Pendant des décennies, les femmes ont vécu au crochet des hommes. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à s’accomplir seule et à fuir les scénarios misogynes du passé. Si autrefois, les hommes étaient les chefs du foyer et les pourvoyeurs financiers, aujourd’hui ce sont désormais des personnages de second plan, qui entrent et qui sortent dans le quotidien des femmes.
Une déclaration d’indépendance
Au 21ème siècle, les femmes montent des meubles toute seule, passent le karcher sans aide extérieure, gèrent les barbecues d’une main de maître et regardent des tutoriels pour régler les problèmes de chaudière ou de voiture. Elles ne délèguent plus ces tâches aux hommes, dont elles font d’ailleurs abstraction. Elles s’auto-suffisent.
Pendant longtemps, les hommes se sont rendus indispensables et ont gardé une mainmise sur les femmes, alors condamnées à leur rôle de mère au foyer. Se marier était souvent synonyme de sécurité, voire de survie. Mais aujourd’hui, cette phrase “je n’ai pas besoin d’homme” devient pour certaines une évidence, pour d’autres une révélation. Comme une revanche silencieuse sur des années de domination, les femmes s’affranchissent de cette présence masculine, parfois pesante.
Certaines d’entre elles entreprennent même un boy-sober, soit un sevrage des hommes à long terme. Le hashtag associé cumule des millions de vues TikTok, preuve d’un véritable mouvement de fond. Les femmes se passent volontiers de leurs homologues et les laissent en dehors de leur décor. Loin de donner raison à cette image péjorative de la femme à chat, elles reprennent surtout les rênes de leur vie, longtemps confiée aux hommes.
Ça ne veut pas dire que ces femmes rejettent les hommes en bloc, mais qu’elles ne les considèrent plus comme un centre gravitationnel autour duquel doivent s’articuler leur bonheur, leur estime d’elles-mêmes, ou leurs choix de vie. Là où auparavant, les hommes étaient essentiels désormais, ils sont accessoires.
Ce qu’elle ne dit pas : ni rancune ni haine
À l’évocation de ces femmes qui proclament “je n’ai pas besoin d’homme”, beaucoup imaginent une Femen en furie ou une féministe radicalisée, qui a une haine palpable envers le genre opposé. Or, cette phrase n’est pas une déclaration de guerre mais une réappropriation de pouvoir : le leur.
Ces femmes peuvent aimer les hommes, avoir des relations avec eux, voire en vivre de très belles. Mais elles ne bâtissent plus leur valeur personnelle à travers leur regard. Elles ne cherchent plus à être « choisies ». Et c’est précisément ce qui dérange. Pendant des siècles, les femmes ont cherché à s’épanouir dans les yeux de ces messieurs. Maintenant, elles sont les principales protagonistes de leur existence. Les hommes ne remplissent plus leur vie, ils la meublent, à la limite. Ils sont “facultatifs”, “optionnels”. Et pour ces hommes qui ont toujours eu l’habitude d’être au cœur de l’attention, ce constat est douloureux. Les hommes le vivent comme une “castration sociale”.
Un miroir tendu à la société
Dire qu’on n’a pas besoin d’hommes, c’est aussi pointer du doigt la façon dont la société continue, parfois de manière insidieuse, à valoriser les femmes en fonction de leur statut amoureux. Une femme célibataire, surtout à partir d’un certain âge, est encore trop souvent perçue comme « en attente ». Comme si sa vie ne pouvait être pleine que si elle était accompagnée.
À travers cette posture, ces femmes affirment que leur accomplissement ne dépend pas d’une validation extérieure. Et cela participe à faire évoluer les mentalités, à montrer qu’une vie féminine peut être riche, dense, pleine de sens… même sans “chevalier blanc” ou “prince charmant”.
L’énergie masculine, tout de même bonne à prendre ?
En 2025, les femmes font d’elles une priorité. Celles qui ont fait du “je n’ai pas besoin d’homme” un crédo ne cherchent pas à se mettre sur un piédestal ou à faire une démonstration de force. Ces femmes-là, qui, autrefois, auraient été cataloguées en “sorcières” veulent juste mener leur vie comme elles l’entendent, sans qu’on leur dicte ce qui est “bien” ou “mal”. Certaines font des bébés toute seule comme le présageait la chanson de Jean Jacques Goldman, d’autres acquièrent des biens immobiliers avec leur unique nom sur le contrat.
Alors non, les femmes n’ont pas besoin des hommes pour remonter la tirette de leur robe, ni pour changer la lampe halogène et encore moins pour tondre la pelouse. En revanche, elles peuvent se nourrir d’une énergie masculine saine, que des figures comme Pedro Pascal et Harry Style incarnent à merveille. Anaïs Bisiaux, mentore féminine et accompagnante en féminin sacré, le rappelle : le masculin et le féminin sont comme le Yin et Yang, il ne fait qu’un en nous. L’idée n’est donc pas de faire chuter les hommes de leur piédestal pour s’y hisser, ni d’intenter un coup d’état genré mais de s’inspirer mutuellement. C’est une nouvelle manière d’exister, côte à côte, plutôt que dans la fusion ou la dépendance.
Ces femmes qui disent qu’elle n’ont pas besoin d’hommes ne sont pas forcément dans le versant extrême du « girl power« . C’est peut-être simplement parce qu’elles ont enfin appris à avoir besoin… d’elles-mêmes. À ne plus se sacrifier pour répondre aux besoins d’un autre.