Sur les réseaux sociaux, Gracie Bon, mannequin et influenceuse originaire du Panama, attire autant l’admiration que les jugements. Derrière les likes et les compliments se cachent aussi des remarques moqueuses, souvent répétées : « On dirait qu’elle a fait un BBL ». Une référence à la chirurgie esthétique appelée BBL, une opération visant à remodeler et augmenter le volume des fesses.
« Pourquoi juger quelqu’un parce qu’il est différent ? »
Fatiguée de ces insinuations constantes, Gracie Bon a choisi de s’exprimer à cœur ouvert. Dans une vidéo publiée récemment sur Instagram, elle met fin aux rumeurs en révélant être porteuse d’une maladie chronique, encore largement méconnue du grand public : le lipœdème.
Dans ce Reel, Gracie Bon pose une question simple mais puissante : « Pourquoi juger quelqu’un parce qu’il est différent ? ». Une manière de rappeler que le corps humain ne suit pas toujours les standards imposés par la société ou les codes des réseaux sociaux. À travers ce message, elle appelle à plus de tolérance, d’éducation… et de compassion. Cette vidéo, visionnée des centaines de milliers de fois, a permis de sensibiliser un public plus large à une réalité que vivent des milliers de femmes dans le monde.
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Comprendre le lipœdème
Le lipœdème est une affection chronique du tissu adipeux qui touche presque exclusivement les femmes. Elle se manifeste par une accumulation dite anormale de graisse dans certaines zones du corps, notamment au niveau des jambes, des hanches, parfois des bras ou de l’arrière du bassin. Contrairement à une prise de poids classique, cette graisse est souvent douloureuse, et ne répond pas aux « régimes alimentaires » ou à l’exercice physique.
Souvent déclenché ou aggravé par des bouleversements hormonaux (puberté, grossesse, ménopause), le lipœdème est encore trop souvent mal diagnostiqué. De nombreuses patientes sont alors victimes de stigmatisation, parfois considérées à tort comme sédentaires ou négligentes, alors qu’elles souffrent en réalité d’un trouble complexe, aux causes encore mal comprises.
Parmi les symptômes : douleurs, sensibilité au toucher, hématomes spontanés, et gêne fonctionnelle. Le « traitement » repose principalement sur le drainage lymphatique, le port de vêtements compressifs, l’activité physique douce, et dans certains cas, la chirurgie spécialisée.
Une prise de parole courageuse
En révélant publiquement être porteuse de lipœdème, Gracie Bon ne cherche pas la compassion : elle reprend le pouvoir sur son image. Dans un espace, celui des réseaux, où le corps des femmes est scruté et souvent réduit à des critères esthétiques, son message vient briser le silence autour d’une maladie encore trop invisible. Au-delà de sa propre expérience, elle rend visible celles de milliers d’autres femmes qui vivent avec le même diagnostic, sans toujours pouvoir en parler.
Cette prise de parole ne fait toutefois pas l’unanimité : certains internautes mettent en doute sa sincérité. Sous sa publication, on peut lire des commentaires comme : « Lol. On peut dire qu’elle a été opérée. Elle a peut-être un lipœdème, et merci d’en parler, mais elle a aussi été opérée, elle a un ventre super plat par rapport à ses fesses énormes, ce n’est pas possible », ou encore « 80 % de ça a été fait exprès. Arrêtez de chercher de la sympathie avec une maladie que vous n’avez pas ».
Réseaux sociaux : de la moquerie à la pédagogie
La démarche de Gracie Bon illustre un tournant important : celui d’un usage plus responsable des plateformes numériques. En transformant les critiques en outil d’éducation, elle pousse à s’interroger sur la facilité avec laquelle certains jugent un corps, sans jamais chercher à en comprendre l’histoire. Car derrière chaque silhouette, il peut y avoir une réalité médicale, un vécu, un combat.
Son témoignage ouvre la voie à d’autres, et alimente un mouvement croissant autour de la reconnaissance du lipœdème et de la diversité corporelle. À l’heure où l’inclusivité devient un enjeu central dans la mode, la beauté et les médias, des figures comme Gracie Bon jouent un rôle essentiel.
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Le cas de Gracie Bon rappelle ainsi que le corps des femmes n’est pas un objet à commenter ou à soupçonner. Il peut être le reflet d’une maladie, d’un héritage génétique, ou simplement d’une singularité naturelle. En choisissant la transparence, elle impose une nouvelle forme d’influence, faite d’humanité et de courage. Et face aux jugements gratuits, sa réponse est claire : l’éducation sera toujours plus puissante que la moquerie.