Regards insistants, caméra de téléphone braquée sur le visage, rires non dissimulés… Une baroudeuse aguerrie, qui sillonne le monde en solitaire, a posé son sac en Thaïlande et elle s’est sentie comme une OVNI dans ce pays d’Asie. Les locaux, visiblement intrigués par sa couleur de peau, lui ont un peu donné l’impression d’être une curiosité vivante.
Une voyageuse noire devient une attraction en Asie
Elle a foulé de nombreuses terres d’Asie, des rizières du Vietnam aux plages paradisiaques de Malaisie en passant par les rues bouillonnantes de la Thaïlande. Lors de son séjour, cette backpackeuse chevronnée, qui connaît le globe comme sa poche et qui a déjà vu du paysage, a vécu une première approche un peu spéciale avec les habitants. Avec son teint ébène, elle s’est un peu sentie comme une extraterrestre sortie d’une autre planète et a été soumise à tous les flashs.
Les locaux s’arrêtaient à chaque fois qu’ils la croisaient et dégainaient leur téléphone pour la prendre en photo comme ils le font face à un monument ou une œuvre. D’autres l’épiaient sans faire preuve de discrétion et la regardaient en ricanant. Certains appelaient carrément leur famille en FaceTime pour faire part de leur “étrange découverte” et pointaient le viseur sur cette aventurière 2.0. Mais il y avait également ceux qui réclamaient une photo poliment, comme on demande un autographe à une star.
Si en Europe, son teint chocolaté passe totalement inaperçu, en Asie, sa carnation relève un peu du “jamais vu” et arrondit les yeux sur son passage. C’est un peu comme lorsqu’une blonde aux yeux bleus s’invite dans une tribu d’Afrique, ce n’est pas “habituel”. Alors forcément, ça crée des attroupements massifs et suscite l’étonnement.
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Ces situations auxquelles elle a été confrontée
Lors de son périple en Asie, la baroudeuse s’est parfois sentie comme une célébrité et d’autres, comme une créature surnaturelle. La stupéfaction face à son corps ébène ne prenait pas toujours la même forme. Il y avait des personnes très intrusives, qui armaient leur caméra sur elle comme sur un Pokémon sauvage. Il y en avait d’autres qui lui demandaient son consentement pour un selfie.
Dans la barre des commentaires, des femmes noires partagent leur ressenti à chaud. “Je m’énerverais tous les 100 mètres” déclare l’une. “Pour ma part, ça ne me dérange pas trop, car j’ai senti que dans 95% des cas, c’est surtout de la surprise” témoigne une autre.
Même si ces expériences peuvent mettre mal à l’aise et donner le sentiment d’être une bizarrerie ambulante, la voyageuse relativise. Pour elle, ces scènes sont “inoffensives”, sans sous-entendus racistes, ni arrière pensée malsaine.
Du racisme ou le simple effet de la nouveauté ?
Est-ce du racisme, ou simplement de la méconnaissance ? Une curiosité naïve ou une forme d’exotisation maladroite ? Comme beaucoup d’autres femmes noires ayant voyagé dans des pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, la baroudeuse s’est retrouvée dans une zone grise : entre accueil chaleureux et objectification silencieuse.
Ici, chaque pas est scruté, chaque boucle de cheveux attire l’attention, chaque centimètre de peau devient une attraction. Pour autant, elle ne crie pas au scandale. Elle nuance. Pour elle, l’absence de diversité dans certaines régions rend ce genre de réactions presque inévitables.
La limite entre fascination bienveillante et regard fétichisant est fine, parfois même imperceptible. C’est pourquoi la baroudeuse à la chevelure texturée a tenu à prévenir les femmes noires qui envisagent de franchir ces frontières. Ce n’est pas tous les jours que des téléphones se posent sur nous et que des inconnus nous traitent comme Beyoncé. Les femmes noires, venues admirer les coins d’Asie, finissent souvent par devenir elles-mêmes le centre de l’attention.
Partir, ce n’est pas juste découvrir le monde. C’est aussi s’y confronter, et parfois, apprendre à exister pleinement dans un regard qui vous dévisage. Être une touriste noire en Asie, c’est marcher, explorer et déconstruire les clichés sur son chemin.