Tenues des athlètes aux JO Paris 2024 : scandale ou exagération ?

Alors qu’il reste moins de 100 jours avant l’ouverture des JO 2024, les polémiques s’enchaînent et font le terreau fertile du hashtag #JOdelahonte. La dernière en date concerne les tenues des athlètes féminines américaines qui s’avèrent très pauvres en tissu. Proches du maillot de bain sexy, elles semblent plus adéquates pour une séance de strip-tease qu’une course à pleine vitesse sur les pistes d’athlétisme. Du moins, c’est ce que fustigent les principales concernées, partagées entre l’indignation et la stupeur. Le constat est triste, mais bien réel : les tenues des athlètes aux JO de Paris 2024 sexualisent toujours le corps féminin. Ce choix vestimentaire écorche un peu plus l’image dorée de cette grand-messe du sport. 

Un bikini échancré… voilà à quoi ressemble la tenue de la discorde

Les JO sont proches. Mais l’événement n’est pas encore lancé qu’il déchaîne déjà toutes les critiques. Cette fois-ci, ce sont nos voisins américains qui accusent le coup. Les athlètes féminines d’outre-Atlantique ont découvert avec amertume les tenues qu’elles devront enfiler pour sprinter autour du stade olympique cet été. Elles n’ont pas vraiment apprécié l’accoutrement imaginé par l’équipementier Nike, qui laisse dépasser de nombreux bouts de chair, même les plus intimes.

Rendues publiques le 11 avril dernier, les tenues prévues pour les athlètes américaines aux JO 2024 ont rapidement enflammé les débats. Il faut dire qu’elles sont plus proches du maillot aguicheur de Pamela Anderson que du vêtement sportif traditionnel. Alors que ces messieurs auront « le luxe » d’arborer un short couvrant et un débardeur, ces mesdames, elles devront enfiler un justaucorps moulant et très échancré sur le maillot. Une simple bandelette recouvrira leur vagin. Ce qui présage d’office une vigilance du geste, voire un handicap.

Pourtant, rappelons-le, celles qui auront cette tenue sur le dos, sont censées faire de grandes enjambées et parcourir une courte distance en un temps record. Un double challenge. Lauren Fleishman, championne du 5000 mètres désormais à la retraite, est la première à avoir fustigé le caractère pénalisant et sexiste de cette tenue. Sur Instagram, elle évoque un « costume issu des forces patriarcales« .

« Les athlètes devraient pouvoir concourir sans avoir à consacrer de l’espace cérébral à la surveillance constante de leurs poils pubiens », s’insurge l’ex-coureuse Lauren Fleishman

D’autres tenues, dont une de la France, aussi dans le viseur

Les tenues des athlètes américaines prévues pour les JO de Paris 2024 devront certainement revoir leurs coutures et s’enrichir en matière pour adoucir les opinions. D’ailleurs, en comparaison l’équipe de France d’athlétisme aura droit à un short large et une brassière. Le seul bémol : la couleur immaculée du bas, pas vraiment rassurante pour les compétitrices en période de règle. Si le costume d’athlétisme des Françaises pensé par le Coq Sportif frôle le sans-faute, une autre tenue bleu, blanc, rouge se fait aussi atomiser par le grand public.

Pour la cérémonie d’ouverture, l’équipe qui représentera nos couleurs tricolores aux JO, se hissera dans une tenue solennelle, un brin anti-conformiste. Un smoking sobre avec des rappels bleu, blanc, rouge, particulièrement raffiné… Jusque là, rien de très blâmable. D’ailleurs, ce costard, réinventé par la noble maison Berluti, possède une élégance qui va à contresens du style sportswear habituel. Mais un détail, assez fâcheux, n’a pas échappé au regard des internautes. Les femmes ont les épaules nues tandis que leurs homologues ont un blazer qui descend jusqu’aux poignets. Quelques centimètres de tissu en moins qui ont tout de suite interpellé le grand public.

Si certain.e.s se sont amusé.e.s à comparer cette tenue à celle des stewards, d’autres ont pointé un attrait malsain pour la peau féminine, régulièrement dévêtue. « Mince je pensais que c’était une compétition sportive. Pas une démonstration de féminité », dénonce l’une d’elles. Les fervents supporters des JO ont dégainé l’argument de la température estivale, parfois caniculaire. Mais c’est L’Équipe qui a « clos » le débat, en évoquant de source sûre, que ces tenues seraient ajustables selon les envies. Quoi qu’il en soit, les tenues des athlètes féminines aux JO 2024 ravivent cet éternel problème de l’hypersexualisation des femmes.

Sexualiser le corps des athlètes, une fâcheuse habitude

Par le passé, déjà, les tenues des athlètes féminines avaient fait l’objet de controverses, qui sonnent tristement actuels. En 2021, des beach handballeuses avaient abandonné le bikini étriqué en signe de boycott pour arborer un ensemble plus décent. Une entrave à la règle qui leur a valu 1 500 € d’amende. Dans la foulée, des gymnastes allemandes prenaient exemple sur leurs consoeurs de sable et laissaient leur justaucorps au vestiaire pour faire des figures en combinaison intégrale. Un acte de rébellion très médiatisé qui faisait passer un message clair : le corps des femmes n’est pas un objet.

Les tenues des athlètes aux JO de Paris 2024 n’ont pas toutes été dévoilées au grand jour, mais elles ne font que recycler les vieux vices des années passées. Dans le lot, certaines sont correctes et proposent des lignes plus objectives pour ces mesdames. Les basketteuses peuvent ainsi prétendre à un ensemble coordonné ample dont le short s’étire jusqu’aux genoux et le débardeur remonte vers le cou. Finalement, tout dépend des disciplines. Mais pour l’heure, les tenues des athlètes aux JO de Paris 2024 transpirent (encore) de sexisme.

En parallèle de la compétition sportive se tient un autre combat : celui de l’égalité vestimentaire entre hommes et femmes. Mais en attendant, les athlètes féminines devront composer avec des tenues qui les réduisent à leur physique et camouflent leurs talents.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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