Cette mannequin d’origine indienne a fait de son vitiligo son atout

Présentée comme la nouvelle Winnie Harlow, Jasroop Singh défend fièrement son vitiligo sur la scène mode. Elle a prêté son corps tacheté à la marque Burberry et l’a exposé en Une de Vogue. Une belle revanche pour la jeune mannequin d’origine indienne qui, pendant ses années scolaires, camouflait sa différence et enviait la peau homogène de ses camarades. Sa chair contrastée, parsemée de formes aléatoires, laisse libre cours à l’imagination comme face aux nuages qui se dessinent dans le ciel. Loin d’être une disgrâce ou un défaut, sa peau s’apparente à une toile de maître. Aujourd’hui, Jasroop Singh fait honneur à son vitiligo, particularité physique qui lui a porté chance et qui a attiré l’attention des agences, à l’affût des profils « atypiques ».

Jasroop Singh, de jeune fille harcelée à mannequin renommée

Si aujourd’hui Jasroop Singh, mannequin aux racines indiennes, affiche son vitiligo en étendard sous des crop top, des mini jupes et des bikinis, enfant, elle considérait ces marques blanches comme des souillures. Pour elle, cette dépigmentation, de plus en plus visible, polluait son reflet et ruinait sa beauté originelle. Le diagnostic est tombé à l’âge de quatre ans, alors que des petites taches blanches transperçaient sa peau caramélisée. C’est parti du coin de l’œil et ça s’est étendu à tout le corps. C’est comme si une gomme avait effacé des parties de sa peau à des endroits bien précis.

Comme elle le confiait au média Harper’s Bazaar India, « le vitiligo était un tabou important dans la culture sud-asiatique » où le culte de la peau de porcelaine, modérément bronzée, prédomine encore. Messe basse, regards médisants, brimades incessantes dans la cour de récrée, tout le monde lui faisait croire qu’elle n’était pas normale. Elle avait l’impression d’être un OVNI au milieu de la foule. Soumise à des traitements médicamenteux et envoyée en Inde pour « guérir », Jasroop Singh aurait aimé repeindre sa peau en une seule teinte. Pendant l’adolescence, elle s’adonnait d’ailleurs au coup de pinceau et dissimulait ses taches immaculées sous du fond de teint ultra couvrant.

Une routine beauté contraignante en « all in » qu’elle a abandonnée pendant le confinement, période extrêmement libératrice pour la mannequin basée à Londres. Bien décidée à montrer sa peau marbrée et à porter haut les couleurs démarquées du vitiligo, elle s’est délestée de tous ses camouflages.

« J’ai sorti un haut sans manches et un short, je suis sortie avec ma famille et j’ai réalisé à quel point je me sentais bien. Je me suis demandée pourquoi je me cachais depuis toutes ces années. Et je devrais simplement arrêter de me laisser atteindre par la négativité et la toxicité des gens », confiait-elle à Brown Girl Magazine

Le vitiligo, une particularité qui l’a hissé au sommet

Il lui a fallu quatorze ans pour apprécier sa peau en clair-obscur et la dévoiler sans artifice. Désormais c’est sa plus belle signature, son signe distinctif. Même si Jasroop Singh ne s’est jamais vraiment imaginée dans le rôle de mannequin, elle a poussé les portes d’une agence et a déposé son portfolio. En parallèle, la jeune femme, tout juste majeure, remplissait sa galerie Insta et s’en servait comme d’une vitrine. En décembre 2020, l’agence Zebedee Talent, qui fait la lumière sur ces personnes de l’ombre, régulièrement qualifiées de « hors normes », lance sa carrière.

Depuis, elle orne les pages des magazines prestigieux tels que Wonderland Mag, Dazed ou L’Officiel Italia. Son corps aux allures de voie lactée s’érige en gros plan dans les campagnes des grandes marques. Parée des rayures Burberry ou des trois bandes Adidas, Jasroop Singh est également une ambassadrice régulière de la marque de prêt-à-porter ASOS. La jeune fille en mal d’estime, qui voulait à toute force combler les blancs sur sa peau, est désormais une femme accomplie, bien dans son corps et plus confiante que jamais.

Un symbole de confiance pour la jeune génération

Jasroop Singh prouve que chaque corps mérite d’être traité avec amour et bienveillance. Si pendant l’adolescence, elle n’a pas été tendre avec son reflet, aujourd’hui elle se sent chanceuse d’avoir une peau « fresque vivante », Jasroop Singh fait une ode au vitiligo, cette affection cutanée qui touche 1 personne sur 100. Sa confiance est contagieuse et transparaît derrière chaque publication Instagram.

Sur la toile, elle écrit ce qu’elle aurait aimé entendre quelques années plus tôt. Ce qu’elle considérait comme un fardeau, elle le voit comme un cadeau de la nature, une bénédiction. Cependant, même si sa peau en mosaïque fait partie de son identité, Jasroop Singh ne se résume pas seulement à son apparence.

« Votre peau n’est que la couche superficielle de vous, nous sommes tous uniques, embrassant c’est ce qui apportera le changement à la société et permettra à l’unicité », écrivait-elle sous un portrait brut

Le parcours de Jasroop Singh force l’admiration. La mannequin redessine les contours du mot « beauté » et apporte de la nuance au monde fermé de la mode. Ces taches qui habillent sa peau l’ont conduite jusqu’à la Fashion Week. Jasroop Singh suit les pas de Winnie Harlow et assure la relève de son idole de toujours.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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