8 phrases à ne pas dire à une personne touchée par un cancer du sein

Chaque mois d’octobre, les campagnes de sensibilisation au cancer du sein nous rappellent l’importance du dépistage et du soutien. Ce qu’on évoque moins, c’est la délicate question des mots. Ceux que l’on prononce avec de bonnes intentions, mais qui, parfois, blessent plus qu’ils ne réconfortent. Car quand une personne affronte un cancer, chaque phrase prend un poids particulier. Voici 8 phrases à éviter absolument, et surtout, comment les remplacer par des paroles réellement aidantes.

« Tu es tellement forte, moi je ne pourrais pas »

Souvent prononcée avec une pointe d’admiration, cette phrase n’a pas le même effet chez la personne qui la reçoit. Une femme en proie au cancer du sein n’est pas une force de la nature, ni une super-héroïne. Elle essaie simplement de s’en sortir, avec les ressources dont elles disposent. Si de l’extérieur, rien ne semble pouvoir l’atteindre, intérieurement, elle lutte avec de nombreuses craintes. Ce n’est pas parce qu’elle sourit qu’elle ne pense pas au pire. Ce n’est pas parce qu’elle continue de bouger qu’elle n’est pas éreintée. En disant cette phrase faussement bienveillante, vous hissez votre proche en roc. Résultat : elle se sent obligée de coller à cet idéal de courage et de résignation même dans les coups de mou.

À dire à la place : « Tu as le droit d’avoir des jours sans. Je suis là, quoi qu’il arrive ».

« Ça va aller »

C’est une phrase tristement banale et dans les petites épreuves de la vie, elle passe presque inaperçue. Auprès d’une personne atteinte du cancer du sein, elle sonne plus assassine et minimise les ressentis de sa destinataire. Même si la médecine a progressé, certains corps sont mieux armés que d’autres face à la maladie. Cette phrase, que vous regrettez aussitôt l’avoir prononcé, est maladroite et mal choisie. Elle réduit le cancer du sein à une « bagatelle ».

À dire à la place :  « Je ne peux pas me mettre à ta place, mais je me tiendrais toujours à tes côtés, dans les bons jours comme les plus éprouvants ».

« Au moins, c’est un « bon » cancer »

Il n’y a pas de « bon » cancer. Même si le pronostic est favorable, le traitement reste lourd, physiquement et psychologiquement. Un cancer n’est pas un rhume que l’on soigne en quelques semaines, c’est un parcours souvent semé d’embûches avec des hauts et des bas, des espoirs et des désillusions.

À dire à la place : « Je sais que ce n’est pas facile. Comment tu te sens en ce moment ? ».

« Ma tante a eu la même chose et elle s’en est sortie ! »

Chaque personne traverse le cancer différemment, il n’y a pas une expérience qui se ressemble. Cette phrase peut sembler encourageante et optimiste, mais encore une fois elle est assez « générique ». Elle dénigre le ressenti personnel. Même si un membre de votre famille s’en est tiré et a repris le cours de sa vie, la personne en face attend plus que des comparaisons.

À dire à la place : « Je ne sais pas ce que tu traverses, mais je t’écoute si tu veux m’en parler ».

« Ça pourrait être pire »

C’est une phrase à mettre sur liste noire lorsque vous vous adressez à une personne atteinte du cancer du sein. Elle invalide la douleur. Oui, tout pourrait toujours être pire, mais pour quelqu’un qui vit un cancer, le présent est déjà lourd à porter. Alors certes, la personne malade pourrait être dans un pays précaire, privée de soin. Cependant, pour l’heure elle endure ce que beaucoup d’entre nous redoutent.

À dire à la place : « Ce que tu vis est dur. Tu as raison de le dire, tu as raison de le ressentir ».

« Il faut rester positive ! »

On dit souvent que « l’espoir fait vivre », mais il n’est pas toujours facile de le cultiver. Les personnes malades peuvent coller des Post-its optimistes sur leur mur et se dire des affirmations positives dans le miroir, elles ont des passages à vide, des moments de doute. Elles ne peuvent pas être tout le temps « au top » et feindre le bonheur. Non, on ne peut pas être positive en permanence quand on affronte la maladie. La peur et la colère ont aussi leur place.

À dire à la place : « Tu as le droit d’avoir peur. Tu n’as pas à être forte tout le temps ».

« Tu es chanceuse, tu as été détectée tôt »

On le sait, et à chaque mois d’octobre les campagnes de prévention nous le rappellent : plus un cancer du sein est détecté tôt, mieux il se soigne. Cependant, ça ne dispense pas les malades de chimiothérapie et d’autres traitements épuisants. Dire à une personne qu’elle est chanceuse alors qu’elle est clairement en mode survie est malvenu. En effet, la détection précoce est une bonne nouvelle, mais ce n’est que le début d’un long et tortueux chemin.

À dire à la place : « Heureusement que tu as pu être prise en charge à temps, mais je sais que le chemin reste long ».

« Tu as perdu tes cheveux, mais ça va repousser ! »

Les cheveux repoussent, oui, mais la perte est souvent vécue comme un deuil. C’est une part de soi, de son identité, qui disparaît temporairement. Et même si les perruques sont bien plus réalistes aujourd’hui, elles ne comblent pas ce manque, qui touche à l’estime. Les femmes qui perdent leurs cheveux doivent apprendre à accepter une nouvelle image d’elles et au début, elles ont l’impression de ne plus se reconnaître. Les cheveux ne sont pas juste là pour faire joli ou protéger du froid, la société nous a persuadées que toute notre féminité tenait dans ces mèches.

À dire à la place : « Tes cheveux ne te définissent pas, et tu restes toi-même, même sans eux ».

Les personnes en proie au cancer du sein n’attendent pas toujours de longs discours et encore moins des tirades larmoyantes. Une simple présence vaut parfois mieux que mille mots.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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