En Corée du Sud, pays réputé pour sa modernité, une femme a vécu un acte d’une violence extrême simplement en raison de sa coupe de cheveux courte. Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de masculinité toxique et de tensions profondes entre les genres, qui divisent la société sud-coréenne comme jamais auparavant.
Un témoignage bouleversant
Lors d’une soirée à Jinju, en Corée du Sud, On Ji-goo travaillait lorsqu’un jeune homme entra dans la boutique où elle était employée, manifestant une colère incontrôlable. Lorsque la femme On Ji-goo lui demanda de faire attention, l’agresseur se déchaîna, allant jusqu’à lui arracher son téléphone et lui porter des coups répétés, tout en proférant des propos misogynes comme : « Je ne frappe jamais les femmes, mais les féministes méritent bien d’être battues ».
Son geste violent avait « une raison » – selon cet homme : On Ji-goo avait les cheveux courts, ce qui a suffi à ce qu’il la prenne pour cible. Ce « crime de haine » a été reconnu explicitement lors d’un procès historique, donnant un précédent judiciaire rare en Corée du Sud, comme l’explique The Guardian.
Entre modernité et misogynie virulente
La Corée du Sud, malgré son image de pays ultra-connecté et moderne, connaît une fracture profonde entre hommes et femmes, exacerbée par un terreau numérique fertile aux discours antiféministes les plus virulents. Ce pays affiche des paradoxes saisissants comme un taux d’éducation des femmes très élevé, parmi les meilleurs de l’OCDE, mais aussi les plus grandes inégalités salariales et une quasi-exclusion des femmes dans les postes décisionnels. Sur internet, les forums et réseaux anti-féministes prospèrent, nourrissant une colère masculine « mal canalisée » et souvent tournée contre les femmes.
Une spirale toxique et politique
Cette intensification des conflits de genre s’inscrit aussi dans un contexte politique tendu, où des figures publiques instrumentalisent cette colère masculine à des fins électorales. L’hostilité envers les féministes est réelle et organisée, allant jusqu’à des campagnes en ligne violentes et une radicalisation inquiétante de certains groupes d’hommes. Pour beaucoup de jeunes hommes sud-coréens, la perte de privilèges traditionnels et la pression d’un modèle masculin rigide créent un terrain fertile à la haine, dont les femmes deviennent les cibles.
Résilience et lutte pour le changement
Malgré la violence et la discrimination, des voix s’élèvent pour défendre l’égalité et le respect, souvent au prix de grandes difficultés. On Ji-goo, encore traumatisée, trouve du réconfort dans le soutien populaire massif et continue de militer à travers les réseaux sociaux pour d’autres victimes. Des groupes féministes, ainsi que des mouvements masculins alternatifs comme « Feminism with Him », travaillent à déconstruire ces modèles toxiques dans un dialogue pacifique et nécessaire. Leur combat illustre la volonté d’un changement social profond, aussi bien dans les mentalités que dans la politique.
Dans une société où les contradictions culturelles sont exacerbées par la modernité et la digitalisation, ce témoignage poignant met ainsi en lumière un combat crucial contre la misogynie et pour une coexistence plus juste et respectueuse. Un défi majeur pour la Corée du Sud, et un appel à la vigilance pour le reste du monde.