Asexualité : 6 idées reçues à briser de toute urgence

Homosexualité, pansexualité, bisexualité, demi-sexualité… au sein de ce florilège d’orientations sexuelles, l’asexualité reste entourée d’un grand tabou et peine à trouver sa juste place dans la société. Invisible au cœur de la sphère publique, l’asexualité est enfermée dans une bulle d’idées faussées. Ce terme, encore flou pour le commun des mortels, engloberait 1 % de la population mondiale.

Considérée, à tort, comme une répulsion envers le sexe, l’asexualité ne jouit pas d’une posture glorieuse. Alors, pour gommer ces clichés caricaturaux qui dominent, en cette Journée internationale de l’Asexualité on active le mode « ouverture d’esprit » et on s’imprègne de cet éclairage. 

L’absence de désir sexuel

Dans les méandres du monde sexuel, il existe un large panel de profils. Par choix ou par conviction, certaines personnes mettent un frein à toutes relations charnelles. C’est le cas des prêtres, qui poussent les portes de l’abstinence volontaire pour ne pas faillir à leur vœu de chasteté.

À l’inverse, pour d’autres, la tentation sexuelle est naturellement absente. Ces personnes dépourvues ou avec peu de désir sont souvent perçues comme des êtres curieux. Devant la masturbation, les rapports sexuels ou les films pornographiques ils restent parfois de marbre.

Asexualité : une lente reconnaissance

Jusqu’aux années 2000, les personnes asexuelles étaient sous-représentées. Mais en 2001, le premier réseau « Asexual Visibility and Education Network » (Aven) dédié à cette communauté minoritaire voit le jour. Cette initiative marque le début d’un long travail de reconnaissance.

Il faut attendre 2013 pour que l’asexualité soit enfin considérée à sa juste valeur. Une nouvelle pièce optimiste vient s’ajouter au puzzle, puisqu’en 2017, la série Netflix BoJack Horseman met l’asexualité à l’honneur. Todd Chavez, le meilleur ami du cheval aigri et cynique, y brandit fièrement son identité sexuelle. Devenu un véritable emblème, ce personnage de fiction a permis de délier davantage les paroles.

Désormais, sur la toile ou à la Marche des Fiertés, les personnes asexuelles donnent de la résonance à leur orientation sexuelle. Pourtant, malgré ses avancées majeures, des idées reçues persistent. Pour les balayer, on vous a concocté un petit pêle-mêle de phrases stéréotypées à déconstruire de toute urgence.

1 – L’asexualité est une maladie

L’asexualité ne figure dans aucun classement des maladies psychiatriques. Certaines études mettent l’accent sur un possible dérèglement hormonal lié à la naissance ou aux premières années de vie. Mais l’asexualité ne rentre pas dans la catégorie des pathologies.

Il s’agit simplement d’une grande indifférence envers l’acte sexuel. Comme il existe des personnes qui détestent les câlins, il en existe aussi qui se reconnaissent dans une vie sans sexe. Au même rang que l’homosexualité, l’hétérosexualité ou la bisexualité, l’asexualité s’inscrit dans la liste des orientations sexuelles.

2 – L’asexualité c’est comme la frigidité

Cette confusion récurrente sème le doute. Le terme frigidité fait référence à une absence ou une diminution de plaisir pendant les rapports sexuels ou parfois à une insatisfaction sexuelle. Cela signifie que les orgasmes sont absents, que la libido est en berne et que le désir sexuel est totalement effacé. Il s’agit d’un dysfonctionnement physique ou psychologique très handicapant.

À l’inverse, sur le plan biologique, les personnes asexuelles peuvent faire valser leurs corps au 7e ciel. Dans de nombreux cas, elles entretiennent simplement une relation platonique avec leur conjoint.e, mais elles peuvent aussi être traversées par le grand frisson de l’orgasme.

3 – C’est un effet de mode

En France, la dernière étude sur l’asexualité remonte à 1992. Cette enquête menée par l’ACSF (Analyse des comportements sexuels en France) révélait que 6,2 % des hommes et 12,4 % des femmes ne faisaient jamais l’amour. Mais aucune donnée récente ne prouve que ce chiffre a augmenté. Simplement, avec l’arrivée des réseaux sociaux et l’émergence des luttes pour la diversité, le débat s’est ouvert.

Les personnes asexuelles brisent les chaînes du silence pour s’affirmer et c’est plutôt encourageant. Évidemment, les plus étroit.e.s d’esprit rangent ce nouveau terme dans le tiroir des tendances. La libération de la parole est une réalité et elle s’avère salutaire.

4 – Les asexuel.le.s ne font jamais l’amour

Il faut savoir que l’asexualité regroupe un bon nombre de spectres sous-jacents. Un large éventail d’orientations sexuelles découle de l’asexualité. Tous les asexuel.le.s sont différent.e.s.

Les « demi-sexuel.le.s » par exemple peuvent ressentir de l’attirance sexuelle dans des cas très précis, lorsqu’iels ont tissé un lien très fort avec quelqu’un. Les « gray-sexuel.le.s » ressentent très rarement de l’attirance sexuelle. Les « akoisexuel.le.s » peuvent ressentir une attirance qui s’estompe quand celle-ci devient réciproque. Un.e « aceflux » peut avoir une sexualité qui varie avec le temps, par phases.

Aussi, certain.e.s asexuel.le.s peuvent exprimer un certain dégoût envers le corps de l’autre. Dans certains autres cas, les personnes asexuelles peuvent entretenir une relation sexuelle avec leur partenaire.

5 – Les asexuel.le.s ne tombent pas amoureux.ses

Si, pour beaucoup, le sexe s’apparente au ciment du couple, pour d’autres ce n’est que secondaire. Et comme tout être humain normalement constitué, iels ont besoin de tendresse et d’affection. « Être attiré sexuellement et tomber amoureux.se d’une personne sont deux choses bien différentes (même si chez la majorité des gens, elles sont souvent simultanées). Un.e asexuel.le peut tout à fait éprouver des sentiments amoureux sans ressentir l’envie de relations sexuelles avec la personne aimée », précise le site dédié Asexuality.org.

Au premier abord, on peut trouver cette affirmation paradoxale, mais amour ne rime pas toujours avec activités charnelles. Il s’agit surtout d’une forme de tendresse, de passion presque philosophique avec l’autre.

6 – L’asexualité n’est pas compatible avec la parentalité

Ce rapport plutôt neutre à la sexualité n’empêche pas certain.e.s asexuel.le.s de construire une vie de famille épanouie. Il leur est possible de ressentir des émotions et même d’avoir une vie de couple.

Certain.e.s ont recours à l’acte sexuel ou à d’autres moyens (insémination artificielle, PMA…) pour avoir des enfants, mais ne ressentent aucune envie ni aucun plaisir. Les personnes asexuelles peuvent tout à fait donner la vie.

Freud, le père de la psychanalyse, Isaac Newton le génie, Tesla l’inventeur acharné… ces grandes figures historiques qui ont façonné des fragments de notre quotidien étaient aussi asexuelles. Des parcours de vie qui dénotent et qui prouvent que l’acceptation de soi est la clef pour avancer. Et grâce aux labeurs des associations, l’asexualité est mise sous le feu des projecteurs ce 6 avril 2023 lors de la Journée internationale de l’Asexualité (JiA).

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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