Il y a des personnes chez qui la vaisselle s’empile jusqu’à former une tour de Pise dans l’évier. À l’inverse, il y en a d’autres qui lavent la vaisselle au fur et à mesure et qui s’arment de l’éponge à la moindre assiette sale. Si vous vous empressez de nettoyer les tasses dès qu’elles sont vides, ce n’est pas juste un réflexe maniaque. Les psychologues ont posé leur loupe sur ce comportement que les autres qualifient volontiers de « manie ».
Un besoin profond de clôturer l’action
Vous ne supportez pas de voir la vaisselle s’entasser dans l’évier. Vous nettoyez tout à la chaîne même quand les invités vous réclament. C’est presque un automatisme. Dès que le repas est terminé, vous enfilez vos gants et vous faites mousser le liquide vaisselle pour vous adonner à ce rituel. Alors que d’autres remettent sans cesse cette tâche domestique au lendemain et ignorent sciemment cette pile de porcelaine qui gagne en hauteur chaque jour, vous libérez votre évier sans tarder. Tant que ce n’est pas fait, vous n’avez pas l’esprit tranquille.
Même si vos proches vous disent « ça peut attendre », vous ne pouvez pas laisser la cuisine dans cet état. Il faut que tout soit nickel illico presto. Vos proches disent peut-être de vous que vous êtes psychorigide ou hyperactif. Pourtant, les psychologues voient d’autres traits en filigrane. Première explication : pour beaucoup de personnes, ranger juste après avoir mangé répond à un besoin psychologique de clôture.
En psychologie, ce concept désigne la satisfaction ressentie lorsqu’une tâche est menée jusqu’au bout, sans laisser de temps morts. Pour ces profils, un repas n’est terminé que lorsque la table est nette, les aliments rangés et l’évier vide. Laisser la vaisselle s’accumuler crée une tension mentale, comme une tâche en suspens qui empêche le cerveau de passer à autre chose. Finalement, ce n’est pas tant la propreté qui apaise… mais la sensation de finir ce qui a été commencé. Et vous êtes certainement comme ça dans d’autres situations. Au travail, vous êtes ce genre de personne qui répond aux mails spontanément et qui boucle les dossiers bien avant la date butoir.
Un moyen de gérer ses émotions
Faire la vaisselle juste après avoir mangé n’est pas une habitude de « psychopathe ». Même si votre entourage se plaît à vous surnommer « Mr Propre », sachez que c’est avant tout un acte de bien-être. Faire la vaisselle peut fonctionner comme un rituel d’apaisement. Les psys parlent même d’une « activité de régulation », au même titre que marcher ou nettoyer son bureau. Le geste répétitif, l’eau chaude, le contact avec les objets… tout cela aide le système nerveux à se calmer.
Autrement dit, la vaisselle est un refuge et l’évier devient un genre de spa nomade. Une étude de l’université d’État de Floride a même montré que faire la vaisselle en pleine conscience réduit de 27 % le stress. Attentive aux sensations, au bruit de l’eau, aux gestes, la personne retrouve une forme d’ancrage et de sécurité intérieure. Si vous vous sentez comme coupé du monde lorsque vous grattez les assiettes, ce n’est pas une simple impression. C’est le même principe que les crises de ménage, cette envie soudaine de tout mettre au propre : ça cache un besoin de se recentrer, de faire le vide.
La peur du chaos (ou simplement du stress visuel)
Un torchon mal accroché, des assiettes sales qui gisent, un plan de travail qui déborde sous les ustensiles, des tasses qui portent encore les stigmates du café… ce sont des scènes d’horreur pour vous. Vous n’aimez pas le désordre visuel. Ce qui explique pourquoi vous faites la vaisselle juste après avoir mangé : vous ne supportez pas ce bazar environnant.
Pour certaines personnalités, un plan de travail encombré, même quelques minutes, crée une surcharge cognitive. Le cerveau lit cette accumulation comme un chaos visuel qui dérange la concentration et l’humeur. Les psys appellent ça la sensibilité à l’environnement. Ces personnes fonctionnent mieux dans des espaces nets, dégagés, cohérents. Alors, remettre un peu d’ordre juste après avoir mangé, c’est simplement permettre à leur cerveau de respirer.
Une grande maîtrise de soi
Là où d’autres procrastinent, vous agissez sans tarder. C’est un peu la mentalité « action, réaction ». Derrière votre côté « fée du logis » se cache surtout une grande discipline et une certaine assiduité. Vous n’avez pas besoin de « to do list » pour vous rappeler à l’ordre, ni de notifications pour vous dire ce que vous devez faire. Tandis que d’autres préfèrent scroller sur leurs écrans, vous dépensez chaque minute intelligemment. Vous pourriez être tenté de vous jeter sur le canapé et vous dire « la vaisselle ne va pas s’envoler », mais à la place vous vous auto-motivez.
Quel que soit votre profil, ce rituel n’est pas un problème en soi. Il devient une force lorsque vous le faites par choix, et non par obligation. Et si un jour vous décidez que le canapé passe avant l’éponge… pas d’inquiétude : votre psychologue intérieur survivra.
