S’il est acquis que la violence physique est proscrite, les paroles, elles aussi, peuvent laisser des traces. Une récente discussion diffusée dans le podcast « Opportunity Divide » a mis en lumière une phrase pourtant banale, mais que les experts en éducation recommandent désormais d’éviter absolument.
Pourquoi « calme-toi » ne fonctionne pas ?
C’est Rachel Romer, PDG de l’entreprise Guild et mère de 2 jeunes enfants, qui le dit avec conviction : « Dire ‘calme-toi’ est la pire chose que l’on puisse dire à un enfant de 4 ans et demi quand il est anxieux ». Son témoignage, partagé lors du podcast « Opportunity Divide » et relayé par Aufeminin, résonne auprès de nombreux parents et éducateurs. L’idée ? En demandant à un enfant en détresse de se calmer, on invalide son émotion. Cela revient à lui dire qu’il ne devrait pas ressentir ce qu’il ressent – une tâche quasi impossible à cet âge.
Le psychologue et auteur Adam Grant abonde dans le même sens : « Nous savons tous que l’anxiété est une émotion intense, hautement activée, et qu’elle ne disparaît pas d’elle-même ». Ce type de demande, même bienveillante, met une pression supplémentaire sur l’enfant, qui se sent incompris, voire fautif.
Se reconnecter plutôt que contrôler
Alors, comment réagir ? Plutôt que de tenter de « gérer » l’émotion, les experts conseillent de se reconnecter à l’enfant, notamment par la respiration. « Parfois, sans même le dire, si vous commencez à synchroniser votre respiration avec celle de vos enfants, vous créez un espace », explique Rachel Romer. Une stratégie douce qui permet à l’enfant de s’apaiser par mimétisme, en se calant inconsciemment sur le calme de l’adulte.
Cette approche est d’autant plus pertinente que, comme le rappelle la chercheuse Brené Brown, « l’anxiété est contagieuse, mais le calme aussi ». Le simple fait pour un adulte de rester posé et de respirer profondément peut entraîner une détente progressive chez l’enfant.
Transformer l’anxiété en enthousiasme
L’autre piste développée par les spécialistes consiste à rediriger l’attention de l’enfant vers une perspective plus positive. « L’anxiété implique de l’incertitude. Oui, il est possible que quelque chose de mauvais se produise, mais il est également possible que quelque chose de bon se produise », analyse Adam Grant.
Cette technique, souvent utilisée en psychologie comportementale, consiste à transformer l’énergie anxieuse en excitation. Par exemple, avant un spectacle ou une rentrée scolaire, il peut être utile d’évoquer avec l’enfant les aspects excitants de l’événement plutôt que ses risques.
Changer les mots pour changer l’effet
Concrètement, au lieu de dire « calme-toi », mieux vaut proposer un échange, une présence, un geste. On peut dire « je suis là avec toi », « on va respirer ensemble », « que puis-je faire pour t’aider ? » ou encore « je vois que tu es très fâché, on va traverser ça ensemble ». Ces phrases ouvrent un espace d’écoute, valident les émotions de l’enfant, tout en lui offrant un appui sécurisant.
Et si malgré cela l’enfant reste bouleversé ? L’important est d’être constant, de ne pas se décourager. Montrer que l’on reste présent, même quand il n’y a pas de solution immédiate, est un message puissant. Il aide l’enfant à construire sa propre régulation émotionnelle dans la durée.
Éduquer, c’est accompagner. Et parfois, cela commence par ne pas dire ce qui nous vient spontanément. Dire à un enfant anxieux de « se calmer » peut involontairement renforcer son stress. À l’inverse, valider ses émotions, respirer à ses côtés, proposer un cadre rassurant sont des gestes simples, mais puissants. Car au fond, ce dont un enfant a besoin lorsqu’il déborde d’émotion, ce n’est pas d’être corrigé, mais d’être compris.