Ils sont présents dans presque toutes les salles de bain. Pratiques, discrets et efficaces en apparence : les cotons-tiges font partie des gestes d’hygiène les plus répandus. Et pourtant, ils sont largement déconseillés par les professionnels de santé pour le nettoyage des oreilles.
Un geste familier… mais potentiellement dangereux
Utiliser un coton-tige pour se nettoyer les oreilles semble anodin. Pourtant, ce réflexe bien ancré peut avoir des conséquences inattendues. Selon les ORL, le coton-tige ne retire en effet pas vraiment le cérumen. En réalité, il a tendance à le repousser plus profondément dans le conduit auditif, ce qui peut provoquer des bouchons, des inflammations, voire des perforations du tympan dans les cas les plus graves.
Le cérumen, souvent perçu comme sale ou inutile, joue un rôle essentiel : il protège l’oreille des poussières, des bactéries et des infections. Le retirer systématiquement, et surtout de manière intrusive, revient à perturber un mécanisme naturel d’autonettoyage que le corps gère très bien seul.
Une contradiction dans les rayons
Pourquoi continue-t-on alors à vendre des cotons-tiges en masse, notamment dans les rayons dédiés à l’hygiène des oreilles ? La réponse est à chercher du côté des habitudes culturelles et du marketing. Le coton-tige est un produit simple, bon marché, vendu à très grande échelle. Il représente un chiffre d’affaires stable pour les industriels. Et tant qu’il n’est pas explicitement interdit à cet usage (ce qu’il n’est pas), les marques peuvent continuer à l’associer à une routine d’hygiène pourtant déconseillée.
Toutefois, certaines boîtes mentionnent désormais que ces produits ne sont pas destinés à l’usage auriculaire. Une manière subtile de se protéger juridiquement… tout en entretenant l’ambiguïté. Le produit reste le même, mais le message devient flou, laissant finalement le consommateur seul face à ses choix.
Une prise de conscience encore limitée
En France, les cotons-tiges en plastique à usage unique sont interdits depuis janvier 2020, dans le cadre de la lutte contre la pollution. Cette interdiction est cependant environnementale, non sanitaire. Les versions en papier ou en bambou restent autorisées – et tout aussi déconseillées pour les oreilles.
La santé publique commence doucement à faire passer le message, mais le mythe du « nettoyage nécessaire » reste tenace, notamment chez les enfants ou les adultes soucieux de leur hygiène. Pourtant, dans la plupart des cas, il suffit de nettoyer le pavillon de l’oreille avec un linge propre, sans jamais rien introduire dans le conduit.
À retenir
- Le cérumen est utile et protecteur.
- Les cotons-tiges favorisent les bouchons et les blessures, s’ils sont insérés dans l’oreille.
- Une hygiène efficace passe par des gestes simples, non intrusifs.
Ce sujet invite ainsi à réfléchir à notre rapport à l’hygiène : le corps n’a pas besoin d’être nettoyé à outrance pour être en bonne santé. Repenser nos gestes du quotidien, c’est aussi apprendre à faire confiance à notre corps. Dans une société où les produits d’hygiène sont omniprésents, il est essentiel de rappeler que le soin de soi ne passe pas forcément par des accessoires, surtout quand ceux-ci peuvent faire plus de mal que de bien.