Cette photographe capture la beauté des femmes atteintes de vitiligo

Sur les réseaux sociaux ou au cœur de la sphère publique, les personnes atteintes de vitiligo sont perçues comme des bêtes de foire. Cette dépigmentation de la peau causée par un manque de mélanine est l’attraction favorite des curieux indiscrets. Pourtant, ces taches blanchâtres parsemées sur le corps et/ou le visage font office de somptueux décor. Tantôt discrètes, tantôt imposantes, ces ornementations atypiques font office de signes distinctifs uniques. Cette particularité physique transforme l’enveloppe charnelle en une toile de maître obsessionnelle.

Pour valoriser cette différence de l’ombre, la photographe Elisabeth Van Aalderen a donné naissance au projet « Shades of pale ». Armée de son œil d’artiste avisé, elle pose l’objectif sur des déesses modernes décomplexées. Des femmes de tous horizons se mettent à nu et affichent fièrement leur différence. Ces clichés immortalisent la beauté à l’état brut. Un hymne à l’acceptation nécessaire et salvateur.

Le vitiligo, un problème de peau peu considéré

Autour du globe, près de 60 millions de personnes sont atteintes de vitiligo. Ces détails imprévus qui viennent danser sur les corps sont souvent dissimulés sous le voile de la honte. Dans notre société bridée, ces teints bicolores sont sous-représentés voire totalement dénigrés.

Heureusement, certaines célébrités tentent d’éduquer les mentalités. C’est le cas de Winnie Harlow, une déesse d’exception qui fait sensation dans l’univers impitoyable de la mode. Avec ses auréoles immaculées répandues sur sa chaire chocolatée, la mannequin a mis une claque mémorable aux standards beauté.

Un projet photo qui cache de profondes cicatrices

Pour injecter davantage de diversité au sein de ce monde jonché de superficialité, Elisabeth Van Aalderen a fait bouillonner son esprit créatif. Cette Néerlandaise de 27 ans est animée par la flamme de la tolérance. En mettant à l’honneur le vitiligo, elle fait écho à sa propre expérience. Ancienne directrice artistique, elle s’est reconvertie à la photographie pour mettre en lumière les non-dits.

Des parades nocives pour gommer cette différence

Il y a une dizaine d’années, Élisabeth entretenait une relation conflictuelle avec cette défaillance cutanée. Impuissante, elle assiste à sa propre transformation sans pouvoir y échapper. Des tâches viennent s’installer sur ses bras, ses jambes, son ventre… Au fil des mois, elles s’élargissent et s’entrelacent.

Effrayée par ces courbes variées qui se dessinent, la jeune femme perd pied. Crèmes, thérapies éclaircissantes, yoga, régime sans gluten… Elle s’aventure dans des parades périlleuses pour faire disparaître ces taches qu’elle considère comme affreuses. Cette lutte acharnée contre son propre reflet finit par la ronger.

« Shades of pale », des portraits sincères pour briser le tabou

Alors, Élisabeth renoue avec elle-même et ose s’assumer. Un jour, une inconnue lui glisse des mots réconfortants qui vont tout faire basculer. Cette âme généreuse a comparé son vitiligo à un « tatouage unique ». Un compliment symbolique qui fait office de déclic.

Pour « documenter et célébrer le Vitiligo » sous toutes ses formes, la photographe organise un shooting photo puissant. Ce projet salutaire qui porte le nom de « Shades of pale » rassemble des déesses de tous âges et de toutes origines.

Les ethnies se mélangent, les générations se croisent et les silhouettes plurielles s’entremêlent… une sororité étincelante jaillit de ces portraits intimes. Pour ces égéries, cette aventure a servi de remède.

« Environ 90 % d’entre elles n’étaient pas devant une caméra. C’est vraiment gratifiant que la séance photo ait contribué à leur confiance en soi. Pour beaucoup de femmes que j’ai représentées, ce fut un processus de guérison et d’acceptation », Elisabeth Van Aalderen au média Bored Panda

« Shades of pale » transpire de bienveillance. Cet album photo 2.0 nous plonge dans une ambiance boudoir éclairante. Les modèles se dévoilent sans artifices, souvent sur un fond minimaliste.  « Je veux représenter des femmes qui embrassent leur peau », déclare Élisabeth au média Bored Panda. Le résultat est bluffant.

Grâce à son empreinte épurée, la jeune artiste touche la corde sensible. Elle nous prend par la main et nous plonge dans le Royaume de l’acceptation. Un voyage instantané revigorant !

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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