L’âgisme : une nouvelle forme de discrimination ?

À chaque tranche d’âge les clichés qui l’accompagnent… Selon l’OMS, l’âgisme est le fait d’avoir des préjugés ou un comportement discriminatoire envers des personnes ou des groupes en raison de leur âge. C’est ce comportement qui fabrique des préjugés et en amènent certain·e·s à penser que tous les membres d’un groupe sont identiques. À l’image du racisme ou du sexisme, l’âgisme a des conséquences sociales, économiques et crée des inégalités. On vous en parle aujourd’hui.

« Parce que j’en ai marre des vieux cons qui nous disent que c’était mieux avant »

C’est en effectuant quelques recherches sur ce phénomène de société que nous sommes tombés sur « La voyageuse de nuit« . Un excellent livre écrit par Laure Adler, historienne et écrivaine âgée de 70 ans. Selon l’autrice, il y aurait aujourd’hui une sorte de racisme des âges contre lequel il faut absolument s’élever. C’est ce qu’elle tente de démontrer dans son oeuvre dont la couverture nous plonge dans le contexte :

Comme beaucoup de personnes âgées de 70 ans et plus, Laure Adler explique qu’elle ne veut pas retrouver sa jeunesse, qu’elle n’est pas dans la nostalgie du passé. Et lorsqu’on lui demande pourquoi, elle répond du tac au tac :

« Parce que j’en ai marre des vieux cons qui nous disent que c’était mieux avant. D’abord, ce n’est pas vrai ! Ça n’a jamais été mieux avant, c’était bien pire avant. Je déteste tous ces gens qui, en vieillissant, deviennent des caricatures d’eux-mêmes et passent leur temps à regarder en arrière en imaginant benoîtement et bêtement qu’ils ont vécu des aventures extraordinaires et qu’ils ont traversé le temps magnifiquement. Ils feraient mieux d’habiter leur présent et de saisir l’intensité de leur présent. »

Mais ce livre n’est pas qu’un coup de gueule contre l’âgisme (qui peut toucher toutes les tranches d’âge, rappelons-le). Il est surtout une ode à la vie et un appel à l’éveil des consciences.

« Notre capacité d’amour, de douceur, de dialogue »

Ainsi donc, Laure Adler a décidé de faire de la lutte contre les stéréotypes, les discriminations et les préjugés à l’égard des personnes âgées, son cheval de bataille. Car au final, ce sont bien eux qui sont le plus touchés par l’âgisme :

« Nous sommes dans une société qui ignore un peu trop la bienveillance et le soin envers les plus vulnérables et les plus fragiles (…) Les personnes plus âgées, nous sommes majoritairement les celles qui entretiennent l’ensemble de notre société vers un éloge de l’Autre, quel que soit l’Autre, qu’il soit fragile, handicapé, vulnérable, âgé, etc. Nous, qui sommes à une jointure du cycle de notre existence, nous pouvons donner du temps, puisque nous ne sommes plus dévorés par le travail comme nous l’étions auparavant. »

Elle justifie le rôle « sage » des aînés :

« Nous nous sommes engagés à donner nos temps libres (qui ne sont pas si libres que ça). Parce que ça nous fait plaisir d’essayer de colmater des moments et des endroits où la société à besoin de nous. Pour notre capacité à la fois d’expérience, de sédimentation de l’expérience. Mais aussi tout simplement notre capacité d’amour, de douceur, de dialogue. Ça, c’est la première raison pour laquelle je pense que nous les vieux, nous devons être réhabilités à notre fonction sociale essentielle qui est beaucoup invisibilisée. Qui est beaucoup cachée et qui même tue, aujourd’hui. »

Lutter contre l’âgisme dès l’enfance

Très justement, Laure Adler rappelle ainsi que nous semblons avoir oublié que la vieillesse est également synonyme de partage d’expérience et de richesse. Que la transmission entre les générations est un rouage essentiel du vivre ensemble :

« Je ne vois que des signes s’avancer dans notre société occidentale qui concourent tous à me faire penser que l’idéal de la société, c’est le jeunisme (…) C’est une atteinte aux droits de l’Homme et une atteinte à l’universalité de l’humanité que nous représentons. Nous n’avons pas à être distingués, ni selon notre race, ni selon notre sexe, ni selon notre âge. »

Et justement en parlant de jeunesse, l’âgisme se combat dès l’enfance. Car selon une étude belge relayée par Scienceshumaines.com, l’âgisme représente la troisième forme de stigmatisation la plus courante. Juste après les discriminations religieuses ou celles en raison d’un handicap et le sexisme.

Via cette même étude, on apprend que les enfants utilisent des adjectifs plutôt positifs pour décrire les séniors. En y regardant de plus près, on observe tout de même des différences en fonction de l’âge et du sexe. Les garçons expriment davantage de préjugés que les filles par exemple.

En questionnant les enfants sur leurs relations avec leurs grands-parents, les chercheurs se sont également aperçus que celles·eux qui ont des mamies/papis en bonne santé, qui les voient fréquemment et avec plaisir, ont globalement une meilleure opinion sur le vieillissement. De fait, favoriser les échanges intergénérationnels dès le plus jeune âge pourrait jouer en faveur d’une meilleure considération entre jeunes et vieux. Ce qui paraît normal dans une société ou l’espérance de vie ne cesse de s’accroître.

Une société où le racisme, le sexisme et l’homophobie font d’ailleurs l’objet de débats constants, mais où il existe un préjudice dont on parle beaucoup moins : l’âgisme. Discrimination insidieuse qui mine nos sociétés, cette exclusion de la plus grande part des adultes âgés de la vie active de la société représente un drame inacceptable que chacun·e de nous doit combattre ! 

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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