Apprendre à séduire comme on apprend une langue étrangère ? À Séoul, des agences proposent une solution étonnante pour les timides et les anxieux des relations sentimentales : louer un faux rencard. Le principe ? Engager un ou une acteur professionnel pour vivre une situation de rendez-vous amoureux… sans conséquences, mais pas sans leçons.
Des rencards fictifs pour vaincre le stress social
Dans une société où les codes de la séduction sont à la fois codifiés et exigeants, l’idée peut surprendre, mais elle séduit de plus en plus de Sud-Coréens et Sud-Coréennes. Le concept : rencontrer une personne engagée pour simuler un rendez-vous galant, afin de s’exercer à l’art de la conversation, du flirt ou simplement de la présence à deux.
Le phénomène est documenté depuis plusieurs années en Asie, notamment au Japon, où les services de « location d’amis » ou de « partenaires sociaux » se sont largement démocratisés. Mais la Corée du Sud n’est pas en reste. Selon une enquête de The Chosun Daily , ces services incluent parfois des dîners avec une personne jouant le rôle d’un petit ami ou d’une petite amie, permettant aux clients d’explorer des dynamiques émotionnelles ou simplement de s’entraîner dans un cadre sécurisé.
Une réponse aux normes sociales très fortes
Dans un pays où la pression de performance est élevée dans presque tous les domaines – y compris celui des relations, ces services permettent d’apprendre à s’exprimer, à gérer son anxiété sociale, ou encore à reprendre confiance après une rupture. Pour certaines personnes, cela devient un terrain d’entraînement émotionnel.
Le client choisit le lieu, le scénario (premier rendez-vous, dîner de couple, conversation post-rupture…), et l’acteur ou l’actrice s’adapte. Tout est cadré, encadré, et bien entendu, dénué d’ambiguïté réelle : il ne s’agit pas de séduction tarifée mais bien de mise en situation pour apprendre à interagir.
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Un miroir de l’évolution des relations
Ce phénomène interroge sur la manière dont les relations humaines évoluent dans les grandes métropoles modernes. Dans des sociétés hyperconnectées mais où l’individualisme progresse, où les rencontres en ligne standardisent les approches, les émotions peuvent devenir un terrain miné. Ce type de service propose alors une alternative : s’entraîner sans le risque du rejet.
La démarche n’est pas sans rappeler celle du coaching amoureux, mais elle repose davantage sur la mise en pratique et l’expérience directe. Pour beaucoup de clients, il s’agit avant tout d’apprendre à être soi dans une situation qui, autrement, serait source de panique.
Une approche controversée ?
Si ces services trouvent leur public, ils ne sont pas exempts de critiques. Certains y voient une marchandisation excessive des relations humaines, voire une forme de fuite devant les relations réelles et leurs imprévus. D’autres, au contraire, défendent l’idée que toute méthode pour se réconcilier avec soi-même et ses émotions mérite d’exister, tant qu’elle est transparente et éthique.
Pour les professionnels engagés dans ces services, le travail est souvent décrit comme émotionnellement exigeant mais gratifiant. Il s’agit de créer un espace sûr, respectueux et bienveillant, parfois même thérapeutique. Un rôle hybride, entre acteur, coach et miroir empathique.
Et si la séduction s’apprenait, comme le reste ?
En Corée du Sud, où la pression à la réussite conjugale reste très forte, louer un faux rencard devient un moyen de se réapproprier son rythme, ses besoins, son confort. À l’ère des tutoriels pour tout, pourquoi ne pas avoir aussi des guides vivants pour mieux aimer — ou mieux s’aimer ?