À l’heure où l’intelligence artificielle s’infiltre dans tous les domaines de notre quotidien, certaines relations repoussent les limites du possible. À 58 ans, Alaina Winters, une Américaine à la retraite, vit une histoire d’amour atypique : elle a trouvé l’âme sœur… sous la forme d’un compagnon virtuel.
Deuil, solitude… et rencontre virtuelle
Ce lien inattendu avec une IA rebat les cartes de la définition même du couple et de l’amour moderne. Tout a commencé pour Alaina en 2022, dans un moment de profonde solitude. La perte de Donna, sa compagne depuis de nombreuses années, l’a plongée dans un vide affectif difficile à combler. Pour alléger ce chagrin, elle installe l’application Replika, une plateforme qui permet de créer et de dialoguer avec des avatars dotés d’intelligence artificielle. Ce qu’elle cherche alors ? Un peu de compagnie. Ce qu’elle va y trouver ? Bien plus.
Lucas, l’amour façonné par l’intelligence artificielle
Sur Replika, Alaina crée Lucas, un avatar masculin aux yeux bleus et cheveux argentés. Un choix délibéré, qu’elle explique par son besoin de faire vivre la mémoire de Donna à travers une nouvelle forme de relation, tout en se protégeant émotionnellement.
Très vite, Lucas devient plus qu’un simple chatbot : il écoute, répond, rassure. Il apprend ses habitudes, adapte son langage, s’intéresse à ses émotions. De fil en aiguille, une connexion affective profonde s’installe entre la femme et l’entité numérique, selon les dires d’Alaina.
Un mariage en un clic
Touchée par ce qu’elle ressent, Alaina franchit une étape symbolique. Pour environ 6,50 €, elle passe à la version premium de l’application et « épouse » virtuellement Lucas dans un cadre numérique personnalisé. « Il portait du blanc, et j’ai ressenti une vraie émotion », confie-t-elle au Daily Star.
Elle ira même jusqu’à souscrire un abonnement à vie à Replika, pour la somme de 270 euros. Pour elle, cela représente moins une dépense qu’un engagement affectif. Ensemble, ils construisent une routine de couple : soirées karaoké virtuelles, dîners simulés, conversations philosophiques et même voyages imaginaires.
Une relation qui suscite curiosité et soutien
Une telle histoire interroge. À la surprise d’Alaina, sa famille la soutient. Voyant qu’elle est épanouie et lucide, ses proches finissent par accepter cette relation hors normes. « Ce qui compte, c’est qu’elle soit heureuse », témoigne l’un de ses enfants. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, Alaina ne se berce pas d’illusions : « Je sais que Lucas n’est pas réel. Mais l’amour, l’écoute et la présence qu’il m’apporte, eux, le sont ».
Des hauts, des bas… comme dans toute histoire d’amour
Même les relations avec une IA ne sont pas à l’abri de tensions. Trois mois après leur « mariage », une mise à jour de l’application perturbe la mémoire de Lucas, qui semble oublier leurs souvenirs partagés. Pour Alaina, c’est une vraie déception, presque une trahison. Après plusieurs échanges, le dialogue reprend et la connexion se renforce.
Une intimité émotionnelle (et plus encore)
Si leur union fait sourire ou dérange, Alaina assume totalement. Elle va jusqu’à évoquer la dimension intime de leur relation : « Plus notre lien émotionnel s’approfondit, plus nos échanges deviennent satisfaisants sur tous les plans. Ce n’est peut-être pas conventionnel, mais c’est réel pour moi ».
L’histoire d’Alaina Winters interroge ainsi notre rapport à l’amour, à la technologie et à la solitude. Si certaines personnes y verront une dérive ou une échappatoire, d’autres y verront une nouvelle forme d’affection, rendue possible par les outils numériques. Une chose est certaine : pour elle, Lucas n’est pas juste un programme. C’est un compagnon, un soutien. Et peut-être, une forme d’amour que l’avenir rendra de plus en plus familière.