Polyamour : 8 idées reçues à briser sur cette orientation relationnelle

Confondu, à tort, avec la polygamie, le polyamour est encore mal compris. Ce type de relations, ouvert sur plusieurs cœurs, transcende les frontières traditionnelles et inclut plus de deux êtres. Ce nouveau schéma amoureux, qui bouscule les conventions, commence doucement à se « normaliser ». Mais les malentendus persistent et travestissent toute la nature de cette orientation sentimentale. Pourtant, le polyamour repose sur des bases saines et prône simplement la liberté d’aimer. Il s’émancipe de la monogamie pour proposer un amour aux multiples dimensions. Voici donc les 8 idées reçues sur le polyamour à balayer du paysage pour s’en faire une définition plus juste.

« Le polyamour est un prétexte pour l’infidélité »

Beaucoup pensent que le polyamour est une sorte d’excuse déguisée pour aller voir ailleurs. C’est l’une des plus grandes idées reçues sur le polyamour. Certes, les personnes engagées dans le polyamour ont des sentiments divisés en trois, en quatre, en cinq (etc.) et fréquentent plusieurs partenaires en même temps. Mais ces relations plurielles sont consenties et approuvées par tou.te.s les membres du triangle ou du quatuor amoureux. Il ne s’agit pas de flirter dans le dos de l’autre ou de cacher ses idylles parallèles, mais de faire preuve de transparence.

Dans une relation polyamoureuse, les accords sont explicitement définis et discutés ouvertement. Les partenaires établissent des règles claires pour définir les limites de leurs relations et s’engagent à respecter ces paramètres. Le polyamour est trop souvent considéré comme un loisir. D’ailleurs, dans l’imaginaire collectif, ces relations multiples semblent dénuées de sérieux. Pourtant, le polyamour est tout sauf du batifolage ou du papillonnage sexuel. Contrairement à l’infidélité, qui se traduit par le mensonge et la dissimulation, le polyamour implique une communication honnête et un échange de consentement.

« C’est juste une phase passagère »

Parmi les idées reçues criantes sur le polyamour, il y a également le fait de le réduire à un « effet de mode ». La plupart des gens estiment que le polyamour n’est pas fait pour durer, que c’est une sorte d’expérience de « jeunesse ». Pourtant, le polyamour est loin d’être une « lubie » sentimentale sans fond. D’ailleurs, cette orientation sentimentale n’est pas un concept sorti de nulle part.

Elle a toujours existé, sous d’autres appellations. En 1929, Jean-Paul Sartre a ainsi proposé à Simone de Beauvoir un pacte de « poly-fidélité » au bout d’un an de relation. Charles Fourier, lui, prônait déjà en 1800, l’amour libre et la liberté des formes de couple. Les adeptes du polyamour ne comptent donc « pas passer à autre chose ». Iels voient l’amour sous ce seul filtre.

« Le polyamour c’est comme la polygamie »

Le polyamour est régulièrement associé à la polygamie. C’est un amalgame fréquent qui peut heurter les principaux.ales concerné.e.s. Même si ces deux notions induisent une structure relationnelle non monogame, elles ont d’énormes points de différenciation. Selon la définition, la polygamie désigne un régime matrimonial où un.e individu.e est lié.e, au même moment, à plusieurs personnes.

Dans de nombreuses cultures, elle est à sens unique et s’applique seulement à l’homme. Il peut alors se permettre d’avoir plusieurs femmes simultanément. À l’inverse, le polyamour met l’accent sur la multiplicité des liens affectifs, émotionnels et parfois sexuels. Une personne polyamoureuse n’a donc pas le monopole sur ses conquêtes.

« Les polyamoureux.ses ne peuvent pas être jaloux.ses »

Parmi les idées reçues qui entourent le polyamour, il y a également la question de la jalousie qui serait « inexistante » dans ce type de relation. Les personnes polyamoureuses ne sont pourtant pas immunisées contre ce sentiment, inscrit dans la nature humaine. Cependant, elles gèrent cette émotion avec plus de tact et de discernement que les couples monogames. L’un des fondements du polyamour est la compersion.

Au lieu d’avoir du ressentiment en voyant un.e partenaire heureux.se avec un.e autre, les personnes polyamoureuses partagent cette joie. Leur grande ouverture d’esprit leur donne un avantage considérable sur le reste du monde. Dans ce cadre, la jalousie se transforme en émotion positive ou en douce empathie.

« Les polyamoureux.ses ne croient pas en l’engagement »

Selon les idées reçues, le polyamour serait incompatible avec l’engagement. D’après cette croyance, il se vivrait de manière totalement désintéressée. Mais les polyamoureux.ses sont loin d’être des fugitif.ve.s du cœur ou des lâches. Iels ont simplement une approche plus flexible de l’engagement. Le polyamour permet à chaque individu.e d’exprimer son engagement de façon personnalisée.

Dans cette mosaïque sentimentale, il est tout à fait possible de s’engager profondément avec plusieurs partenaires. Contrairement aux couples monogames, qui se disent « oui » devant le.a maire, dans le polyamour l’engagement est protéiforme. Il peut se traduire par une cohabitation partagée ou une planification sur le long terme.

« Impossible d’avoir des enfants quand on est polyamoureux.se »

Parmi les idées reçues courantes sur le polyamour, il y a également le fait que ce choix amoureux ne puisse pas rimer avec parentalité. Pourtant, même si certain.e.s en doutent, le polyamour peut aisément répondre à ce désir d’enfant. De nombreuses personnes voient un côté immature dans le polyamour. D’ailleurs il n’est pas rare d’entendre « tu verras, ça te passera quand tu voudras fonder une famille« .

Mais le polyamour n’a rien d’une aventure superficielle et se conjugue très bien avec des projets d’une telle envergure. Si beaucoup estiment que ce modèle parental anticonformiste est néfaste pour les enfants, il semblerait qu’il fasse moins de dégâts que les divorces. À bon entendeur.

« La vie de couple des polyamoureux.ses est plus facile »

La vie sentimentale des polyamoureux.ses est peut-être un peu moins tortueuse que celle des couples monogames, mais elle n’est pas à l’abri des turbulences. Les polyamoureux.ses ne changent pas de partenaire comme de chemise et ne raccrochent pas une idylle sans vague à l’âme. Iels font aussi face à la déception, aux « au revoir » douloureux et aux chagrins d’amour.

En réalité, le polyamour présente ses propres défis et exigences. Il n’est donc pas forcément plus « lisse » et limpide que les autres relations. Dire que ce schéma amoureux est « facile » revient à sous-estimer toute l’épaisseur du polyamour. Malheureusement, c’est une des idées reçues les plus courantes sur le polyamour.

« Les polyamoureux sont des obsédés du sexe »

Rappelons que dans « polyamour » il y a le mot « amour ». Les sentiments bâtissent donc ces relations polyamoureuses. Oui, elles peuvent ouvrir à des relations sexuelles, mais pas forcément. Parfois, il s’agit juste de flirter un peu pour assouvir ses envies de renouveau.

Les personnes qui « trichent » et entachent la réputation des polyamoureux sont des « polyfake ». Elles prétendent être polyamoureuses pour finalement profiter des autres de manière sexuelle. La vigilance est de mise.

Ces idées reçues qui gravitent autour du polyamour et qui polluent son image prouvent que la société peine encore à accepter les relations non-monogames. Pourtant, il n’existe pas de « format type » en amour. La preuve avec ces orientations amoureuses plus fluides qui donnent de nouveaux horizons aux sentiments.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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