Et si vos performances sportives ne dépendaient pas uniquement de votre motivation ? Une étude récente révèle que votre place dans la fratrie et l’image que vous renvoyait votre famille jouent un rôle bien plus grand qu’on ne le pense.
Une perception de soi construite dès l’enfance
Dans l’imaginaire collectif, on naît sportive. Il y aurait les personnes « naturelles », celles qui bondissent avec aisance, grimpent aux arbres sans hésiter ou dribblent avec une souplesse instinctive. Et puis les autres. Sauf que cette division n’est ni innée, ni figée. Selon une étude menée par le chercheur Sho Ito (Université Nanzan, Japon) et publiée dans la revue PLOS, notre rapport au sport est bien plus influencé par le contexte familial que par une quelconque prédisposition génétique.
Notre « identité sportive » – ce ressenti intérieur d’être ou non à l’aise dans le sport – se construit dans les premières années de vie, au gré des paroles, des regards et des encouragements (ou non) de nos proches. Ce n’est pas un talent mystérieux inscrit dans l’ADN, mais une histoire que l’on se raconte… souvent depuis l’enfance.
Votre rang dans la fratrie change la donne
L’un des éléments les plus étonnants mis en lumière par l’étude : le rang dans la fratrie influence la perception de ses propres capacités physiques. Les benjamines se sentent, en moyenne, plus sportives que leurs aînées. Ce phénomène s’explique en partie par l’observation et l’imitation : les plus jeunes grandissent en voyant les plus grandes pratiquer, grimper, courir – et elles s’approprient plus rapidement certains gestes ou attitudes.
Il y a plus profond. Dans beaucoup de familles, chaque enfant reçoit inconsciemment un rôle : « l’intellectuelle », « l’artiste », « la casse-cou », ou encore « la sportive ». Si vous avez été étiquetée comme telle, vous avez sans doute investi ce rôle avec plus de confiance. À l’inverse, si cette étiquette a été collée à une sœur ou un frère, il est possible que vous vous en soyez éloignée, presque sans vous en rendre compte.
Le poids (positif ou non) de la reconnaissance parentale
L’étude souligne également l’influence du modèle parental. Avoir grandi dans un foyer où l’on valorise le mouvement, même de manière informelle – des balades en famille, des après-midis à danser, jouer, sauter – peut faire toute la différence. Ce climat donne aux enfants un rapport sain au corps en action, sans pression de performance.
Le simple fait de recevoir des félicitations pour l’effort, l’essai ou le plaisir d’avoir bougé peut suffire à construire une image positive de soi. Pas besoin que les parents soient eux-mêmes marathoniens ou coachs. L’essentiel, c’est le message : « Ton corps est capable. Tu peux essayer. Tu as ta place ici ».
Quand les mots deviennent des croyances limitantes
L’un des enseignements forts de l’étude, c’est que deux enfants (ou ados) aux capacités similaires peuvent avoir des visions totalement opposées d’eux-mêmes. L’un se dira « agile », « dynamique », « curieux », tandis que l’autre se verra « maladroit », « lent », ou « pas fait pour ça ». Et ces impressions façonnent tout : la motivation, la participation aux activités, le plaisir ressenti, et l’envie – ou non – de continuer.
Le vrai piège ? Les petites phrases anodines qui collent à la peau : « Elle n’a jamais aimé le sport », « ce n’est pas son truc », « elle préfère rester calme ». Ce type d’étiquetage, même involontaire, peut devenir un frein durable pour une fille ou un garçon. Et il ne s’agit pas seulement d’enfants : les adultes aussi en subissent les effets.
Adulte, mais toujours sous influence
Beaucoup de femmes vivent encore aujourd’hui avec une vision héritée de l’enfance : « Je n’ai jamais été sportive », « je suis nulle avec un ballon », « je n’ai pas la coordination pour ça ». Pourtant, ces croyances sont bien souvent décorrélées de leurs capacités actuelles. Ce ne sont pas les muscles qui manquent, mais l’autorisation intérieure de réessayer.
Se réconcilier avec l’activité physique passe par une remise en question douce et lucide : et si ce que l’on croyait sur soi n’était qu’un vieux récit familial ? Il est tout à fait possible de redécouvrir le mouvement à travers une nouvelle grille : non celle de la performance, mais celle du plaisir, du défoulement, de la curiosité.
Bouger sans pression, c’est bouger librement
Il n’existe aucune obligation de faire du sport, encore moins de viser des records. On peut vivre parfaitement épanouie sans transpirer 3 fois par semaine. L’essentiel, c’est d’avoir le choix. Certaines personnes trouvent un équilibre mental en bougeant, d’autres préfèrent écrire, méditer, chanter ou jardiner. Et c’est tout aussi légitime.
Si vous avez envie de (re)découvrir une activité physique, que ce soit en dansant seule dans votre salon ou en testant une séance de yoga en ligne, faites-le à votre rythme. Sans comparaison. Sans injonction. Vous n’avez rien à prouver. Votre corps mérite l’attention, pas la compétition.
Ce que cette étude révèle, c’est donc que nos capacités sportives ne sont pas figées, ni prédestinées. Elles évoluent avec notre confiance, notre environnement, nos expériences. En changeant la narration que l’on a reçue, on peut changer le regard que l’on porte sur soi. Alors, peu importe votre passé sportif ou non : vous avez le droit d’essayer, de rater, de recommencer – ou de ne pas avoir envie du tout. C’est aussi ça, le vrai pouvoir de se réapproprier son corps.