À l’évocation du mot « psychopathe », on pense aux criminels à la tête des pires atrocités qui ont surpassé le simple fait divers. On imagine moins un enfant qui joue à la marelle et qui sait à peine conjuguer des verbes. Pourtant, certains comportements d’enfant, que les parents remettent sur le compte du stress ou de l’immaturité, sont de sérieux signes d’alerte. Philippe Boxho, médecin légiste chevronné, auteur de quatre livres à succès sur son métier, en liste trois.
Faire pipi au lit tard
Quand on pense au psychopathe, un portrait-robot se dresse spontanément dans les esprits et il n’est pas forcément juste. On imagine une personne monstrueuse à la « Jack L’Éventreur » qui ère dans les rues, assoiffée de sang, pas un bambin en salopette Cars. Pourtant, les démons rampent aussi dans le corps des enfants. On ne naît pas psychopathe, on le devient et ça peut commencer de bonne heure.
Lors d’un entretien pour le podcast LEGEND, le célèbre médecin légiste Philippe Boxho évoque les signes de psychopathie précoce au micro de Guillaume Pley. Pendant toute sa carrière, il a croisé de nombreux profils tourmentés, nourris par des pensées sombres et dans le lot, il a déjà eu affaire à des enfants. Il est donc bien placé pour savoir différencier un comportement bénin d’un symptôme annonciateur de psychopathie. Cependant, il se base aussi sur la triade de McDonald pour étayer ses propos.
Il liste d’abord l’énurésie : faire pipi au lit. Certes, il arrive que les enfants mouillent leurs draps à la suite d’un vilain cauchemar peuplé de créatures bizarres. Toutefois, lorsque cet accident occasionnel devient récurrent, il faut s’en inquiéter. Ce n’est pas toujours le fait d’un mauvais rêve. « Jusqu’à dix ans, ça commence à devenir un peu complexe », dit le spécialiste.
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La pyromanie, aimer mettre le feu
Il y a des enfants qui ont une peur bleue des flammes et il y en a d’autres qui semblent fascinés, voire obsédés par les brasiers. Et il ne s’agit pas des bambins qui aiment le crépitement réconfortant de la cheminée ou qui patientent devant le barbecue en été. Là il est question d’expérience dangereuse avec le feu comme brûler des rideaux ou des jouets, observer des vidéos d’incendie…
Toutefois, les enfants qui ont la « torche humaine » imprimée partout dans leur chambre et qui réclament toujours un briquet ne sont pas tous voués à muer en psychopathe. La pyromanie peut aussi être le signe d’un trouble des conduites, d’un TDAH ou un trouble de l’adaptation.
Une cruauté envers les animaux
Les enfants, qui capturent les papillons dans un filet, qui scotchent un pétard sur le ventre d’une sauterelle « juste pour voir » ou qui tuent les mouches pour pêcher ne sont pas spécialement visés. En revanche, ceux qui grimpent sur le dos d’un chien, qui tirent la queue d’un chat, qui emballent leur lapin dans du cellophane dans le seul but de leur faire du mal sont à surveiller de près. « Torturer des animaux qui ont vécu à être domestiqués, ça c’est un vrai problème », développe le docteur. Difficile de ne pas penser à Jeffrey Dahmer, qui faisait preuve d’une barbarie inqualifiable envers les chats.
Comme le précise Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale à l’université Grenoble Alpes, dans The Conversation, cette violence prématurée peut aussi se matérialiser sur les doudous. « Selon des sources policières, certains tueurs en série se distinguaient même par le fait qu’ils découpaient en morceaux des animaux en peluche durant leur enfance avant de martyriser de petits animaux vivants quelques années plus tard ».
Que faire quand on le remarque ?
Si votre enfant fait pipi au lit, se réjouit à l’idée d’aller au feu de la Saint-Jean ou empoigne les oreilles de votre chat quand il refuse les câlins, pas besoin de courir à l’asile. Il ne cache pas forcément un Mr Hyde en lui. Un enfant peut très bien aimer jouer avec des allumettes sans forcément se transformer en psychopathe à l’âge adulte.
Le médecin légiste précise d’ailleurs que cette « triade », qui a longtemps fait office de « norme », n’était plus trop d’actualité. « J’avoue qu’elle est quand même remise en cause », insiste-t-il. Ces comportements peuvent ainsi résulter d’un traumatisme ou d’autres problèmes comme le stress ou un dysfonctionnement familial. Aussi, la psychopathie souffre encore de nombreux clichés, entretenus par la pop culture. Or, un psychopathe n’a pas toujours l’étoffe d’un tueur en série ou d’un fou en camisole.
Si, en tant que parent, vous avez des doutes, vous pouvez franchir la porte d’un psychologue. C’est toujours utile. Et pour vous rassurer, sachez que la psychopathie concerne seulement 4 % des hommes et 1 % des femmes.
