Stress permanent, rythme de vie effréné, libertés bafouées… depuis que la Covid a poussé les portes de notre quotidien, la morosité nous guette. Pour les parents, cette angoisse est latente. Face à leurs petits tyrans, ils peinent à se faire entendre. Fatigue intense et dose d’angoisse importante, un cocktail explosif qui débouche souvent sur un épuisement parental. Ce phénomène encore tabou toucherait 5 à 8% des parents.
Obsession de la perfection
Dès que la journée de travail touche à sa fin, une autre mission encore plus intense attend les parents : occuper leurs enfants déchaînés. Le chronomètre est lancé, chaque minute est précieuse. Récupérer les bambins à la sortie de l’école, partir en vitesse faire quelques courses, tenter de se frayer un chemin dans les bouchons pour arriver à 18h à la maison… un parcours du combattant ponctué de sueurs froides. Et le calvaire se poursuit sans que l’on puisse y échapper. Entre colères à répétition, et caprices en tout genre, les nerfs lâchent. Le burn-out pointe doucement le bout de son nez.
Toujours vouloir être une mère parfaite ou un père irréprochable, être sur tous les fronts sans broncher, faire en sorte que le foyer soit impeccable… les parents souffrent d’une tyrannie de l’exigence. Piégés dans cette représentation lisse et idéalisée des relations familiales, ils s’élancent dans une course à la réussite périlleuse. À trop vouloir jouer les super-héros·oïnes, ils finissent par perdre le cap.
Avec l’arrivée de la crise, la santé mentale est davantage malmenée. Selon un sondage BVA, réalisé lors du premier confinement, le taux d’anxiété était de 26,7 %, soit le double par rapport à 2017.
Quand les enfants tirent les ficelles du foyer
Au début du mois de février, le programme Zone Interdite diffusé sur M6 se consacrait justement à cette réalité dérangeante. « Je n’ai plus envie de rentrer à la maison », « Je n’envisageais pas la maternité comme ça », « Notre enfant est très difficile à gérer au quotidien »… tous ces témoignages poignants résonnent comme des cris d’alarme. Dans l’intimité de ces parents surmenés, les enfants font la loi.
Au cœur de ce documentaire, le comportement du petit Tyron, 5 ans, a fait réagir la toile. Tous les jours, il cherche l’affrontement et défie l’autorité parentale. « Je me barre, j’en ai marre », « Et vous deux-là, je vous surveille », des phrases que l’on peine à imaginer dans la bouche d’un enfant. Ses parents, David et Laetitia, sont complètement désarmés face à ces atrocités. Ils sont tombés dans un piège fréquent : tout donner à leur enfant quitte à s’effacer totalement.
Des symptômes identifiables
Pour ne pas se noyer dans cette spirale infernale de l’épuisement parental, des signaux doivent alerter. Quatre symptômes courants se démarquent. Le manque d’énergie se fait ressentir et l’idée de devoir occuper les enfants hante les esprits. Il y a une sensation de ras-le-bol, une sorte d’overdose des responsabilités parentales qui se profile.
Autre constat : les parents sont dépourvus de toute émotion. Comme des automates, ils enchaînent les actions machinalement, mais ne s’investissent plus dans la relation.
Ensuite, la vie perd toutes ses saveurs. Les instants tendres, les moments de complicité, les jeux ludiques… toutes ces actions deviennent pesantes. Enfin, le parent qui avait rêvé cette étape de sa vie, se déçoit lui-même, il ne se reconnaît plus et la honte le submerge. Petit à petit, le sentiment de culpabilité prend le dessus. Selon les professionnel·le·s, ceux qui souffrent d’épuisement parental s’enlisent dans un profond silence, car ils ont peur d’être jugés.
Redorer le blason de la famille
« Lâcher-prise » : c’est le mot d’ordre pour se débarrasser de ce mal du siècle. Gérer les enfants, son couple, le télétravail, le planning de la journée, le ménage, les repas et les conflits… difficile d’être sur tous les fronts en même temps. Et le couvre-feu renforce un peu plus les tensions déjà présentes. Pour recouvrir une image positive de la parentalité, voici la marche à suivre :
1 – Dire adieu aux exigences
Bien souvent, les parents traversés par l’épuisement parental se fixent des objectifs journaliers hors normes. Tout est soigné au millimètre près. D’ailleurs, Liliane Holstein, psychanalyste et auteure de l’ouvrage Burn out parental, explique que ce syndrome est en progression, car la place de l’enfant est « primordiale » depuis les années 1980-1990.
Les parents « sont dans une course à la perfection pour être aimés par leurs enfants qu’ils ne manquent de rien. Ce qui fait qu’il n’y a jamais de détente du matin jusqu’au soir ». Il faut alors travailler sur soi et savoir se remettre en question. Un regard extérieur est toujours bienvenu, alors il est important d’oser en discuter avec son/sa conjoint·e.
2 – Travailler sur ses émotions
Frustré·e de ne pas avoir acheté le jouet dernier cri à votre enfant ? Fatigué·e de devoir gérer mille choses seul·e ? Agacé·e par les crises de nerfs de votre enfant dans le supermarché ? Toutes ses émotions, aussi variées soient-elles, naissent sans crier gare. Pour mieux comprendre leurs origines, la case introspection est inévitable. On peut s’entraîner à identifier ses émotions, les comprendre, les utiliser, les exprimer et les gérer. L’appui d’un·e spécialiste peut s’avérer nécessaire.
3 – Voir les côtés positifs
Dans la société française de manière générale, les nouvelles sombres dominent. Et il en va de même dans le cocon familial. Votre enfant a malencontreusement laissé des traces de feutre sur vos chaises neuves, mais il vous a fait un merveilleux dessin avec des phrases sans fautes d’orthographe. Inconsciemment vous allez vous focaliser sur la petite maladresse plutôt que sur cette douce offrande. Pour voir la vie en rose et ne pas broyer du noir, notez les progrès et attentions bienveillantes de votre enfant dans un carnet.
D’après les résultats d’une étude réalisée par l’UCLouvain, la meilleure solution pour contrer l’épuisement parental serait de participer à des groupes de parole. Une méthode basée sur l’échange qui brise l’isolement. Une libération pour savourer de nouveau les délices de la vie de parent.