6 clichés sur le plaisir féminin véhiculés par le porno à déconstruire

C’est souvent par curiosité que l’on pousse la porte des contenus pornos. Et notre ère du « tout numérique » facilite un peu plus son accès. Loin du sexe burlesque ou bourgeois des années 80 qui soutirait quelques rires, le porno d’aujourd’hui est intimement lié à la brutalité. Selon un nouveau rapport du Sénat, 90 % des scènes comportent de la violence. En France 82 % des adultes de 18-30 ans en consomment pourtant régulièrement sous leur couette.

Véritable machine à clichés, le porno est tout sauf une référence. Avec sa vision très réductrice du plaisir féminin, il tire un sombre portrait des femmes au lit. Ça titille nos nerfs plutôt que nos vulves. Désolée messieurs, la fin du mythe a sonné. 

1 – La pénétration se fait sans préliminaires

Généralement dans le porno, les hommes n’y vont pas par quatre chemins. Pour assouvir leur désir rapidement, sans passer par la case préludes « caliente », ils font fi des caresses excitantes et des baisers langoureux. Le dicton « droit au but » est presque devenu leur marque de fabrique. Cette tendance phallocentrée est particulièrement dégradante pour la femme, alors réduite à un simple trou, pénétrable sur commande. Dans la vraie vie, cette pénétration pressée n’a pas du tout le même rendu.

Le pénis se heurte bien souvent à une entrée bouchée, par manque de lubrification. Le vagin, lui aussi, a besoin de quelques gâteries pour s’ouvrir au plaisir. Si l’on en croit certaines études, les femmes réclament des préliminaires d’une vingtaine de minutes. Alors calm down, le sexe ce n’est pas un marathon.

2 – L’orgasme est facile à atteindre

Dans le porno, la combinaison pénis-vagin, c’est le code phare pour déverrouiller le passage au septième ciel. Que nenni ! Les actrices sont des reines de la simulation. Il ne faut pas oublier qu’elles ont des années d’entraînement derrière elles. Elles domptent l’expression faciale de la jouissance comme personne. On devrait carrément leur attribuer un oscar pour cette performance très trompeuse.

En une poignée de va-et-viens, les voilà sur le nuage de l’extase. Si l’orgasme était aussi simple d’accès, il n’y aurait pas autant de recherches « Comment trouver le point G ? » sur Google. D’ailleurs, selon une étude de l’université d’Indiana, seuls 18,4 % des femmes disaient pouvoir jouir par pénétration. À bon entendeur.

3 – L’absence de consentement est sexy

Une serveuse prise par surprise derrière le comptoir, une femme approchée contre son gré par un plombier trop entreprenant… Ces scénarios où l’homme brandit son sexe comme une arme de soumission sont monnaie courante côté porno. Et ils se soldent toujours par l’acceptation incompréhensible de la femme, prête à s’adonner à tous les caprices de cet homme sans limites. Ce chantage sexuel présenté comme une banalité des plus euphorisantes entretient la culture du viol.

Le porno noue des liaisons dangereuses avec le sujet du consentement. Au total, 25 % des rapports sexuels qui y sont présentés sont dénués de consentement. Forcer pour prendre son pied n’a rien de normal, au contraire. Et les femmes qui se retrouvent soumises à la tâche sexuelle, sur fond de « non » étouffé dans la peur, n’éprouvent aucune satisfaction personnelle.

4 – Les femmes crient toujours pendant l’acte

Si l’on en croit les pornos, l’intensité du plaisir se mesure en décibels. Au gré des ébats, les actrices enchaînent les vocalises allant du petit cri lâché dans un murmure aux hurlements perçants. C’est un concerto permanent étalé sur une trentaine de minutes. Il y a de quoi devenir aphone. À la moindre pénétration, les cordes vocales montent dans les tours, laissant peu de place au silence.

Mais à trop en abuser, cette démonstration finit par sonner faux. En pratique, chacun.e manifeste son exultation corporelle différemment. Certaines laissent échapper des bruits tandis que d’autres savourent discrètement. Nul besoin de jouer les divas d’opéra pour prendre son pied.

5 – Les claques sur la vulve sont une belle entrée en matière

Dans le porno, la vulve essuie le sale rôle de souffre-douleur. Les acteurs du X auraient bien besoin d’un mode d’emploi avant de jeter leur dévolu sur cet organe si fragile. Malmenée par un phallus déchaîné ou des claques qui portent l’insigne de la domination, la vulve est en proie aux pires horreurs. Cette technique bestiale et dévalorisante doit rapidement quitter le banc des fantasmes.

À part irriter ou installer des rougeurs, les claques sur la vulve n’ont rien de plaisant. Si vous voulez vraiment faire grimper votre copine aux rideaux, mieux vaut miser sur Sa Majesté le clito. Le chemin pour y arriver est parfois laborieux, mais il mérite le détour. Les sextoys peuvent devenir des GPS de choix. Sensations garanties !

6 – Un crachat est un lubrifiant comme un autre

Pour entretenir les croyances de la virilité (maladive), les films pornos délaissent le précieux tube de lubrifiant au profit de leur… bave. On vous l’accorde, sur le papier, ça n’a rien de sexy. Mais dans les scénarios, le crachat dans l’entrejambe est associé à une véritable tirade sensuelle. C’est surtout une démonstration de force, recouverte de misogynie. Les hommes peuvent ravaler leur salive.

Cette méthode scandaleuse est complètement inutile. Elle assèche au lieu de mouiller. D’ordinaire employé pour insulter ou mépriser, le crachat n’a clairement rien à faire dans les rapports. Les lubrifiants intimes bios, eux, donnent un coup de pouce de la manière la plus propre qu’il soit. À vos tubes !

À 12 ans, près d’un.e enfant sur trois a déjà été exposé.e à la pornographie. Avec un modèle aussi éloigné de la réalité, les dérives sont quasiment inévitables. Heureusement, les jeunes (ou pas) peuvent compter sur des plateformes bienveillantes pour trouver des réponses sur leur sexualité bouillonnante. Et les adultes peuvent se retourner sur le porno éthique, beaucoup plus sain.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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