Quand les seins sont douloureux, on pense tout de suite au pire et on s’imagine un scénario médical tragique. On se voit avec un sein en moins ou en blouse d’hôpital, sous chimiothérapie. En ce mois d’octobre rose, impossible d’ignorer cette sombre réalité qui touche environ 61 000 femmes chaque année. Pourtant, même s’il est vital de contrôler sa poitrine quand on a un doute, le cancer du sein n’est pas la seule explication.
Les hormones, principales responsables
C’est la cause numéro un des douleurs mammaires. Durant le cycle, les variations d’œstrogènes et de progestérone modifient la texture du tissu mammaire, qui devient plus sensible ou gonflé. Ces douleurs dites cycliques apparaissent souvent quelques jours avant les règles et disparaissent ensuite comme elles sont venues.
Le bon réflexe : limiter la caféine et le sel juste avant les menstruations, et masser la poitrine avec une huile végétale douce (amande ou jojoba) pour apaiser la tension.
Le stress, un coupable insoupçonné
Quand le stress monte, le corps produit du cortisol, une hormone qui peut déséquilibrer tout le système hormonal. Résultat : des tensions dans le corps, parfois ressenties dans la poitrine. Cette douleur est souvent asymétrique et s’accompagne d’une sensation de tiraillement.
Le bon réflexe : pratiquer la respiration abdominale ou le yoga quelques minutes par jour pour détendre les muscles pectoraux et relâcher la zone.
Le soutien-gorge inadapté
Si vos seins vous font mal, le coupable se trouve peut-être dans vos tiroirs de sous-vêtements. Les soutiens-gorge et notamment ceux à armatures ne sont pas très tendres avec la poitrine. Trop serré, mal ajusté ou avec une armature rigide, le soutien-gorge peut exercer une pression continue sur les tissus mammaires. Avec le temps, cela provoque une douleur mécanique qui n’a rien à voir avec les hormones. Et surprise : beaucoup de femmes ne connaissent pas leur taille exacte.
Le bon réflexe : faire mesurer votre tour de poitrine une fois par an, surtout si votre poids varie. Et dès que possible, laissez vos seins respirer, le soir, le week-end ou pendant la semaine.
Les variations de poids ou d’activité physique
Une perte ou une prise de poids rapide modifie la composition du tissu mammaire, qui est en partie constitué de graisse. Le sport intense, surtout sans soutien adapté, peut aussi créer des microtraumatismes musculaires. Si vos seins vous font mal, c’est peut-être que vous avez trop forcé sur vos pectoraux à la salle ou que vous n’avez pas les bons équipements vestimentaires.
Le bon réflexe : investir dans une brassière de sport ajustée, et adopter un rythme de reprise progressive après une longue période d’inactivité.
Les kystes mammaires, un phénomène fréquent
Parfois, la douleur vient de petits kystes bénins, c’est-à-dire de petites poches remplies de liquide dans la glande mammaire. Très courants chez les femmes de 30 à 50 ans, ils apparaissent souvent sous l’influence hormonale et peuvent provoquer une sensation de boule sensible au toucher, surtout avant les règles.
Le bon réflexe : ne pas paniquer. Ces kystes sont bénins dans la grande majorité des cas. Si la douleur persiste ou si la boule change de taille, une échographie permettra simplement de confirmer leur nature. Le plus souvent, aucun traitement n’est nécessaire, sauf s’ils deviennent gênants.
Certains médicaments
Certains traitements comme la pilule contraceptive, les antidépresseurs ou les traitements hormonaux peuvent rendre les seins plus sensibles. Rien de grave : il s’agit d’un effet secondaire lié à la fluctuation hormonale.
Le bon réflexe : si la gêne persiste au-delà de quelques semaines, parlez-en à votre médecin. Il pourra ajuster la dose ou proposer une alternative mieux tolérée.
La douleur peut-elle aussi annoncer un cancer ?
Pendant tout le mois d’Octobre Rose et bien au-delà, les femmes sont invitées à faire une auto-palpation minutieuse. Surtout à l’affût de grosseurs, de rougeurs, de nouvelles veines et de détails cutanés suspects autour des mamelons, elles minimisent parfois les douleurs ressenties. Elles les remettent inlassablement sur le compte des règles ou de la fatigue et pour cause. On a toutes déjà entendu cette phrase qui dit « un cancer du sein ne fait pas mal ».
Dans l’imaginaire collectif, le cancer du sein implique surtout des changements physiques autour de la poitrine, mais pas nécessairement de douleurs. Pourtant le cancer du sein n’est pas toujours une maladie sourde. Comme le confie le Dr Toubiana, ça pourrait aussi être le signal d’une tumeur qui avance vite. « Sur sa progression locale, il peut grignoter des rameaux nerveux et donner des douleurs », suggère-t-il. Même si ce symptôme fait figure d’exception, il vaut mieux demander des examens approfondis à son médecin, surtout s’il y a un lourd héritage familial.
Lorsqu’on éprouve une douleur aux seins, on a la fâcheuse tendance à aggraver la réalité ou au contraire à l’ignorer. Or, si elle ne vous quitte pas ou s’intensifie, ne restez pas dans le déni. Consultez pour connaître son origine. Plus un cancer du sein est détecté tôt, plus les chances de guérison sont grandes. Il y a ainsi 99 % de survie à 5 ans pour un cancer détecté à un stade précoce.