De femme de chambre à députée : qui est Rachel Keke ?

Sa victoire à l’Assemblée nationale a fait grand bruit le 19 juin 2022. Élue avec 50,3 % des voix, elle bat l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu dans le cadre des dernières élections législatives. Candidate investie par le parti NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), Rachel Keke, femme de chambre de profession, est connue pour être l’une des figures de proue du mouvement de contestation de l’hôtel Ibis Batignolles. Portrait d’une femme résiliente au destin hors du commun.

Rachel Keke : la voix des sans-voix

Fraîchement élue députée, Rachel Keke est une Franco-Ivoirienne de 48 ans arrivée en France à l’âge de 26 ans. Née à Abobo, près d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, elle s’est fait connaître du grand public en portant haut et fort les revendications de 17 de ses collègues femmes de chambre travaillant à l’hôtel Ibis Batignolles. Le but ? Améliorer leurs conditions de travail. Après 22 mois de grève, un accord historique est enfin signé avec la direction.

Et ce goût de la persévérance, Rachel Keke compte bien le mettre au service des citoyen.ne.s français.es. « La victorieuse déterminée », comme elle se surnomme sur les réseaux sociaux, compte bien être la voix des sans-voix. Juste après sa victoire, elle a déclaré à la presse :

« Je suis femme de chambre, femme de ménage, agent de sécurité, aide-soignante, aide à domicile : je suis tous ces métiers invisibles. Et à l’Assemblée nationale, tous ces métiers seront visibles ! Je serais une députée exemplaire ! »

Arrivée en 2000, Rachel Keke est naturalisée française en 2015. Depuis toujours, elle fait partie de cette catégorie que l’on surnomme « les métiers de l’ombre ». D’abord coiffeuse puis femme de chambre et enfin, gouvernante. Des métiers bien souvent féminins réunissant des travailleuses qui redoublent d’efforts pour joindre les deux bouts.

« S’il n’y a pas de femmes de chambre, il n’y a pas de tourisme en France ! »

Fin mai 2021, Rachel et ses collègues célèbrent la victoire après 22 mois de lutte contre la direction de l’hôtel Ibis Batignolles. Entre temps, la femme de chambre décide de voir plus grand et se lance dans la bataille pour les législatives. Syndicaliste CGT rodée à la lutte sociale, elle compte bien continuer à mener le combat dans l’Hémicycle.

Pour elle, il est primordial que l’ensemble des député.e.s soit plus représentatif.ve de la population française. Durant la campagne aux législatives, elle est identifiée comme « la femme de chambre candidate ». Une image qui ne l’a pas du tout agacée, au contraire :

« C’est une fierté, un honneur. S’il n’y a pas de femmes de chambre, il n’y a pas de tourisme en France ! »

Fille d’une vendeuse de vêtements (disparue lorsqu’elle avait 12 ans) et d’un conducteur d’autobus, Rachel est également mère de 5 enfants. Sa famille et elle habitent les Sorbiers, une citée de Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne. Elle le dit ouvertement, sa vie en France n’a pas été simple. Elle déménage régulièrement, alternant entre squats et appartements d’ami.e.s.

Bien loin de s’apitoyer sur son sort ou de se reposer sur ses lauriers fraîchement acquis, Rachel Keke compte bien « secouer le cocotier » à l’Assemblée, comme elle l’exprime. Elle ne se définit pas comme « rebelle » mais veut se battre pour la dignité des travailleur.se.s de l’ombre. Et se décrit également comme « féministe » et « défenseuse des gilets jaunes ».

Un agenda estival chargé

Le portrait d’une femme résiliente et qui n’a pas peur de se battre pour une cause qu’elle trouve juste. Une voix du peuple qui espère faire du bien dans un Hémicycle où beaucoup d’entre nous ont la sensation de ne pas être entendu.e.s.

D’ailleurs, il semblerait que les nouveaux député.e.s n’auront pas le temps de siroter des cocktails sur plage cet été. Le Palais Bourbon les attend de pied ferme dès le 28 juin 2022 pour leur rentrée. Le lendemain, il.elle.s vont devoir voter pour constituer le bureau de l’Assemblée nationale : 1 président.e, 6 vice-président.e.s, 3 questeur.se.s et 12 secrétaires.

Dès le 11 juillet, les travaux législatifs devraient pouvoir commencer et Rachel Keke entrera en action.

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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