De nombreuses injonctions collent à la culotte. Elles laissent penser que l’intimité doit sentir la rose, être épilée avec une précision chirurgicale et arborer une apparence impeccable. Cette partie du corps, pourtant dans l’ombre des pantalons, est soumise au même traitement que celles qui sont visibles. Voici les 10 injonctions les plus insensées sur l’hygiène intime qu’il faut arrêter de prendre au mot.
Les pertes de blanche, c’est dégoûtant
C’est un chapitre que la prof de SVT a passé sous silence. Les pertes blanches, qui déteignent au fond des culottes et que les hommes prennent pour une anomalie ou un manque d’entretien, n’ont rien de « sale ». Bien au contraire, elles sont totalement normales et servent même de repère. Selon leur texture et leur couleur, elles nous situent dans notre cycle et permettent une meilleure compréhension du corps. Les femmes qui ne prennent pas de contraception ont d’ailleurs pour rituel de s’attarder sur le trône pour observer l’apparence de leur glaire cervicale et faire le point sur le calendrier. Ce qui doit inquiéter, c’est si le protège slip ressort sec d’une journée mouvementée.
Si ça sent fort, c’est qu’il y a un problème
Depuis la nuit des temps, la société laisse croire que les femmes sentent toujours bon comme si elles étaient tombées dans une marmite de parfum pendant l’enfance. Leurs flatulences ne sont pas aromatisées à la vanille et leurs parties intimes n’ont pas le goût d’un bonbon fruité. Si certaines ont pris le plis de s’appliquer des fragrances musquées entre les jambes, les odeurs ne veulent pas dire que vous vous négligez. Pas question de les « neutraliser ». Ce qui se dégage de votre intimité peut indiquer un problème et il est important de le flairer plutôt que de le masquer à tout prix.
Ne pas se raser, ça fait pas propre
Peut-être qu’un de vos partenaires vous a déjà fait une réflexion sur votre pilosité alors que lui-même affichait une friche brune presque lisible à travers le caleçon. Si les actrices des films X arborent une coupe façon « ticket de métro » ou une boule à zéro sous la ceinture, les poils ont leur utilité. Même si les injonctions sur l’hygiène intime vous forcent à tout raser et à faire en sorte que rien ne dépasse de votre lingerie, sachez qu’ils vous servent de boucliers. Et petite note à vous-même : votre corps vous appartient. Se raser doit être un acte libre, pas une réponse à une pression esthétique.
Se laver le vagin est indispensable
Contrairement aux autres parties du corps, qui nécessitent un coup de pommeau, le vagin s’auto-nettoie. C’est un organe prodigieux. Il se met au propre tout seul sans que vous n’ayez besoin d’y glisser le jet de votre douche. Et honnêtement, il y a déjà assez à faire avec le reste du corps, alors inutile de s’astiquer l’intimité de fond en comble, ce serait contre-productif voire dangereux. Les douches vaginales sont le meilleur moyen d’avoir une mycose. En revanche, vous pouvez nettoyer votre vulve avec un gel intime adapté. Ça suffit amplement.
Les lèvres qui dépassent c’est pas normal
C’est certainement l’une des injonctions les plus culpabilisantes sur l’hygiène intime. Alors que sur le visage, les femmes cherchent à gonfler leurs lèvres par les injections pour copier les sœurs Kardashian, dans l’intimité, elles veulent presque les faire disparaître. En 2019, près de 4800 nymphoplasties ont été pratiquées en France, pas par inconfort mais pour des raisons esthétiques. Même les lèvres de l’intimité, vues en très petit comité, sont soumises à des normes de beauté. Pourtant, leur morphologie varie d’une femme à l’autre. Les films pour adulte vous mentent comme les défilés de la Fashion Week : il n y a pas de bonne ou mauvaise anatomie.
Les mycoses sont un signe de manque d’hygiène
Faux, archi faux. Les mycoses n’ont rien à voir avec la propreté mais avec un déséquilibre de la flore vaginale, parfois provoqué par… trop d’hygiène (savons inadaptés, douches vaginales). Elles peuvent aussi apparaître après une période de stress, une prise d’antibiotiques ou un changement hormonal.
Dormir sans culotte, ça ne se fait pas
Il y a des personnes qui gardent leur culotte vissée sur les hanches pendant la nuit et il y en a d’autres qui s’en délestent avant de s’engouffrer sous la couette. Ne pas porter de culotte pendant la nuit n’est pas une bizarrerie, c’est un acte de bien-être. En réalité, dormir sans sous-vêtements permet à la vulve de respirer, limite l’humidité et prévient justement certains désagréments. Et non, les araignées ne vont pas venir s’y engouffrer et non les draps ne vont pas sentir la crevette au levé. Il est temps d’en finir avec ces injonctions qui relaient des fausses croyances sur l’hygiène intime.
Une vulve doit être rose et lisse
En clair, la vulve doit ressembler à une fleur toute fraîche. Même si les actrices en bas résille ont une vulve moulée dans les standards, il n’y a pas de modèle type. Sur Terre, il y a autant de vulves que de femmes. En prime, la couleur de la vulve varie énormément : rose pâle, marron, violacée, avec des irrégularités… Toutes ces variantes sont naturelles et n’indiquent aucun souci de santé.
Transpirer de la vulve, c’est bizarre
Vous avez la culotte trempée après une journée à courir partout ou une réunion importante ? La transpiration intime est parfois gênante, surtout quand elle passe au travers des tissus fins, mais elle est aussi inoffensive que celle qui vous crée des auréoles sous les bras. Les glandes sudoripares situées au niveau du pubis fonctionnent comme ailleurs sur le corps. Résultat : chaleur, sport ou stress peuvent déclencher cette sudation. Rien de honteux, juste une fonction physiologique. Alors lâchez la bombe de déo.
Avoir des boutons sur le pubis, c’est sale
Pas question de faire une routine skincare de l’autre côté des braguettes. Des petits boutons germent parfois dans la rainure des culottes ou sur le pubis. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas le signe que votre intimité a fermenté trop longtemps, ni d’un laissé-allé. Comme sur le visage, les boutons de l’intimité ont différentes origines. Ils peuvent être une réaction allergique à la lessive ou résulter d’un frottement excessif avec le tissu.
En plus de nous désinformer, ces injonctions sur l’hygiène intime font perdurer un idéal néfaste. L’intimité est déjà suffisamment sollicitée dans le mois alors autant la laisser en paix. Ce qui est vraiment dégoûtant, c’est de nous faire complexer sur une zone qui ne demande qu’à être choyée.