Lorsque vous parlez, elles vous interrompent sans demander la permission. Elles font irruption dans votre discours avant même que vous l’ayez terminé. Que ce soit lors d’une réunion de travail ou d’une soirée festive entre amis, elles maîtrisent l’art de couper la parole. Cette fâcheuse habitude qui passe souvent pour un manque de respect cache une explication plus profonde.
Une habitude (vraiment) agaçante
Vous avez à peine aligné deux phrases que cette fameuse personne coupe court à votre dialogue. Elle vous subtilise la parole et la garde durablement. Vous commencez à exposer une idée, à raconter une anecdote ou à parler d’un sujet qui vous tient à cœur et sans préambule, elle met un point final à votre discours. Comme si ce que vous disiez n’avait pas besoin d’être terminé, ou pire : comme si ce n’était pas aussi intéressant que ce que l’autre avait à dire. Rageant ? Oui. Mais aussi révélateur.
Quand ce scénario arrive, vous bouillonnez de l’intérieur et vous vous dites silencieusement “mais quelle impolitesse”. Vous avez l’impression que la personne se sent plus importante que vous, qu’elle snobe ouvertement vos propos. Ça vous irrite fortement. C’est comme si on vous claquait la porte au nez : la sensation est douloureuse. En amour, au travail, en amitié, vous ne cherchez pas seulement à parler, vous cherchez à exister dans les yeux (et les oreilles) des autres. Alors pourquoi certaines personnes semblent-elles incapables d’écouter jusqu’au bout ? La réponse est souvent plus complexe qu’il n’y paraît.
Parler pour combler un vide (intérieur)
Certaines personnes coupent la parole non pas par manque de respect, mais par anxiété sociale. Elles redoutent les silences, anticipent les propos de l’autre, ou craignent de perdre le fil de leur pensée si elles attendent trop longtemps. Pour elles, l’interruption est une forme d’autoprotection. Ce n’est pas contre vous, c’est pour elles. Alors faites preuve d’indulgence avec ces personnes, qui empiètent sur vos présentations orales.
Cette attitude peut aussi être le reflet d’une faible intelligence émotionnelle. La personne a peut-être du mal à percevoir l’effet de ses actes sur les autres. Elle n’a pas conscience que c’est “déplacé”. En général, ça arrive surtout si les parents ont privé leurs enfants de parole et les ont forcé au motus. Il y a également des personnes qui coupent la parole parce qu’elles ne savent pas écouter : un art délicat à l’ère du “moi je”.
Une question de pouvoir… ou d’ego
Si certaines personnes ne peuvent pas s’empêcher de couper la parole c’est aussi pour recentrer l’attention sur elles et exercer un pouvoir de supériorité. C’est un acte de domination, une manière de dévaloriser l’autre et de se donner du crédit. Cette personne ne parle pas plus fort, elle s’accapare simplement le discours, en ramenant toujours tout à elle. Une pratique courante dans les relations toxiques. Pour elle, ça revient au même que d’accrocher du scotch sur la bouche de l’autre, de la bâillonner.
Parfois, c’est simplement de l’égocentrisme pur : la personne ne s’en rend même plus compte, tant elle est focalisée sur elle-même. En fait, elle ne prend même pas la peine de vous écouter et s’investit à bouche perdue dans un monologue sans fin.
Comment réagir sans devenir celle qu’on interrompt aussi ?
Face à ces comportements, vous pouvez poser des limites douces mais claires. Une phrase simple comme « Je n’avais pas terminé » ou « Laisse-moi finir » peut suffire à recadrer la discussion. L’essentiel est de ne pas se laisser réduire au silence.
Vous pouvez aussi vous demander, en toute bienveillance : Et moi ? Est-ce que je coupe la parole parfois ? Parce que l’écoute est un muscle relationnel : plus on le travaille, plus on construit des échanges équilibrés, respectueux, vivants.
Les personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de couper la parole des autres ne le font pas toujours exprès. Cette attitude, aussi détestable soit-elle, reflète parfois une fragilité intérieure. D’ailleurs, peut-être que vous aussi vous avez déjà écourté vos proches sans le vouloir.