6 idées reçues sur la pratique BDSM à laisser de côté

La trilogie « 50 Nuances de Grey » a largement décloisonné la pratique BDSM. Chambre rouge feutrée, arsenal d’instruments à chaînes ou à plume, punitions sexuelles intempestives, contrat officiel… même si la sulfureuse saga a réussi à sortir le BDSM de l’ombre, elle en donne aussi une vision très grossière. Cette discipline sexuelle qui arrive désormais en tête des fantasmes est encore pieds et poings liés aux clichés. Souvent confondu avec des châtiments douloureux, le BDSM est pourtant loin de se limiter aux coups de cravache et aux menottes. Voici les 6 idées reçues les plus répandues sur le BDSM à museler d’urgence. Prends-en de la graine Christian ! 

1 – Le BDSM fait l’apologie de la douleur

Pinces sur les tétons, strangulation, cire brûlante étalée sur le corps… dans l’imaginaire collectif, le BDSM sonne barbare. La majeure partie du grand public voit les sessions de BDSM comme des épreuves de torture. Un portrait bourru et péjoratif largement encouragé par les films pornos. La plupart des scénarios X estampillés BDSM mettent l’accent sur des actes hors normes.

Ils affichent des femmes suspendues au plafond avec des cordages serrés et des hommes vêtus de cagoule en latex. Ils pointent aussi les projecteurs sur des visages implorants. Même écho dans la saga « 50 Nuances de Grey » et le film « 365 jours », où le BDSM relève du spectaculaire. Il est grand temps de faire tomber les masques. Le BDSM n’a rien d’un bagne « amélioré ». D’ailleurs il peut prendre plusieurs tonalités, allant de la simple fessée aux mots crus. Et en plus la douleur est assez subjective puisqu’elle dépend de la sensibilité de chacun.e.

2 – Le BDSM est une pratique marginale

Les idées reçues prétendent que le BDSM ne concerne qu’une petite frange d’adeptes. Pourtant, les pratiques BDSM sont tout sauf sectaires. Pas besoin d’une carte de membre ou d’un badge VIP pour s’y adonner. Même la personne la plus « sage » en apparence peut cacher toute une artillerie de barre d’esclavage et autres réjouissances cuirées dans sa chambre. Sans aller dans ces extrêmes, le BDSM s’exécute dans de nombreux nids conjugaux sous des degrés différents.

Que ce soit la boulangère du coin, le facteur où même la comptable du boulot, le BDSM n’a pas de modèles « types ». Selon un sondage mené par Démonia, le BDSM est pratiqué dans « six cas sur dix chez les couples » et chez « 61,4 % des Français.es ». Testé par curiosité ou pour pimenter la sexualité, le BDSM de la branche « soft » est largement répandu. Le BDSM ne se traduit pas seulement dans des harnais, des laisses ou des presses-langue, il peut se contenter d’un foulard sur les yeux ou d’un glaçon glissé sur le ventre.

3 – Ça induit forcément accessoires et costumes

Martinet, suspension de tête, gagball, plug façon crin de cheval, bâillon, plumeau érotique… si ce cher Christian Grey possède une belle collection de jouets BDSM prêts à l’emploi, dans les faits, inutile de s’outiller jusqu’aux dents pour une première approche. Le mot BDSM renvoie instinctivement à la combinaison moulante en latex, aux bas résille, aux cuissardes et aux accessoires en ferraille.

Certes l’univers BDSM fait souvent référence à une esthétique de la « désobéissance » mais gadgets et déguisements sont purement optionnels. Ils permettent simplement d’accentuer les jeux de rôle. Il existe des variantes plus délicates aux fourchettes hérétiques et aux barres d’écartement en métal. Des objets du quotidien comme une cravate, une ceinture ou un foulard peuvent largement faire l’affaire. C’est moins bling-bling que le donjon de Christian Grey mais plus sécurisant.

4 – C’est toujours du sexe hard ou extrême

Encore une fois, les films pornos vendent assez mal le BDSM. Ils dévoilent des relations sexuelles bestiales et agressives. Pénétration anale sans prémices, crachat, cheveux tirés jusqu’aux torticolis, morsure des tétons à la limite du sang… les caméras dévoilent des ébats impitoyables aux allures de démonstration de force. Mais le BDSM n’est pas censé laisser des hématomes ou des blessures ouvertes.

Les films X ne font que caricaturer avec médiocrité la facette la plus radicale du BDSM. Cette idée reçue sur le BDSM discrédite totalement les autres versants de la pratique. Elle enferme le BDSM dans une seule norme : la violence. Il est tout à fait possible d’expérimenter le BDSM sans sortir la trousse à pharmacie juste après. Le BDSM va de la levrette claquée « gentillette » à la « lacération » des seins. Mais entre ces deux mondes, il y a mille et une alternatives, tantôt abordables, tantôt excessives.

5 – Les gens qui aiment le BDSM sont détraqués

Dans la saga « 50 Nuances de Grey », le public découvre un Christian possessif marqué par des traumatismes. L’intrigue justifie les préférences sexuelles du protagoniste en dégainant la carte des troubles mentaux et des souffrances de l’enfance. Une idée reçue massivement infusée qui rattache le BDSM à un vulgaire langage de folie. Selon les croyances, le BDSM trahirait une certaine déviance ou un penchant psychopathe.

Pour beaucoup, cette pratique sexuelle serait la marque de fabrique des pervers et autres dérangés du benêt. Les principes du BDSM sont tellement émancipés des schémas sexuels « classiques » qu’ils semblent relever du délire. Pourtant, l’OMS a démenti cette théorie. Eh oui, le fétichisme et le sadomasochisme ont été retirés de la classification internationale des maladies et des troubles. Peu de risques donc de tomber sur un Dexter en botte de cuir et en culotte à clous.

6 – Dans le BDSM, il n y a pas de consentement

Contrairement aux idées reçues, le BDSM s’exécute dans le respect et l’écoute. À l’inverse de Christian Grey qui bafoue clairement le consentement de sa partenaire, le BDSM définit toujours un safeword. Ce nom de code permet de couper net une partie de BDSM et d’imposer une limite. C’est comme un signal d’alarme pour dire « stop ». Qu’ils s’agissent d’une douleur ou d’une contrainte trop dure, le safeword arbitre les excès. En général, c’est un mot peu commun comme « Pikachu » ou « Pantoufle ».

Au-delà de cette tactique rassurante, la parenthèse BDSM se clôture souvent sur un aftercare. C’est le point de chute où chaque partenaire reprend sa place en douceur. Un épisode de tendresse ponctué d’étreinte et de mots suaves qui scelle la complicité. Halte donc aux idées reçues : sous certains angles, le BDSM est même plus prévenant que les relations phallocentrées.

Toutes ces idées reçues qui gravitent autour du BDSM créent une hostilité mal venue. Pourtant, le BDSM est capable d’apporter une impulsion très délectable aux postures coutumières du Kama-sutra. À bon entendeur.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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