Micro-infidélités : qu’est-ce que c’est et comment les identifier ?

Si l’infidélité prend souvent la forme d’un acte sexuel ou d’un baiser, elle peut également être plus vicieuse. Du moins, c’est ce que suggèrent les micro-infidélités, plus communément appelées « micro-cheating » dans le dico du cœur. Ces tromperies « feutrées » sont moins explicites que l’adultère. Elles prennent l’allure de messages torrides sur les réseaux, de gestes tactiles ou de simples regards échangés. Ces micro-infidélités qui brouillent la frontière du raisonnable sont discrètes mais elles peuvent résonner très fort sur la stabilité du couple. Mais comment savoir si votre partenaire trahit votre amour sournoisement ou si vous êtes dans un excès de jalousie ? 

Micro-infidélités : de quoi parle-t-on ?

À mesure des années, le jargon amoureux s’étoffe un peu plus, avec des termes qui poussent à l’introspection du couple. Après le pocketting qui consiste à cacher sa relation auprès de ses proches et le prowling, une pratique qui résume le jeu insidieux du « fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis », c’est au tour du micro-cheating de se faire une place dans les comportements à problèmes. Ce mot-valise anglais signifie littéralement « micro-triche ». Une pratique qui revient à faire un coup dans le dos de l’être aimé.

Contrairement à l’infidélité « pure et dure » qui se concrétise à travers la chair, les micro-infidélités n’émettent pas l’ombre d’un doute. Avec elles, pas question de retrouver un cheveu suspect sur la chemise de l’autre ou une odeur inhabituelle dans son courant d’air. Comme l’évoque leur nom, les micro-infidélités se dissolvent de façon subtile dans la relation. L’être aimé va alors cultiver un flirt indirect en marge de sa romance.

À l’abri de sa moitié, iel fera naître une flamme parallèle, d’ailleurs pas toujours vouée à s’embraser. Qu’il s’agisse d’aller prendre un verre avec un.e autre, d’échanger des messages suggestifs ou de faire une battle de regards électriques… les micro-infidélités prennent souvent l’étoffe d’une proximité « gentillette ». Mais cette divagation n’est pas si inoffensive qu’elle en a l’air. En général, elle signe les prémices d’une trahison plus radicale.

« C’est une série de petites actions qui indiquent qu’une personne est émotionnellement ou physiquement concentrée sur quelqu’un en dehors de sa relation », explique plus précisément Mélanie Schilling, experte en rencontres amoureuses au Huffpost

Comment se traduisent les micro-infidélités ?

Les micro-infidélités prennent racine dans le mensonge et le secret. Même si elles ne sont pas aussi évidentes qu’un soutien-gorge ou un caleçon oublié, elles s’échappent à petite dose, dans une action ou une excuse en toc. Pour maintenir son lien caché sans éveiller les soupçons, l’être aimé devient une réplique de Pinocchio, sans le nez qui s’allonge. Il n’impose pas de distances mais se révèle plus évasif.

Il détourne son téléphone dès que vous approchez, se calfeutre longuement sans jamais donner de véritables explications et dégaine le prétexte de la paranoïa pour éviter de se justifier. Mais comme le souligne Mélanie Shilling, les micro-infidélités sont particulièrement faciles à « maquiller ». Le.a partenaire peut enregistrer le numéro de la personne sous un faux nom, supprimer les messages au fil des conversations ou même posséder un compte « couverture ».

À l’ère du numérique, les réseaux sociaux font le combustible de ces relations ambiguës. D’ailleurs, il n’est pas rare que le.a partenaire dénigre son couple ou s’accorde l’étiquette du célibat. Cependant, même si la pratique est perverse, elle n’est pas forcément calculée d’avance ou préméditée. Les micro-infidélités démarrent bien souvent avec un échange « cordial », sans mauvaises intentions. Mais peu à peu ce lien, en retenu, se raffermit et empiète sur le terrain du cœur. Inconsciemment, le.a partenaire va même l’entretenir et le nourrir tout en sachant les risques encourus.

Que ce soit pour challenger la solidité de son couple, flatter son égo ou s’amuser, les micro-infidélités sont surtout perçues comme une sorte de compensation. Mais sur le fond ou sur la forme, elles poussent à croire que le couple vit ses dernières heures. Si certain.e.s estiment que ce moment d’égarement est moins dramatique qu’une tromperie physique, pour d’autres c’est encore plus fatal.

Est-ce forcément une fatalité ou un motif de rupture ?

L’infidélité s’impose généralement en point final d’une relation. C’est d’ailleurs l’un des motifs de rupture les plus souvent avancés sur la table. Pourtant, les micro-infidélités sont « hors catégories ». Même si elles peuvent dévier sur des rencontres plus intimes, elles ne sont pas nécessairement vouées à se conclure sous la couette. C’est là toute la nuance. L’autre se sert souvent de ce lien comme d’une relation d’appoint, pour combler un besoin inassouvi. Ça n’en fait pas des circonstances atténuantes pour autant.

Les micro-infidélités s’épanouissent dans la dissimulation, ce qui déduit que l’autre pourrait franchir le cap supérieur sans trop de difficultés. Elles suggèrent également que sa porte reste entrouverte. Mais les micro-infidélités sont traitées différemment d’un couple à l’autre. Certain.e.s vont les accueillir dans le calme tandis que d’autres les prendront comme une flânerie sentimentale irréversible. Finalement tout dépend des limites personnelles de chacun.e et de la liberté accordée aux deux protagonistes du couple.

Cependant, les micro-infidélités deviennent une menace à partir du moment où elles se ritualisent et répondent à une certaine temporalité. Si l’être aimé papillonne trop souvent sur les réseaux ou qu’iel tire ses flèches à chaque coin de rue, c’est qu’iel a un sérieux problème d’engagement. Selon leur teneur, leur régularité et leurs intentions, les micro-infidélités feront plus ou moins de dégâts. Ce qui compte, c’est qu’elles ne se transforment pas en un genre de double vie inavouable.

Les micro-infidélités sont assez subjectives. Là où beaucoup voient le mal absolu, d’autres perçoivent une proximité sans danger. Le filtre change en fonction du vécu et de l’indépendance du couple. C’est le même constat pour les vacances séparées. La plupart y présagent toutes les tentations alors que d’autres prennent ce choix à la légère. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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