Comment protéger les enfants face au « grooming », cette forme de cyberviolence perverse ?

À l’heure où le virtuel prend toujours plus de place dans nos vies, l’accès à la toile est de plus en plus facilité chez les jeunes. Les forums, jeux vidéo et réseaux sociaux sont autant de plateformes qui permettent aux prédateur.rice.s d’approcher les enfants/adolescent.e. Ces adultères plébiscitent la pratique du grooming, une forme d’abus sexuel en ligne parfois difficile à repérer. Alors, que faire pour protéger nos enfants du grooming ? Éclairage.

Définition précise du grooming

Le grooming désigne l’utilisation des réseaux sociaux, des forums de discussion ou des jeux vidéo par des adultes, pour obtenir des faveurs de mineur.e.s. Cette pratique vicieuse vise la sollicitation, l’exploitation et l’interaction avec une jeune personne à des fins sexuelle et/ou monétaire. La psychothérapeute Caterine Knibbs explique que le grooming prend sa force dans la peur.

« Les jeunes enfants/adolescent.e ont peur de s’attirer des ennuis. Les enfants plus âgé.e.s ont peur que leurs camarades le découvrent, ainsi que leurs parents »

Le but du grooming est généralement d’obtenir des photographies et vidéos pédo-pornographiques. Les prédateur.rice.s ne cherchent pas à obtenir des coordonnées bancaires, mais à se servir de ces images obtenues pour faire des gains. Soit en faisant chanter l’enfant/l’adolescent.e, soit en revendant ou échangeant les images.

Depuis 2007, cette pratique est interdite et punie par la loi dans l’article 227-22-1 du code pénal. Elle est passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.

Le mode opératoire des groomer.se.s

Ces adultes pervers.es ciblent les enfants/adolescent.e.s qui répondront rapidement. En effet, même si la réponse est négative, elle ouvre la porte à la discussion.

Le grooming se sert de la confession, de l’intime pour créer une relation. Les prédateur.rice.s construisent un lien affectif avec le.a mineur.e en prétendant se confier et partager leur secret. C’est justement l’élaboration d’un safe space, un lieu de refuge qui est la clé de la manipulation.

Grâce à cela, les groomer.se.s récoltent de nombreuses informations intimes sur leurs cibles. Iels n’hésitent pas à se créer de fausses identités en se faisant passer pour des mineur.e.s. Alors, les enfants et adolescent.e.s sont convaincu.e.s de parler à des ami.e.s de leur âge et peuvent tendre à une dépendance affective. Pour que celle-ci soit solidement ancrée, les groomer.se.s n’hésitent pas à offrir des cadeaux pour combler les envies et besoins de leur victime.

Une fois la confiance et l’intimité confirmées, il est facile pour les groomer.se.s d’obtenir des images et vidéos… Face à ce constat, il est urgent d’apprendre comment protéger les enfants/adolescent.e.s du grooming.

3 conseils pour protéger les enfants du « grooming »

1 – La communication

Il n’existe hélas pas de solution miracle qui permette de protéger à long terme les enfants/adolescent.e.s du grooming. Ainsi, la première chose à faire est d’avoir une véritable discussion préventive à ce sujet (et de la réitérer au fil du temps).

Ces discussions ne doivent pas prendre la forme d’une mise en garde ou d’une injonction. L’idée est d’amener l’enfant/l’adolescent.e à se questionner et se confier sans se sentir jugé.e. La psychothérapeute Caterine Knibbs propose par exemple de permuter « Il y a des méchant.e.s en ligne » par « Qui sont ses ami.e.s en ligne ? Comment sais-tu qu’il s’agit d’un.e ami.e et pas seulement d’une personne à qui tu parles ? Comment sais-tu qu’il s’agit d’une personne authentique ? ».

Aussi, elle invite le(s) parent(s) à s’intéresser aux jeux vidéo auxquels jouent leurs enfants/adolescent.e.s. Ceci au même titre que leurs activités scolaires et leurs loisirs.

2 – L’enseignement des bonnes pratiques

Ces discussions avec un.e enfant/adolescent.e servent précisément à lui enseigner les bonnes pratiques sur internet. Pour le.a protéger contre le grooming, certains bons réflexes sont à prendre en compte.

D’abord, iel doit savoir qu’il est bon d’arrêter toute discussion dès qu’un malaise survient. Ensuite, iel ne doit jamais divulguer son adresse ou son numéro à un.e inconnu.e. Puis, le.a mineur.e doit comprendre que se rendre à un rendez-vous avec une personne inconnue rencontrée en ligne n’est pas une bonne idée. Si jamais cela doit absolument se faire, l’enfant/l’adolescent.e doit être accompagné.e et cela doit préférablement se passer dans un lieu public en pleine journée.

Enfin, il est important que les enfants/adolescent.e.s sachent qu’iels peuvent se confier à un.e proche lorsqu’un échange devient étrange. Grâce à cela, il est possible de signaler les échanges inappropriés sur pointdecontact.net (il s’agit d’un service français de signalement en ligne soutenu par la Commission européenne). Ce sont là de bonnes attitudes dans la protection des enfants/adolescent.e.s face au grooming.

3 – Un jeu vidéo pour prévenir le grooming

Récemment, la fondation Child focus (en lutte contre les disparitions et l’exploitation des enfants) a lancé le jeu « Ok groomer ». Il est destiné à sensibiliser et protéger les enfants au phénomène du grooming.

Ce jeu, adressé aux 8-14 ans, est disponible sur Roblix. Au travers d’un univers 3D, les jeunes peuvent s’amuser avec trois minis-jeux qui les amènent à acquérir les bons réflexes en cas d’approche de groomer. Deux personnages les accompagnent dans cette aventure. Il y a Sam, il guide les mineur.e.s pour reconnaître puis éviter les prédateur.rice.s. Et il y a également Max, c’est la personne de confiance à qui se confier en cas d’interrogation ou de problème.

La fondation a créé ce jeu en constant l’ampleur et la gravité du phénomène de grooming. En effet, en 2021, elle a traité 2467 dossiers d’exploitation sexuelle d’enfants. Parmi eux, 43 dossiers tenaient du grooming et 91 de la sextorsion. Par ailleurs, les techniques d’approche utilisées dans le jeu sont inspirées d’histoires de victimes que l’association a aidées.

Si vous découvrez que votre enfant/adolescent.e est victime de grooming, vous pouvez déposer plainte auprès de la police locale. Des preuves tangibles vous seront utiles (sessions de chat, emails, sms ou photos échangées).

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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