Pourquoi les résolutions sont-elles dangereuses pour l’image de soi ?

Les fameuses « résolutions » du Nouvel An sèment régulièrement leur grain de sel dans nos assiettes. 1 personne sur 5 se fait d’ailleurs la promesse de manger plus sainement ou de perdre du poids pour commencer la nouvelle année le « foie léger ». Au-delà de se gaver de feuilles de salade, on s’inflige aussi le supplice du soulevé de fonte dans une salle qui sent le vieux vestiaire. Si les résolutions s’essoufflent généralement dès le mois de janvier, elles nourrissent une certaine pression physique. Ces petits objectifs gribouillés sur un post-it peuvent rapidement tourner à l’obsession. Résultat : on se retrouve avec une estime de soi trouée comme un gruyère. Les résolutions peuvent être dangereuses pour l’image de soi. Mieux vaut donc les prendre avec des pincettes. 

Les résolutions pour atteindre un idéal physique à tout prix

Ça y est, la page du calendrier s’est envolée pour laisser place à une nouvelle année. L’occasion de mettre en pratique ces résolutions qui reviennent en boucle le premier janvier. Après les Fêtes, beaucoup ne jurent que par les cures détox, les régimes et la reprise du sport. Ces baskets, laissés au placard pendant des mois, reprennent du service, mais pas toujours pour les bonnes raisons.

De façon inconsciente, les résolutions nous poussent à viser des objectifs quasi irréalisables sur fond de « bonne volonté ». On se retrouve à vouloir copier les fesses de Kim K, le ventre plat de Bella Hadid, les abdos saillants d’Emily Ratajkowski et les jambes fuselées de Claudia Schiffer avec un vif enthousiasme. On se fixe des programmes sportifs aliénants entre tapis de course, kettlebells et vélo elliptique, par « contraintes » physiques, non par envie. Pire encore, on se concocte des menus restrictifs déclinant la salade sous toutes les coutures.

Les résolutions s’apparentent à une carte « joker » que l’on ressort chaque année avec l’espoir d’arriver à un corps de « rêve ». Cette quête d’idéal est une sorte de réponse à cette culpabilité héritée des repas gargantuesques des fêtes. Il n’y a rien de mal à vouloir troquer le boeuf bourguignon du dimanche contre des endives. Cependant, gare aux intentions qui se cachent derrière.

« Il y a ce message selon lequel, d’une certaine manière, vous n’êtes pas assez bon.ne. Un message qui sous-entend que vous devriez avoir honte de vous-même ou de votre corps d’une manière ou d’une autre. Cette « norme culturelle » peut faire des ravages », explique Paula Edwards-Gayfield, experte de la National Eating Disorders Association (NEDA) à Yahoo UK

En bref, les résolutions sont dangereuses pour l’estime de soi dans le sens où elles nous cantonnent à des diktats et des modèles de perfection inatteignable. Elles ont d’ailleurs plutôt tendance à nous enfermer dans nos complexes plutôt qu’à nous en libérer.

Une façon détournée de banaliser la culture de la diète

« Comment retrouver sa ligne après les Fêtes ? », « Résolutions minceur 2023 : guide de survie pour éviter les kilos », « Astuces pour rester motivé.e à perdre du poids »... le lavage de cerveau à la sauce « minceur » commence dans la sphère médiatique. Si les résolutions sont supposées être « personnelles », elles restent sous influence.

Selon un récent sondage, 42 % des Français.es érigent le « mieux manger » en tête des résolutions. En apparence, cette volonté est plutôt positive, mais elle peut rapidement devenir anxiogène ou tomber dans l’extrême. D’ailleurs, les résolutions autour du physique sont du pain béni pour les marques qui tentent de nous convaincre que notre corps nécessite une attention désespérée. On nous vante ça et là des shots « détox », du thé floqué « taille fine » ou des routines sportives « miracles ». Un discours marketing bien ficelé qui empeste le jugement.

Selon ces croyances, la nouvelle année devrait forcément nous changer en un de ces dieux grecs ou en réplique d’Aphrodite. La faute à l’idée reçue selon laquelle un corps en bonne santé est forcément filiforme et élancé. Les résolutions deviennent dangereuses pour l’image de soi lorsqu’elles basculent dans le « toujours mieux ».

L’obsession sociale pour la transformation annuelle, la pression permanente de la culture de la diète alliée à un certain « manque de contrôle » post-vacances. Il ne faut guère plus d’ingrédients pour tomber dans les résolutions toxiques du paraître.

« Lorsque les résolutions deviennent un « devoir » et qu’elles visent à nous « réparer », il y a souvent de la détresse autour de l’idée de ne pas y répondre », prévient Erin Parks, psychologue clinicienne sur son site equip.health

Une porte ouverte sur les troubles de l’alimentation

La frontière entre résolutions et troubles de l’alimentation est mince. C’est justement là tout le problème. On réduit d’abord les quantités dans l’assiette, puis on sombre doucement dans les méandres de la privation abusive. La chute est insidieuse. On commence à surveiller le moindre gramme, à épier les calories et à décliner les restos entre ami.e.s.

Les résolutions, poussées à bout, peuvent perturber notre relation avec la nourriture. La restriction mène à des frustrations, qui elles, provoquent des comportements « compulsifs » comme la boulimie. C’est un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.

En s’auto-infligeant une perte de poids « record », on se plie aussi au risque de l’effet yoyo. Les kilos s’en vont et reviennent au rythme des pulsions, ce qui donne lieu à de grandes désillusions. Les résolutions sont dangereuses pour l’estime de soi dès qu’elles glissent vers le « zéro limite ».

Comment se protéger des résolutions stigmatisantes ?

Les résolutions qui prennent un peu trop au sérieux les séances de musculation et les régimes drastiques ravagent l’estime personnelle dans les moindres détails. Mais cette hypervigilance du reflet fait tristement partie du décor, quoi qu’il arrive. Cependant, voici quelques tips pour s’en prémunir. À garder bien au chaud.

Bloquez les publicités « perte de poids » sur Instagram

Pour éviter l’indigestion de corps « photoshopés » et de promesses minceur prétentieuses, il est possible de filtrer les publicités « pertes de poids » sur Instagram. Une nouvelle fonction toute fraîche qui permet d’esquiver les potentielles « tentations ».

Il suffit d’aller dans « paramètre », puis de cliquer sur « publicités ». Vous y trouverez une case « sujets publicitaires ». C’est là que tout se joue. Dans « contrôle de poids corporel » vous devez simplement cocher « show less ads about this topic ». Bye-bye plastiques à la « Barbie Girl » et discours aux sous-entendus grossophobes.

Entourez-vous de contenus inclusifs

Puisque certaines résolutions peuvent être dangereuses pour l’image de soi, mieux vaut détourner son regard des challenges « What I eat in a day » (traduction : ce que je mange dans une journée) qui incitent à la comparaison.

À l’inverse, on s’abreuve de contenus « good vibes » aux paroles réconfortantes. On suit les influenceuses body-positive françaises comme Ginger Chloé ou Shéra, proclamée reine de la « décomplexion ». Et on abuse des hashtags bienveillants à l’instar du #EffYourBeautyStandards ou du #HonorMyCurves.

Délestez-vous des diktats avec des résolutions « selflove »

Les résolutions, pensées pour faire plaisir « aux autres » ou à la société sont les plus dangereuses pour l’estime de soi. Alors il est temps de refaire le plein de selflove, une denrée qui se consomme sans modération.

On écrit noir sur blanc « Cette année, je vais prendre soin de moi, quitte à décevoir les autres » avec optimisme et on se fait le pari de se traiter avec indulgence et gentillesse.

Les résolutions, coutumes à la fois oppressantes et rétrogrades, nous somment de devenir une « meilleure version de nous-mêmes ». Rarement exécutées, elles ramènent toujours à cette sensation amère d’échec. Alors, qu’est-ce qu’on attend pour en finir avec ces promesses qui termineront encore une fois à la poubelle ?

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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