Après dix ans d’absence, Cameron Diaz a réinvesti nos écrans dans le film « Back in Action » où elle campe une agente secrète, mise à la retraite de son plein gré pour protéger ses enfants. L’occasion pour elle de revenir sur les coulisses des tournages post-#MeToo et de faire tomber le rideau. L’actrice, à la filmographie prestigieuse, est bien placée pour faire la comparaison et sonder l’ambiance de l’autre côté des caméras. Toutes ces voix qui se sont élevées contre les prédateurs du 7e art ont-elles vraiment résonné assez fort pour changer les mentalités en interne ? Cameron Diaz, témoin de premier plan, tire son bilan sur le cinéma après #MeToo. Des paroles précieuses.
Les coulisses sombres du cinéma avant #MeToo
Avant que le mouvement #MeToo n’éclate en 2017, Cameron Diaz a été spectatrice de nombreuses situations qui, aujourd’hui, seraient tout de suite dénoncées sur place publique ou entre les pixels. Elle a aussi vécu des gestes déplacés à la première personne comme cette fois où un réalisateur a trouvé drôle de dégainer son chibre en pleine audition.
« Il y avait encore des paramètres. Dans les années 1990, au début des années 2000, il y avait encore une misogynie très forte. Le niveau d’exploitation… ça pesait sur l’ensemble de l’industrie », déclarait-elle trois ans plus tôt sur le podcast Rule Breakers de Michelle Visage
Cette grande star d’Hollywood, en vedette de « Charlie’s Angel » et « The Holiday », a mis sa carrière en pause pendant dix ans pour prendre soin d’elle. Elle s’est retirée de ce monde à l’apparence scintillante, mais à l’arrière-scène crasse à l’aube de l’affaire Weinstein. Avec « Back in Action », film qui se hisse en haut du classement Netflix, l’actrice au sourire d’ange a redécouvert un nouveau cinéma, complètement « dépoussiéré ». Et surtout : « débarrassé » de ses vieux démons.
Une meilleure sécurité sur les plateaux
Au diable les acteurs qui scandent « c’était mieux avant ». Pour Cameron Diaz, qui s’est retrouvée dans le vif de ce cinéma « pervers », #MeToo a « tout changé ». Combien de fois a-t-elle dû faire bonne figure malgré une « quantité d’attitudes inappropriées ». Combien de fois a-t-elle dû simuler un sourire « poli » face à des porcs déguisés. En 30 ans de carrière, celle qui donne la réplique à Jim Carrey dans le film « The Mask » en a vu passer des hommes comme Harvey Weinstein, qui se croyait tout permis. Lorsqu’elle a renoué avec les caméras, en jouant dans « Back in Action », elle a pu constater l’effet salvateur de #MeToo de ses propres yeux. Quelle agréable surprise de retrouver un plateau « safe » où il fait bon vivre.
« Et puis regardez : on vient clairement vous expliquer sur le plateau ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas, on a le droit à un service en ligne, une hotline, pour témoigner le cas échéant, anonymement… C’est incroyable tout ça », se réjouit-elle au micro du podcast Skip Intro de Netflix
Les plateaux de tournage se sont transformés en espaces plus sûrs où le consentement et le respect sont désormais au centre des priorités. Les actrices, les techniciennes et toutes les autres femmes du milieu ne sont plus contraintes de tolérer l’intolérable pour poursuivre leur carrière. L’époque du mutisme forcé semble enfin révolue et c’est tant mieux.
#MeToo : un tournant nécessaire
La révolution #MeToo a permis de mettre en lumière des pratiques systémiques de harcèlement et d’abus sexuels dans le cinéma, faisant tomber sur son passage ces géants, trop longtemps protégés par leur notoriété. Et tous les témoignages laissés derrière ce « hashtag » libérateur n’ont pas retenti dans le vide. Ils ont métamorphosé cette industrie jusqu’au cœur. Cameron Diaz, qui a connu l’ère des blagues graveleuses, de la drague lourde et des mains aux fesses, a eu cette agréable sensation de légèreté en reprenant ses fonctions d’actrice.
Grâce à ce réveil mondial, les femmes peuvent s’accomplir sur le plateau, sans avoir le sentiment d’être des proies. Les hommes, eux, restent à leur place, ne se permettant plus aucun « écart ». Ils craignent de finir épinglés dans les gros titres, sort désormais réservé à ceux qui pensent que le corps des femmes leur est dû.
Nombreuses sont les actrices qui ont témoigné pour en finir avec cette dictature du silence dans le 7e art et dénoncer ce que le public ne voyait pas. Cependant, rares sont celles qui peignent le cinéma post-#MeToo et qui mettent en parallèle ces deux époques. Cameron Diaz, actrice solaire, l’a fait pour ses consoeurs, livrant ainsi une belle note d’espoir.