En finir avec la transphobie : la transidentité n’est pas un « effet de mode » !

Les débats transphobes qui réduisent la transition de genre à une « vulgaire tendance » n’ont qu’à bien se tenir. Une étude américaine initiée auprès de plus de 90 000 adolescent.e.s étouffe cet argument phare et sans fondement des groupes anti-LGBT. Loin de là l’idée d’une mode éphémère encouragée par un élan social. Les influences extérieures n’auraient aucune incidence sur la transidentité.

Que les plus hostiles frissonnent. Ce saut entre les genres n’est pas « une simple passade » comme les extrémistes le scandent souvent. Ce sont les chiffres qui parlent et ils fracassent en plein vol les clichés grandissants autour de la transidentité. Éclairage en ce 17 mai, Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.

Une étude qui fait grand bruit

Cette étude retentissante survient dans un climat particulièrement tendu. Une vague de haine envers la communauté LGBT+ soulève le Royaume-Unis et les personnes trans sont particulièrement prises pour cible. Selon une enquête exclusive, les crimes transphobes ont même triplé en à peine 5 ans dans le pays.

En France, le constat n’est guère plus réjouissant. Selon le dernier rapport de l’association SOS Homophobie, le nombre d’agressions physiques LGBTIphobes a augmenté de 28 %, par rapport à 2021. On apprend que c’est sur internet que les actes LGBTIphobes sont le plus commis (17 %), puis au sein même du cercle familial (15 %), dans les commerces et services (13 %), dans les lieux publics (12 %), par le voisinage (9 %) et dans le milieu scolaire (6 %).

En août 2022 déjà, le Planning Familial publiait une campagne inclusive intitulée « On sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». Dans la foulée, des commentaires profondément bas d’esprit avait embrasé la toile. « Mutilations sociétales », « idéologies mortifères », « déconstruction de l’Humanité »… un florilège de jugements imperméables à la transidentité s’était imposé sans demander son reste.

Un mode opératoire inédit

Cette animosité gratuite n’est que le prolongement d’idées reçues déjà bien ancrées. « Contagion sociale », qui s’hérite au gré des influences, voilà comment les détracteur.rice.s illustrent la transidentité. Pourtant, une étude américaine de grande envergure fait taire ce discours dégradant illico presto.

Apparue début août 2022 dans la revue de l’Académie américaine Pediatrics, elle démontre que la transidentité est indépendante de la pression sociale. Pour appuyer leur travail, les chercheur.e.s ont analysé les données de plus de 90 000 adoelscent.e.s trans ou non binaires entre 2017 et 2019, à travers 16 états. C’est la plus grande analyse jamais réalisée auparavant !

La fin d’une théorie dégradante

La rapid-onset gender dysphoria, soit la dysphorie de genre à apparition rapide, fait partie des sombres théories pondues par les politiques transphobes. Cette vision réductrice induit que les adolescent.e.s voulant entamer une transition le font par « effet de mode » ou par « mimétisme ». Elle pointe surtout les personnes de genre féminin à la naissance (AFAB, assigned female at birth), soi-disant plus exposées et sensibles à cette pression sociale. Cette théorie se base sur de simples témoignages fournis par des parents. Un avis tranché, aux antipodes de la neutralité.

Données quantifiables à l’appui, les chercheur.e.s de Boston ont démêlé le vrai du faux, au grand dam des plus conservateur.rice.s. Résultat : les personnes transgenres assignées hommes (AMAB) à la naissance sont tout autant nombreuses que les personnes assignées femmes à la naissance (AFAB). En résumé, le document l’explique ainsi :

« En 2017, 2 161 (2,4 %) participant.e.s ont été identifiés comme transgender and gender-diverse (TGD) (des personnes dont l’identité de genre n’est pas celle qui leur a été attribuée à la naissance), avec un ratio AMAB/AFAB de 1,5/1. En 2019, 1 640 (1,6 %) participant.e.s se sont identifié.e.s comme TGD, avec un ratio AMAB/AFAB de 1,2/1 »

La représentation des personnes trans sur la bonne pente

Ces chiffres, au-delà de leur côté symbolique, servent de preuves tangibles pour aborder la transidentité sous un angle plus sérieux. Indéniablement, des efforts restent à faire en matière de tolérance. Pourtant, la transidentité rejoint, non sans tumultes, le banc du sport ou du concours Miss France.

Plus inattendue encore, la série Raven diffusée en juillet 2022 sur Disney Channel, était la première à présenter un personnage trans. Des petites victoires s’amorcent ainsi dans cette féroce course à la diversité et en cette Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie on ne peut que s’en réjouir. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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