Chirurgie esthétique : comment les réseaux sociaux ont bouleversé la pratique ?

Les diktats de la beauté féminine n’ont toujours pas disparu. Bien que la taille 32 ne soit plus le standard pour « être belle » en société, d’autres voient le jour, notamment sur les réseaux sociaux. Bonjour les lèvres pulpeuses, les fesses à la Kim Kardarshian ou encore le nez et les seins refaits. Et pour atteindre ce nouveau « corps parfait », dicté par certain.e.s influenceur.se.s, de nombreuses personnes (surtout les jeunes) ont recours à la chirurgie esthétique, parfois au péril de leur santé. On vous en parle.

Les 18-34 ans adeptes du bistouri

Révolue, l’époque où les cabinets des chirurgien.ne.s accueillaient principalement les quinquagénaires et les soixantenaires. Depuis 2019, le bistouri attire de plus en plus de jeunes. Selon l’organisation professionnelle IMCAS, les 18-34 ans font désormais plus de chirurgie que les 50-60 ans.

Ainsi, le nez refait, les lèvres gonflées, les fesses rebondies (etc.) sont devenus l’apanage des millenials. D’ailleurs cette tendance a bondi durant la pandémie. Selon le SNCPRE, en 2020, le nombre d’interventions a augmenté de 20 % et certaines cliniques ont enregistré une hausse de 40 %.

Selon les expert.e.s cette tendance s’est accélérée avec les réseaux sociaux, notamment avec les selfies et les photos retouchées.

« Aujourd’hui, le recours à la médecine esthétique est devenue une tendance, véhiculée par les réseaux sociaux, plutôt qu’une réponse à une dysmorphophobie profonde. Instagram est 100 % responsable de ce phénomène. (…) On a pu voir lors de visioconférences sur Zoom des filtres pour apparaître maquillé à l’écran », affirme Michaël Stora, psychologue et psychanalyste, fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH) à TF1.

Ce phénomène s’amplifie et les praticien.ne.s reçoivent de plus en plus de patient.e.s demandant à ressembler à la version retouchée d’eux-mêmes. Les spécialistes parlent d’ailleurs du syndrome de la « Dysmorphie Snapchat ».

Un phénomène démocratisé par les influenceur.se.s

Hormis les filtres sur les réseaux sociaux et les applications de retouche photo, les nouveaux standards de beauté sont dictés, notamment, par certain.e.s influenceur.se.s. En stories ou dans leurs publications, ces personnes font parfois la promotion de la chirurgie esthétique et la banalise.

Ces personnalités, issues de la téléréalité bien souvent, sont belles et beaux, drôles, semblent accessibles, résultats les jeunes internautes veulent absolument leur ressembler.

« Il suffit qu’une de mes clientes influenceuses mette en avant une prestation pour que je reçoive une pluie de demandes via les réseaux sociaux », explique en ce sens Valérie Leduc chirurgienne, à Marie-Claire

D’ailleurs, il y a des influenceur.euse.s qui assument et admettent de participer à l’existence de ses diktats de l’apparence en publiant des photos modifiées, comme l’explique par exemple Maïssane, issue de la téléréalité à TF1.

« Ma routine, c’est de photoshoper ma tête. Je peux photoshoper absolument toutes les zones de mon corps. (…) J’ai fait refaire mon nez deux fois, mes seins, mes lèvres, du botox, le contour de mon visage, mes dents »

Les Kardashians, ne sont pas en reste. Elles ont assumé dès le début, publiquement, leurs passages répétés sur le billard. Ainsi, la tendance actuelle serait d’avoir les lèvres pulpeuses, une taille de guêpe et les seins bonnet D comme Kim Kardashian. Le top 3 des opérations les plus demandées seraient les injections des botox et d’acide hyaluronique, la chirurgie des seins et la liposuccion.

Une chirurgie décomplexée alarmante

Problème : la démocratisation de la chirurgie et la multiplication de ses nouveaux standards de beauté peuvent être dangereux pour la santé physique et mentale de ces personnes.

À l’heure où les jeunes filles et garçons doivent se construire et accepter leur corps, iels sont confrontés à de multiples standards, leur rappelant qu’iels ne sont pas « parfaits ». L’affaire Maeva Ghennam sur sa chirurgie esthétique de la vulve, est un exemple des dérives sur les réseaux sociaux et des injonctions qui pèsent fortement sur les femmes et plus particulièrement, dans ce cas, des parties génitales féminines.

Bien que la chirurgie soit de plus en plus décomplexée, elle engendre avec elle des dépendances chez les jeunes et des complexes beaucoup plus forts et ancrés. Un mouvement qui inquiète certain.e.s médecins esthétiques et psychologues.

« La tyrannie esthétique a toujours existé dans notre société, mais la médecine esthétique était surtout accessible aux plus riches auparavant, alors que maintenant, la pratique est bien plus horizontale, démocratisée et décomplexée. Aujourd’hui, on peut demander des injections à Noël comme on demanderait des baskets ou un sac ! Mais ce n’est pas juste un achat, ça touche le corps.

Sans vouloir moraliser le débat et stigmatiser les jeunes patients, il est clair que la médecine esthétique n’arrange rien aux problèmes plus profonds de ces jeunes, qu’il faut traiter par un travail de fond », analyse le psychologue Michaël Stora pour TF1

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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