Règles douloureuses : la pollution mise en cause

La pollution de l’air est soupçonnée d’être partiellement responsable des douleurs menstruelles. C’est ce qu’avance une récente étude de scientifiques de l’Université médicale de Chine à Taïwan. Selon les chercheur.euse.s : l’exposition à long terme à certains polluants atmosphériques comme le dioxyde d’azote, le monoxyde de carbone et surtout les particules fines, augmenterait les risques de dysménorrhées en périodes de règles. Les résultats démontrent que la crise climatique actuelle en rajoute encore une couche aux inégalités sociales. Explications

La dysménorrhée, quésaco ?

Il s’agit d’un terme médical donné aux douleurs menstruelles ressenties avant ou après la période des règles. Ses symptômes, qui concernent 45 à 95 % des personnes menstruées, sont généralement des crampes douloureuses au ventre, au niveau des hanches ou des lombaires, mais aussi parfois des nausées, des vomissements, de la diarrhée, de la fatigue, des maux de tête. Ils proviennent de la sécrétion des prostaglandines, à l’origine des douleurs.

Quelques astuces pour supporter ces douleurs de règles existent. On pense par exemple aux anti-inflammatoires, à la bouillotte chaude posée sur le ventre ou aux bons vieux remèdes naturels de grand-mère, mais les études scientifiques sur le sujet continuent à se faire désirer. Pourtant, les règles douloureuses ont un impact non négligeable sur la vie des personnes menstruées. Il est parfois bien compliqué de devoir « vivre avec ».

Dans les diverses causes de ces douleurs, on retrouve les déséquilibres hormonaux (endométriose, fibromes, maladies inflammatoires pelviennes), une mauvaise hygiène de vie (alcool, tabac durant les règles), le surpoids, le stérilet en cuivre et/ou les règles précoces qui entraînent des douleurs menstruelles. Et.. la pollution.

Douleurs de règles : un risque démultiplié par la pollution

Aucune étude scientifique n’avait été réalisée auparavant sur les liens entre la pollution et la dysménorrhée. Pour cette recherche publiée dans la revue Frontiers in Public Health, des chercheur.euse.s chinois.es ont suivi sur une période de 13 ans, près de 300 000 femmes menstruées, de 16 à 55 ans. À noter qu’aucune de ces femmes n’a souffert de dysménorrhée avant l’année 2000.

En liant les bases de données nationales sur la santé publique et celles de surveillance de la pollution atmosphérique, ces scientifiques ont alors démontré que le risque de développer des douleurs menstruelles était jusqu’à 33 fois plus élevé chez les femmes vivant dans des zones avec les niveaux les plus élevés de polluants atmosphériques.

L’étude détaille que l’exposition sur le long terme aux polluants tels que l’oxyde d’azote, l’oxyde nitrique, le dioxyde d’azote, le monoxyde de carbone et les particules fines seraient partiellement responsables de la dysménorrhée. Celles de moins de 2,5 microns (μm) de diamètre (PM2.5) seraient plus susceptibles d’entraîner les douleurs de règle. Ces divers polluants agissent en effet sur le corps en favorisant la production de prostaglandines, qui impactent le tonus musculaire responsable, entre autres, des contractions de l’utérus.

Jeunesse et précarité = un cycle menstruel altéré

Ces particules sont classées comme cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2013. Plus elles sont fines, plus elles sont capables de pénétrer en profondeur dans l’organisme et de passer par la circulation sanguine vers d’autres organes, explique Santé Magazine.

Problème : dans nos sociétés elles sont de plus en plus fines justement. Les premières impactées ? Les femmes plus jeunes, celles à faible revenu et surtout celles vivant dans des zones plus urbanisées. Au cours de la période d’étude, les chercheur.euse.s ont en effet découvert que le risque de dysménorrhée a été multiplié par 33,1 pour les femmes qui habitaient dans des villes présentant la plus forte exposition annuelle aux polluants, par rapport à celles vivant dans les zones les moins exposées.

En France, la moitié des émissions de particules fines PM2.5 est due au secteur résidentiel (chauffage) et plus d’un quart au transport routier (carburant). En Île-de-France, on observe les concentrations les plus élevées dans le cœur de l’agglomération de Paris, au voisinage des grands axes routiers parisiens et franciliens. Cette recherche met ainsi en lumière l’impact de la crise environnementale qui continue de creuser des inégalités dans nos sociétés. Reste à espérer que les avancées écologiques continues de fleurirent et que les choses évoluent un peu plus vite…

Douleurs de règles, astuces confort et réconforts, on en parle sur notre forum, rubrique Problèmes et Astuces du quotidien.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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