Masculinité toxique : et si elle empoisonnait aussi la planète ?

D’après une étude suédoise, les hommes provoquent 16 % de plus que les femmes d’émissions responsables du réchauffement climatique. Une des principales causes de l’écart entre les deux sexes ? L’achat excessif de diesel pour les voitures, sous l’influence des signes extérieurs de virilité. Cette masculinité toxique s’avère alors néfaste non seulement pour les hommes, les femmes, leur santé physique et mentale respective… mais aussi pour la planète !

En quoi cette masculinité est toxique pour la planète ?

On savait déjà que certaines masculinités pouvaient être toxiques pour la société et les humain.e.s, mais pas spécialement pour la planète. La masculinité toxique est, grossièrement, ce fléau qui pousse certains hommes à agir de manière plus violente lorsqu’ils sentent que leur virilité est remise en cause. La sensibilité, le soin de soi-même et des autres, ou encore le tri des déchets pour préserver la planète sont alors dans ce contexte, associés à la féminité.

Une étude suédoise visait à connaître l’impact de la consommation des ménages privés, féminins et masculins, sur les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, les scientifiques ont comparé les dépenses d’hommes et de femmes célibataires aux revenus similaires. Iels ont souligné leurs achats les plus responsables d’émissions de gaz à effet de serre.

Résultats ? Pour les deux sexes, la nourriture et les vacances sont à l’origine de plus de 50 % de leurs émissions. Mais l’étude a également remarqué que les hommes provoquent 16 % de plus que les femmes d’émissions responsables du réchauffement climatique. Et cet écart est principalement causé par un achat excessif d’essence ou de diesel pour les voitures, par les hommes. Une consommation due à l’influence des signes extérieurs de virilité, note l’étude.

L’étude suggère que les hommes sont plus susceptibles de ne pas adopter des comportements écologiques par peur de paraître efféminés ou d’avoir l’air gay. Cette recherche, publiée dans le Journal for Industrial Ecology, explique que les différences entre les sexes dans les émissions ont été très peu étudiées auparavant. Pour les scientifiques, elles mériteraient d’être reconnues dans l’action pour mieux vaincre la crise climatique.

Des achats stéréotypés autour de la nourriture et des vacances

Ainsi, l’étude a découvert que les vacances représentaient environ un tiers des émissions, tant pour les hommes que pour les femmes. Un chiffre étonnant pour Carlsson Kanyama, de la société de recherche Ecoloop en Suède, qui a également dirigé l’étude. Les hommes célibataires dépenseraient 70 % de plus que les femmes en carburants pour leurs vacances. Pour les scientifiques, la façon dont les suédois.es dépensent est très stéréotypée :

« Les femmes dépensent plus d’argent pour la décoration de la maison, la santé et les vêtements, et les hommes pour le carburant, les repas au restaurant, l’alcool et le tabac »

L’étude note que des modifications apportées à l’alimentation et aux vacances, afin de réduire les émissions personnelles, ont été choisies car elles ne nécessitent pas de dépenses supplémentaires, telles que l’achat d’une voiture électrique.

« Ce sont des changements substantiels bien sûr, mais au moins vous n’avez pas besoin de vous trouver un autre emploi ou d’emprunter de l’argent à la banque. C’est donc quelque chose à portée de main ici et maintenant. Vous utilisez simplement le même argent que vous avez et achetez autre chose », a déclaré Carlsson Kanyama.

À noter que pour ce qui fait la plus grande différence écologique en achat de diesel et de carburant, l’étude n’incluait pas la consommation de carburant lié aux véhicules de travail. Elle précise tout de même que des recherches antérieures avaient révélé que dans les familles avec une seule voiture, les hommes l’utilisaient plus souvent pour aller travailler. Et que les femmes étaient plus susceptibles d’utiliser les transports en commun.

Inclure le genre dans les questions environnementales

Aussi, les scientifiques ont précisé qu’échanger de la viande et des produits laitiers contre des aliments à base de plantes et passer à des vacances en train, plutôt qu’en avion ou en voiture, réduisait les émissions de 40 %. Un chiffre non négligeable. Reste à préciser que les célibataires suédois.es ne sont pas les raisons principales du dérèglement climatique.

En effet, Annika Carlsson Kanyama le précise, si cette étude vise à souligner les différences de genre dans la responsabilité pour l’environnement, elle tient à interpeller les instances de décision sur la question. « Nous pensons qu’il est important de prendre en compte la différence entre les hommes et les femmes dans l’élaboration des politiques », explique-t-elle. Leonore Gewessler, ministre autrichienne du Climat, insiste également sur le fait que la crise climatique affecte les hommes et les femmes de manière très différente.

« Par exemple, la majorité des personnes touchées par la précarité énergétique sont des femmes. Il est donc crucial de prendre en compte les différences de genre dans l’équation, si nous voulons développer des solutions et une transformation qui fonctionne pour tout le monde », explique-t-elle

Et vous, pensez-vous que votre genre influence vos achats ? Venez partager vos impressions avec nos lecteurs et lectrices, sur notre forum !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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