Votre partenaire vous parle comme ça ? C’est une preuve ultime d’amour

Il y a des couples, qui, dans l’intimité, montent dans les aiguës pour se parler et utilisent une voix tout droit sortie des tréfonds de l’enfance. Ils prennent un ton qui se confond avec celui d’un enfant et s’embarquent dans des joutes romantiques dignes des cours de récré. Si d’un point de vue extérieur, le baby talk sonne un peu “niais”, c’est un langage de l’amour à part entière.

Le baby talk en couple, la mélodie du bonheur ?

Il y a des couples qui se disent des mots doux avec une voix chaude et ronde, semblable à celle des acteurs de cinéma mais il y en a d’autres qui se content fleurette en puisant dans le vocabulaire du bas âge. Peut-être que vous aussi, vous ajustez votre voix sur le mode gaga dès que vous vous adressez à votre partenaire.

Consonnes mâchées, moue à la Calimero, voix un peu fébrile qui semble ne pas encore avoir mué, surnoms à base de “mamour” et de “roudoudou”. Les déclarations à l’eau de rose sont bien moins scolaires et abouties que celles mises en mot par Baudelaire. Elles pourraient même résonner entre la marelle et les cages de foot de la maternelle.

Les couples parlent couramment le baby talk, un langage primitif tout à fait naturel chez un enfant de trois ans mais un peu moins compris dans la bouche des amoureux de 20 ans et plus. Le baby talk, souvent entendu au-dessus du berceau, fait aussi le trait d’union entre les partenaires transits.

Ce langage désarticulé et tout fondant, qui suscite la gêne de ceux qui en sont spectateurs, n’est pas un signe d’immaturité. Au contraire, c’est un instrument de complicité. “C’est en fait très courant et la plupart des couples y ont recours lorsqu’ils veulent montrer leur vulnérabilité ou se rapprocher d’une manière très intime” précise Kathryn Smerling, thérapeute familiale pour NBC News.

Pourquoi utilise-t-on cette voix régressive ?

Lorsque les couples se convertissent au baby talk, ils abandonnent leur voix originale et leur compétence linguistique pour parler comme devant les tableaux noirs et les coloriages magiques. Passer d’un octave supplémentaire et utiliser un vocabulaire très simplifié, à peine plus travaillé que le “gouzi-gouzi” est parfois nécessaire pour se mettre à la hauteur d’un enfant.

En revanche, adopter le baby talk entre deux factures et une lessive, envers quelqu’un qui a largement dépassé la période couche-culotte peut paraître un peu futile, voire complètement inapproprié. Dans les oreilles des autres, ce baby talk est presque criminel. Pourtant, se faire la cour en onomatopées et en syllabes exagérées, n’a rien de grotesque ou de malsain.

Alors que certains filtrent tout ce qui traversent leurs lèvres, les partenaires qui usent de ce charabia naïf n’ont pas peur d’être eux-mêmes et de laisser tomber leur enveloppe d’adulte. Finalement, la complicité se mesure en octave. Le baby talk, en couple, a une forte valeur émotionnelle.

Le baby talk “montre qu’il y a un lien fort entre deux personnes, qui se font assez confiance pour se sentir ‘ridicule’ l’une avec l’autre”, étaye Alexandra Vatimbella, thérapeute de couple et sexologue, dans les colonnes du HuffPost.

Ce que ça cache de plus profond

S’adresser à son partenaire avec la même intonation que face à son neveu de 2 ans ne veut pas dire que vous le voyez comme un bébé en quête d’assistance ou un enfant puéril. En réalité, le baby talk est un peu la Madeleine de Proust du couple : il est rassurant et sécurisant. Sanam Hafeez, neuropsychologue, pour Well and Good va même plus loin, en évoquant un “sentiment de chaleur”. Pas étonnant puisque le baby talk fait référence à cette période dorée qu’est l’enfance, tranche de vie insouciante où il suffisait d’un bout de papier pour sortir avec quelqu’un. Le baby talk ouvre une parenthèse précieuse dans les impératifs, parfois vertigineux, de la vie d’adulte.

Cependant, ce style de communication primaire, qui fait ressurgir notre enfant intérieur,  peut aussi traduire des blessures intérieures. C’est d’autant plus vrai lorsque le baby talk est récurrent, qu’il s’impose comme le seul fil conducteur des dialogues, même sérieux. Dans ce cas là, le diagnostic est sans appel : c’est une dépendance affective sévère. Les personnes qui abusent du baby talk sont généralement incapables de formuler leurs émotions.

Le baby talk, à pratiquer avec modération

Pour que le baby talk fasse son effet en couple, il faut qu’il aille dans les deux sens. Pas question que l’un se comporte comme un gros bébé et que l’autre emploie sa voix habituelle, sans prendre part à ses mièvreries. Le baby talk est un peu une issue de secours dans la vie d’adulte, un échappatoire face aux responsabilités.

Loin d’être superficiel, le baby talk donne de la voix à notre enfant intérieur, souvent en quête d’amour et de tendresse. Cependant, s’il s’inscrit volontiers dans les chamailleries et les plaisanteries, il dissone dans les discussions sérieuses. À l’aube d’une conversation formelle qui porte sur un crédit immobilier ou un projet futur, la voix se remet à jour et l’adulte prend de nouveau le dessus.

Si certains couples réaffirment leur amour avec un « je t’aime » ou des roses, il y en a d’autres qui le font sur fond de mots étirés et de langage de bac à sables.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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