Se lever de bon cœur le matin, aller au boulot le sourire accroché aux lèvres et le pas hâtif… Ce scénario relève de l’exception. Pourtant, il y a bien un métier qui se pratique dans la bonne humeur et il est plutôt inattendu. Ce job que personne ne soupçonne ne rapporte pas des mille et des cents mais il rend heureux ceux qui l’accomplissent.
Une étude d’envergure sur l’épanouissement au travail
Pendant l’enfance, lorsque la maîtresse nous demande le métier de nos rêves, on se projette dans un vaisseau spatial, à tutoyer l’espace, devant un tableau noir, dans la peau de notre instit ou aux commandes d’un avion. Or, avec l’âge, les envies changent. Il faut trouver un métier qui rapporte, faire des études longues, acquérir d’innombrables diplômes, quitte à sacrifier un peu de sérotonine. Souvent on a un travail par obligation, pour payer les factures, on y rend à reculons, parfois avec la boule au ventre et la mine déconfite. Peu de gens ont un métier qui les anime, qui assouvit une passion lointaine.
Si aujourd’hui, de nombreux jeunes fantasment sur le quotidien en apparence idyllique des influenceurs, ce sont des métiers plus terre-à-terre qui font du bien au moral. Comme le pointe une étude d’envergure menée en Estonie et rapportée dans le magazine New Scientist, le job qui rend les gens vraiment heureux n’est pas le plus vanté par les conseillères d’orientation. Cette étude portée sur 59 000 personnes, à la tête de 263 métiers différents, fait un état des lieux du bonheur au travail et c’est édifiant. C’est certainement la plus aboutie des dernières décennies.
Soumis à un examen sanguin et un questionnaire approfondi sur la nature de leur emploi, leur salaire, leur personnalité et leur degré d’épanouissement, ils n’ont omis aucun détail. Toute leur vie professionnelle a été passée au peigne fin. À la surprise générale, le métier le plus galvanisant, n’est pas le plus “évoqué” lors des vœux de fin de lycée. Pourtant, les personnes qui l’exercent se réveillent avec plaisir, sans espérer remporter le jackpot au loto.
Ce métier, riche de sens, est en première place
À la surprise générale, ce sont les métiers du soin et de l’écriture qui arrivent en tête. Revêtir la blouse blanche ou la plume serait particulièrement exaltant. Même si les métiers qui se tiennent entre les murs des hôpitaux et des maisons de retraite suscitent plus souvent l’adjectif “pénible” que la jubilation, ce sont avant tout des vocations. Il y a ce sentiment d’utilité en toile de fond. La profession de clergé serait tout aussi porteuse.
À l’inverse, le travail en cuisine, dans les transports, en entrepôt ainsi que le démarchage téléphonique ferait plutôt broyer du noir. Les métiers qui déteignent le mieux sur la vie personnelle sont là encore ceux du corps médical, pourtant très prenants. Les ingénieurs maritimes, les psychologues, les travailleurs du métal et les enseignants spécialisés ne sont pas très loin derrière. Dans le sens inverse, les serveurs, les facteurs, les vendeurs, les chimistes, les charpentiers, les agents de sécurité et les sondeurs, ont moins le goût de la vie.
Au travail, l’argent ne fait pas forcément le bonheur
Si certains métiers ne font pas beaucoup recette, ils détiennent pourtant l’ingrédient secret du bonheur, denrée rare dans cette époque matérialiste. Dès le plus jeune âge, on nous encourage à faire des métiers qui payent bien et qui offrent un mode de vie confortable. Un métier qui met des billets dans les yeux, pas des étoiles, ni des étincelles. Or cette étude contredit tout ce que nos parents nous ont appris : l’argent ne fait pas tout.
« Les emplois offrant un sens élevé de l’accomplissement sont associés à une plus grande satisfaction, et même les emplois moins prestigieux peuvent être très gratifiants » étaye Kätlin Anni, auteure principale de l’étude. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on a un salaire bien plus haut que la moyenne qu’on a un élan de motivation chaque matin. Le salaire ne pèse guère dans l’équation travail-bonheur.
Alors que de nombreuses personnes vont au travail juste pour « gagner leur vie », d’autres y récoltent bien plus que des sous. Le job qui fait la fortune de l’âme et qui rend heureux n’est pas le plus tape à l’oeil. Non, c’est le plus humain.