Avaler son déjeuner en dix minutes top chrono est devenu une habitude banale pour beaucoup. Entre les réunions qui s’enchaînent, les emplois du temps surchargés et les pauses déjeuner écourtées, de nombreuses personnes passent à table sans réellement prendre le temps… de manger.
Pourtant, ce rythme effréné a un coût — et pas seulement celui d’un sandwich mal digéré. Plusieurs études, appuyées par des spécialistes en santé comportementale et nutrition, pointent du doigt les risques concrets liés aux repas trop rapides. Problèmes digestifs, grignotages compulsifs, prise de poids… Prendre son temps à table ne relève pas seulement du confort, mais aussi d’un véritable enjeu de santé.
Moins de 20 minutes, un seuil critique pour votre organisme
Le chiffre peut surprendre, mais il est scientifiquement établi que l’estomac met environ 20 minutes à signaler au cerveau qu’il est rassasié. Avant ce délai, les hormones de la satiété n’ont pas encore eu le temps d’agir. Résultat : en mangeant trop vite, on court le risque de dépasser ses besoins sans même s’en rendre compte.
« Il est très facile de continuer à manger au-delà de la sensation de satiété simplement parce que le corps n’a pas eu le temps de réagir », explique Leslie Heinberg, spécialiste en santé comportementale à la Cleveland Clinic (États-Unis). Cette déconnexion entre la faim réelle et la quantité consommée favorise la suralimentation — et avec elle, un risque accru de surpoids, voire d’obésité.
Digestion en accéléré = digestion perturbée
Manger vite n’impacte pas seulement la sensation de satiété : cela peut aussi perturber le processus digestif lui-même. En engloutissant les aliments sans prendre le temps de bien mâcher, on avale aussi beaucoup d’air. Ce phénomène, appelé aérophagie, est souvent responsable de ballonnements, douleurs abdominales et inconfort digestif.
Autre conséquence : des aliments mal mastiqués sont plus difficiles à digérer, ce qui peut nuire à l’absorption des nutriments et sursolliciter l’appareil digestif. Cela peut entraîner des inconforts, voire des troubles digestifs plus chroniques à long terme.
Pourquoi mange-t-on si vite ?
Pour beaucoup, manger rapidement est devenu une seconde nature. Cela commence souvent dès l’enfance ou se renforce à l’âge adulte par manque de temps. Regarder un écran pendant les repas, répondre à ses mails en grignotant, ou finir son assiette entre deux trajets : l’acte de manger devient automatique, presque secondaire.
Mais ce mode de consommation ultra-rapide a un effet pervers : il rend l’alimentation moins consciente. On savoure moins, on repère plus difficilement les signaux de satiété, et on risque, par automatisme, d’en faire trop — ou trop peu.
Ralentir à table : les astuces qui changent tout
La bonne nouvelle ? Il est tout à fait possible de réapprendre à manger lentement. Plusieurs experts recommandent des gestes simples pour réinstaurer une relation plus consciente à l’alimentation :
- Éteindre les écrans pendant les repas : on mange plus vite quand on ne fait pas attention à ce qu’on consomme.
- Utiliser sa main non dominante pour manger : cela oblige à ralentir le geste.
- Boire une gorgée d’eau entre chaque bouchée, ou poser ses couverts régulièrement.
- Mastiquer plus longtemps : cinq à dix fois par bouchée peut déjà faire la différence.
- Choisir des aliments moins transformés : les textures plus denses comme les légumes crus, les protéines ou les céréales complètes nécessitent naturellement plus de mastication.
Ces astuces permettent de se reconnecter à ses sensations alimentaires et de redécouvrir le plaisir de manger… en toute conscience.
Prendre son temps, c’est aussi mieux ressentir
Les bienfaits d’un repas plus lent ne se limitent pas à la digestion. En mangeant plus doucement, on retrouve souvent le plaisir des saveurs, la texture des aliments et un sentiment de satiété plus stable dans le temps. Cela permet aussi de se sentir plus en phase avec son corps, et de mieux écouter ses besoins — sans tomber dans la restriction ni l’excès.
« Être pleinement présent pendant le repas permet non seulement de manger moins, mais aussi de profiter davantage de l’expérience », souligne Sarah Berry, scientifique en nutrition au sein de l’entreprise britannique ZOE.
Dans un monde qui valorise la productivité à tout prix, ralentir à table peut sembler anodin, voire inutile. Pourtant, cette simple habitude pourrait transformer en profondeur votre rapport à l’alimentation, votre digestion et même votre silhouette. Prendre le temps de manger, c’est aussi (re)prendre soin de soi — en douceur et sans régime.
source : https://www.ksl.com/article/51281849/do-you-eat-a-meal-in-20-minutes-or-less-it-might-be-time-to-slow-down