation naturelle, risques de rejet ou d’inflammation… De quoi nourrir un rêve longtemps jugé fou : régénérer de véritables dents humaines.
La science lève le voile sur la régénération dentaire
Depuis une vingtaine d’années, des équipes de recherche s’attaquent donc à ce défi biologique. Elles se sont d’abord inspirées de cas rares où des patients développent plus de dents que la normale, souvent à cause d’anomalies génétiques. La découverte du rôle de certains gènes comme RUNX2 ou USAG-1 a permis de comprendre les mécanismes de formation dentaire et d’imaginer des interventions ciblées.
Sourire, mode laboratoire
Dans les laboratoires, la régénération de dents est déjà une réalité chez l’animal : des scientifiques américains et japonais ont réussi à faire pousser des dents chez la souris ou le rat, soit à partir de cellules souches, soit en manipulant des signaux chimiques entre cellules. L’objectif : recréer l’interaction entre les cellules responsables de l’émail, de la dentine et de la pulpe afin de reconstruire une dent complète et fonctionnelle.
Vers des essais cliniques sur l’humain
Aujourd’hui, la société Toregem Biopharma, au Japon, mène des essais cliniques pour permettre la repousse de dents chez l’humain, en particulier chez les enfants privés de dents de naissance. De leur côté, d’autres équipes européennes et américaines visent à adapter ces techniques à la dentition adulte, et misent sur la reprogrammation de cellules souches du patient lui-même.
Les défis à surmonter
La route reste néanmoins longue : coût élevé des technologies, obstacles réglementaires et nécessité de mieux comprendre la complexité de la formation dentaire. Le principal frein aujourd’hui n’est plus technique, mais financier. Les chercheurs espèrent que le potentiel médical – et le rêve d’un sourire retrouvé « au naturel » – saura convaincre investisseurs et industriels de se lancer dans l’aventure.
Dans quelques années, le remplacement des dents pourrait ainsi peut-être rimer avec renaissance, et non plus bricolage. Un espoir tangible qui annonce la révolution du sourire.