Soutenir les femmes a coûté sa sécurité à cette Japonaise

En proposant quelque chose d’aussi simple que l’accès gratuit à des protections menstruelles dans les toilettes publiques, Ayaka Yoshida, élue japonaise, ne s’attendait sans doute pas à faire l’objet de milliers de menaces de mort. Et pourtant, en mars dernier, son message posté sur X (anciennement Twitter) a déclenché une vague de haine en ligne, révélatrice d’un sexisme profondément ancré dans certains cercles de la société japonaise.

Une demande ordinaire, une réaction disproportionnée

Tout part d’un tweet publié le 25 mars 2025. Ayaka Yoshida, députée préfectorale dans la région de Mie (Japon), raconte un épisode anodin de sa journée : ses règles sont arrivées de manière inattendue alors qu’elle se trouvait dans les locaux de la mairie de Tsu, sans possibilité de trouver de serviettes hygiéniques sur place. « Même à 27 ans, ce genre de choses arrive », écrit-elle, avant de conclure : « Je veux que les serviettes hygiéniques soient disponibles partout, tout comme le papier toilette ».

Une remarque qui, dans bien d’autres contextes, aurait pu passer inaperçue ou soulever un débat constructif. Au Japon, ce message a suffi à déclencher une tempête. En quelques jours, plus de 8 000 courriels haineux ont inondé la boîte mail de l’Assemblée préfectorale de Mie, selon les dires d’Ayaka Yoshida. Des menaces de mort, rédigées sur le même ton, et envoyées à la chaîne entre le 28 et le 31 mars 2025. Le message répétait : « Je tuerai la députée Ayaka Yoshida, qui n’emporte pas de serviettes d’urgence avec elle alors qu’elle est assez âgée pour savoir ce qu’il faut faire ! ».

La violence misogyne au cœur du débat

Derrière cette avalanche de haine se cache un phénomène bien plus large : le harcèlement systématique dont sont victimes les femmes engagées en politique au Japon. Ce n’est pas un dérapage isolé, mais un schéma récurrent, comme l’explique Chisato Kitanaka, sociologue à l’université d’Hiroshima. Dans les colonnes du South China Morning Post, il déclare : « Chaque fois qu’une femme politique fait une déclaration ou rédige une proposition, elle est presque systématiquement attaquée ».

Ce harcèlement n’est pas le fait d’une majorité, mais d’une minorité très active et bruyante en ligne. Ces attaques visent principalement les femmes qui osent aborder des sujets encore tabous ou sous-estimés, comme la santé menstruelle, les violences sexistes ou le droit à l’égalité au travail. C’est précisément ce qui rend le cas d’Ayaka Yoshida si emblématique : en parlant de protections hygiéniques, elle a brisé une norme invisible – celle qui impose aux femmes de gérer leur corps en silence.

Une réponse politique, une peur bien réelle

Face à la gravité des menaces reçues, Ayaka Yoshida a organisé une conférence de presse le 31 mars 2025. Visiblement éprouvée, elle a exprimé sa peur mais aussi sa détermination à continuer d’exercer ses fonctions. « J’ai exercé mes fonctions pour remplir ma responsabilité de députée préfectorale, et ces courriels m’intimident. J’espère que la police mènera une enquête approfondie », a-t-elle déclaré. Elle a également porté plainte auprès des autorités locales, qui ont ouvert une enquête.

Ce n’est pas la première fois qu’une femme politique est prise pour cible au Japon, mais l’ampleur du harcèlement reçu en quelques jours souligne une radicalisation inquiétante. Le message initial d’Ayaka Yoshida ne demandait rien d’extravagant : simplement de penser les toilettes publiques comme des lieux réellement accessibles à tous, y compris aux femmes confrontées à des règles inattendues. Une demande de bon sens, devenue cible de violence.

Un climat politique délétère

Cette affaire intervient dans un contexte où certains discours politiques ouvertement misogynes trouvent encore une tribune. En novembre dernier, Naoki Hyakuta, figure d’un petit parti d’extrême droite, proposait – sans ironie apparente – d’interdire aux femmes d’aller à l’université, de les empêcher de se marier après 25 ans, et d’imposer une ablation de l’utérus à 30 ans pour « résoudre la crise démographique ». Sous la pression, il avait fini par s’excuser, en qualifiant ses propos « d’hypothétiques ».

De telles déclarations, même condamnées, montrent que certaines franges politiques n’hésitent plus à faire des femmes les boucs émissaires de problèmes systémiques. Dans ce climat, les menaces reçues par Ayaka Yoshida ne sont pas un cas isolé, mais un symptôme d’un recul plus large des droits et de la parole des femmes dans l’espace public japonais.

Si cette affaire a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux, elle a aussi permis de mettre en lumière le harcèlement que subissent quotidiennement les femmes engagées. Le combat pour des protections hygiéniques accessibles n’est pas qu’une question de confort, c’est une question de dignité. Et face à la violence qui lui a été opposée, Ayaka Yoshida incarne une parole politique courageuse, essentielle, que beaucoup espèrent voir protégée – et amplifiée.

Maïssane Fraiji
Maïssane Fraiji
Passionnée par l'écriture et toujours à l'affût des nouvelles tendances, j'adore explorer l'univers de la mode, du bien-être et des histoires qui résonnent avec les femmes d'aujourd'hui. Curieuse de nature, j'aime surtout partager mes découvertes et échanger autour de tout ce qui m'inspire.
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