La canicule peut s’avérer fatale et pas seulement pour les personnes du troisième âge. Les femmes, restées dans l’ombre des messages de prévention, sont aussi vulnérables que les séniors face aux chaleurs extrêmes. Moins bien armées pour affronter les températures écrasantes de l’été, elles seraient, elles aussi, en première ligne.
Les femmes meurent davantage lors des canicules
L’été vient à peine de commencer que les températures atteignent déjà des sommets. Elles nous prennent à la gorge et nous piquent la peau. Lorsqu’on sort, on a l’impression de mettre un pied dans le désert et d’entrer dans un four. Le paysage se tord sous l’effet de la chaleur, les sandales restent accrochées au goudron en fusion et le soleil brûle la peau à vif. Les femmes ne s’en plaignent pas toujours, pourtant elles souffrent en silence de ce mercure en tension.
Coeur qui tambourine fort dans la poitrine, fatigue accablante… Ce qui se passe dans leur corps dépasse l’entendement. Un éventail, un brumisateur et une bonne pinte d’eau ne suffisent pas à apaiser leur symptôme. Les femmes, inlassablement dépeintes en “choses fragiles” sont souvent accusées de “ne rien supporter” et hissées d’office en “chochottes”.
Pourtant, les chiffres parlent d’eux-même et donnent des sueurs froides. Lors de la canicule de 2003 en France, sur les 15 000 décès supplémentaires enregistrés, plus des deux tiers étaient des femmes. Une tendance confirmée par les chiffres de Santé publique France lors des vagues de chaleur suivantes. En période de canicule, le taux de mortalité est 15% plus élevé chez les femmes comme le pointe une étude néerlandaise. Et sur fond de réchauffement climatique, ces températures, qui autrefois paraissaient extrêmes, deviendront la norme. Ce qui n’augure rien de bon pour les femmes, victimes sous-estimées des jours bouillants.
Une sensibilité thermique mais pas que…
Si dans le froid polaire, les femmes sont plutôt résistantes, lorsque le thermomètre grimpe net dans le positif, elles n’ont pas les mêmes ressources que leurs homologues masculins. Là encore, la nature ne les a pas vraiment gâtées et a omis quelques paramètres importants dans leur corps. Comme le rappelle Doctissimo, les femmes transpirent environ deux fois moins que les hommes. Or, c’est par la sueur que le corps régule sa température.
Au-delà de cette réalité biologique, le cœur des femmes, surtout âgées, est mis à rude épreuve par la canicule. Son mécanisme est comme peiné par la chaleur. « La tension cardiovasculaire serait plus élevée chez les femmes, ce qui pourrait expliquer leur risque de mortalité plus élevé en cas de chaleur. D’autant plus que le système cardiovasculaire de la femme est plus fragile et moins étudié que celui de l’homme » précisent les auteurs de l’étude néerlandaise. Mais il y a aussi la vie quotidienne : les femmes âgées vivent plus souvent seules, dans des logements peu adaptés, parfois sans climatisation ni accompagnement. Moins visibles dans l’espace public, elles sont aussi moins identifiées comme « à risque » par les systèmes d’alerte.
Les femmes, grandes absentes des politiques de prévention ?
Les chiffres ne mentent pas : les femmes succombent davantage à la canicule que les femmes. Elles ne suffoquent pas comme tout le monde, elles rendent aussi leur dernier souffle. Pourtant, elles sont encore éclipsées du décor préventif. « Boire de l’eau, rester au frais, éviter les efforts physiques » : les consignes en période de canicule sont connues, mais pas toujours applicables à toutes. Celles qui s’occupent des autres — enfants, personnes âgées, malades — ont tendance à s’oublier, même sous 40°C. Dans les EHPAD, ce sont majoritairement des femmes qui assurent les soins, souvent dans des conditions difficiles et sans temps de pause suffisant.
Malgré ces données alarmantes, rien n’est fait pour améliorer leur quotidien et éviter les scénarios tragiques. Seules les femmes enceintes ont droit à un peu de considération. La santé des femmes, snobée depuis la nuit des temps, n’est pas la priorité. Le fait que la chaleur tue plus de femmes n’est pas un simple « détail démographique ». C’est une réalité qui reflète les inégalités systémiques en matière de santé, de logement, de précarité, et d’accès aux soins.
Alors que la chaleur fait rage, les femmes la subissent dans l’indifférence la plus totale. L’été, lumineux pour certains, se finit parfois par un écran noir pour ces mesdames. Une fin sombre qui pourrait être évitée.